lundi 16 mars 2020

L'insoutenable extension du laid





















L'insoutenable extension du laid

Trempée dans l'indécence, la peinture semble s'étendre, telle une peau qui vient à vieillir. Voilà l'extension et l'attention flottante qui incombe à la peinture de Marcos Carrasquer dont l'incidence vient saisir l’œil pour le confondre avec la beauté cachée, l'entrée dans une dilatation/dilapidation du beau. Le beau serait ici ce qui n'a pas encore étendu son signe, sa condition d'être du beau en paroles virtuellement insignifiantes devant l'intime. La misère du laid n'a pas encore polémiqué que la beauté s'insinue déjà pour montrer du regard ce qu'un peintre peu de démonter le laid. Le déferlement de sites ici, qui oublient la laideur, tellement celle-ci s'étale, s'installe, s'étend pour qu'on entende ce qui n'a pas lieu mais qui sourdement se donne à entendre ; l'invisibilité du lieu de la laideur à trop montrer sa force, sa représentation. Le peintre montre pour dépeindre cette société qui consomme la beauté à tant la décrier et l'extérioriser comme quelque chose d'irréel et pourtant réel ; ce qui est vrai pour un lien social n'a pourtant pas de prise sur le réel. Le peint est montré comme le mimétisme d'une exposition d'un monde qui serait inhumain ; ce qui saute aux yeux quand l'excès est peint, parcourant l'intimité des individus qui sont mis en interaction avec leur propre consommation/consomption. Le peintre crie devant cette consomption, donnant à voir la consumation sociale, quantifiant jusqu'à la nausée une peinture consommée par le nombre. Où en sont les couleurs quand les formes dominent ? Sinon, dans une extrême prohibition du noir au gris. Là, toutes les couleurs éclatent pour éclairer l'intolérable érotique qui navigue entre les corps sous tension, entre nudité et habits convulsés ; le nu prédomine pour feindre le lien social de l'altérité du jeu civilisationnel. En tout cas la beauté se cache partout où s'invite le laid. Belles peintures.


Thierry Texedre, le 16 mars 2020.