L'insoutenable extension du laid
Trempée dans l'indécence, la peinture
semble s'étendre, telle une peau qui vient à vieillir. Voilà
l'extension et l'attention flottante qui incombe à la peinture de
Marcos Carrasquer dont l'incidence vient saisir l’œil pour le
confondre avec la beauté cachée, l'entrée dans une
dilatation/dilapidation du beau. Le beau serait ici ce qui n'a pas
encore étendu son signe, sa condition d'être du beau en paroles
virtuellement insignifiantes devant l'intime. La misère du laid n'a
pas encore polémiqué que la beauté s'insinue déjà pour montrer
du regard ce qu'un peintre peu de démonter le laid. Le déferlement
de sites ici, qui oublient la laideur, tellement celle-ci s'étale,
s'installe, s'étend pour qu'on entende ce qui n'a pas lieu mais qui
sourdement se donne à entendre ; l'invisibilité du lieu de la
laideur à trop montrer sa force, sa représentation. Le peintre
montre pour dépeindre cette société qui consomme la beauté à
tant la décrier et l'extérioriser comme quelque chose d'irréel et
pourtant réel ; ce qui est vrai pour un lien social n'a
pourtant pas de prise sur le réel. Le peint est montré comme le mimétisme
d'une exposition d'un monde qui serait inhumain ; ce qui saute
aux yeux quand l'excès est peint, parcourant l'intimité des
individus qui sont mis en interaction avec leur propre
consommation/consomption. Le peintre crie devant cette consomption,
donnant à voir la consumation sociale, quantifiant jusqu'à la
nausée une peinture consommée par le nombre. Où en sont les
couleurs quand les formes dominent ? Sinon, dans une extrême
prohibition du noir au gris. Là, toutes les couleurs éclatent pour
éclairer l'intolérable érotique qui navigue entre les corps sous
tension, entre nudité et habits convulsés ; le nu prédomine
pour feindre le lien social de l'altérité du jeu civilisationnel.
En tout cas la beauté se cache partout où s'invite le laid. Belles
peintures.
Thierry Texedre, le 16 mars 2020.