vendredi 20 mars 2015

Trauma







. Faut-il que le temps diffuse sa torpeur, sa hardiesse, sa concomitance avec le corps secoué de la puanteur que ce délire d'existence va tarauder ; mémoire inhumaine de l'extraction de la vie. Folle exactitude de la durée qui manque sa mémoire, pour permettre à ce grand délire du vrai d'en finir avec l'exactitude de l'esprit spécieux. Risque de voir son sujet prendre part à cette folie qui semble ne plus tenir le haut indistinct des corps. Vicissitude du pouvoir d'exterminer la distinction des corps, drame de l’œil qui frôle l'outrance et l'aveuglement devant sa peur d'inonder la mémoire d'un ersatz de chair, morceau de dire qui rencontre la chair, chair du pouvoir qu'exerce le délicieux désir qui monte dans ces sens occultés par la mémoire. Vocifération de la voix qui s'ouvre au cri, pour marteler ce que la foi n'a pas encore emmené au Paradis. Rencontre avec l'aléatoire, pour plier ce ciel, ce Paradis, et l'emporter dans les enfers de l'Imminence. Tout corps qui se délite n'a pas encore étreint le risque d'éternité, seul celui qui rend à sa chair la parole, et qu'il lui a alors été donné de rencontrer le désir, peut craindre d'en passer par la jouissance, comme si « l'immaculé » de l'apparition de la peinture risquait sa disparition dans la voix, et ce, en amont de la parole. La lutte serait celle du souffle qui sempiternellement ronge les pores de la peau, pour la déliter, l'infirmité aidant, parole qui suffoque, et manque sa tellurique densité dans l'assourdissante phrase inassouvie de la chair meurtrie. Compte à rebours du temps désaxé par l'appel au risque d'emmener la mémoire loin du présent, trop près du cloaque vertigineux de la dérive des corps. Inondation de l'instinct mouvant qui traverse ce dedans du corps, jusqu'à chier ce gramme qui pète aux yeux du corps malotru. Foutaise que ce vidage incessant du registre musical, vers une grande désertification. La grande peinture doit prendre le large pour ne pas entendre les pleurs qui frôlent l'expiration. La peinture inspire, voilà le nœud de la musique qui nous emporte vers ce Paradis de l'au-delà de la mémoire. Hantise d'exister par l'impressionnante exactitude du corps mis en extase pour avoir manqué de souffle au moment où la vie et la mort semblaient se lier pour créer la naissance. Finitude de l'expiration du corps pensant son souffle incessamment ôté du lieu d'où la peinture serait née. Au commencement était ce risque d'une collision entre la mort pas née et la vie trop pensée pour être. État du corps dansé par l'astre incarné, pour se risquer à descendre du lieu de la matière jusqu'à ce seuil d'où la matière pense. Voilà bien là ce risque d'entendre la parole qui croit contre celle qui pense, au risque d'écouter la voix sur les ondes musicales qui s'offusquent du souffle martelé en syncope. La musique et la parole se ruent l'une contre l'autre, flanqué d'objets flottant dans l'air, comme notre planète est accompagnée de son satellite. Raser les ondulations qui courent sur la peau pour la faire dépenser, la faire réagir, la reproduire jusqu'au risque d'entendre parler du plaisir. Le choc du souffle en a assez, par son éternelle explosion de la douleur; d'exister entre les mains du néant....




Thierry Texedre, le 20 mars 2015.