mardi 1 août 2017

Lueur de l'indécence privée

Charles Desains - Femme asphyxiée, 1822



Lueur de l'indécence privée

Réglé comme du papier à coucher (faire de l'écriture l'étreinte du papier), les neurones, sur l'illusion d'optique ce sacré rituel du déhanchement particulier, leur danse, azurée sur le temps d'un amalgame et osmose de ces morts entassés oubliés, tout cela tombant du ciel ; cette danse donc est encore trop lourde pour passer par le stade paradis. Illégale opération de la censure, trop à l'ouest pour faire taire les langues, les langues qui se délient à cause de la chaleur qui vous tombe dessus, voilà la ritournelle qui embrasse le feu, du tonnerre de dieu, de ces bouches béates depuis l'amour qui montre deux êtres pris pour cible et sans lois pour les invectiver. Le temps s'efface sur les paroles acides qui provoquent l'excitation jusqu'à leur nudité certaine. Lentement, se referment les regards depuis l'aléatoire orchestration du jeu amoureux. Les bras ballants, les deux orthodoxes s'envolent vers d'intenses béatitudes, comme si rien, autour d'eux, et du monde n'avait plus d'importance. Par quelle insouciance leur indécence allait-elle se déformer jusqu'au martyre ? Une lueur venait gonfler l'étrangeté de leur regard suspendu au tremblement inféodé de la mémoire. Ils n'avaient que faire de cette espèce d'excitation qui épuise les gens, comme pour les avertir qu'une fin proche allait les assaillir ; la fin d'une incommensurable tolérance qui les pousserait à la fantasmagorie. Le temps est cornélien, contaminé par la terrible barbarie des mots, et leur violence immaculée, le vague à l'âme ahuri qui rit depuis l'orbite vicieuse de l’œil trop organique qui se pose encore une question, celle du dernier degré de la jouissance ; le degré zéro de l'écriture, le degré qui fait froid dans le dos, celui de la baise sans cœur de l'opprimé du temps obsédant. Encore faudrait-il sucer les plaies du monde pour faire un peu vibrer les âmes, tant l'insolence du corps soulève des montagnes, et plus encore aujourd'hui puisque ce corps est partout devenu le nu commun de l’œil habitué (est-il alors encore habité?). Alors peut-être une petite lueur s'allume, comme pour rencontrer cette jubilation du privé. Comme pour user la marche des organes qui indiffèrent le commun, sauf peut-être cette improvisation qui dépasse le sexe exorbité.

Thierry Texedre, le 1er août 2017.