Une textualité qui recherche en permanence son écriture et sa peinture, sans toutefois entrer "en représentation", le lieu ? Une musicalité, pas dans "le son" d'une lecture qui reste aléatoire, mais dans ce qu'un sujet peut de penser: où en est son image, la scription ?
Peinture/Musique
samedi 31 décembre 2011
L'enterrement du dire
C'est l'enterrement du dire
une bonne fois pour
se risquer à découvert
vers d'autres isotropes
le temps de se vider
du sang de nos mémoires
improvisées jusqu'au
tréfonds du jour endeuillé
l'enterrement du dire
un peu pour ce désir
inassouvi qui frôle ce
qui reste de respiration
dans un corps décollé
l'enterrement du dire
du soupire intenté une
dernière fois dans le
douloureux accouchement
dramatique d'un temps
reculé de l'exposition
de ces corps boiteux
face au cycle du soleil
caché celui noir de ce
dedans en tête dépression
qui vous asphyxie sur
quoi la grande surdité
de la dernière guerre
s'expulse s'expatrie
dans quelle raison le
temps vote sa perte
dans cette sombre fin
du dire invraisemblable
c'est l'enterrement du dire.
Thierry Texedre, le 31 décembre 2011.
vendredi 23 décembre 2011
Inconséquences
Là,
le rien se tient, ivre de quelle progression du songe envoûtant
qui me guette. On triture, malaxe, forme, redonne vie au rien. Quelle
travers vient ouvrir l'entendement du chant, dehors, là-bas,
en flou? Surdité de ma mémoire. C'est l'enfermement de
mon corps. Même ces chants volages qui me tiennent compagnie,
semblent rentrer dans l'attirante révolte d'un autre corps
trop éloigné. Je me traîne dans
d'incommensurables errances inondant mon oeil grand ouvert. Obtus,
j'avale quelque gorgée de mots, de ces mots qui vous délivrent
de l'infection glottique. Sur quel pied se tient mon être
déterminé à en finir avec ces gesticulations?
Les barreaux de le vie me réserveraient-ils quelque
monstrueuse dictature? L'autre pied se met à renâcler
une dizaine de mots inhospitaliers, juste pour avoir l'air dehors. Se
croire là où d'impitoyables ombres vous collent à
la peau. Pas même le temps d'en placer une. Elles vous rongent
jusqu'au sang. Imitant même vos émotions. Aucun secret,
on reste sous tension en permanence, on en viendrait à se
tirer une balle, tellement la mémoire s'en sert, le temps
d'immoler une pensée-illusion. Ici, il faut tirer sur ce qui
s'offre à vous. Le regard est grandement tétanisé
par l'apoplexie du vice. Quel vice, sinon celui du regard défait
de la douleur colorée. Je vois parce que la couleur m'inonde
de toutes ses diffractions. J'espère jouir de ne jamais en
finir avec ce déplacement entre mon dedans irrecevable et ce
dehors capiteux; de la lumière de l'esprit malin. Les mots
sortent de partout. Une cage m'invite à perdre l'usage de mes
jambes, émasculées par la petitesse de cette prison à
ciel ouvert. Ouverture sur la forme frontale du désir absent,
la douleur du temps me fait mentir sur l'usage de la parole diminuée.
Je veux ce vide pour ne pas m'entendre souffrir. On va peut-être
venir me chercher. J'exclus toute ingérence dans l'exploration
de cette torture qui fragmente mon esprit. Même les songes se
réduisent à la plus simple expression. La faim traverse
un court instant tout ce corps amaigris, et réduit à
mordre les quelques mots qui remontent dans la bouche, ouverte, la
langue s'évade du dedans, il reste quelques minutes au temps
pour en finir avec mon âme.
Thierry Texedre, le 23 décembre 2011.
jeudi 22 décembre 2011
Vestubule de la vie
Tout
s'éternise, se retire, se défile sous l'astre éternel,
celui de la vie. Cette vie qui virevoltait dans l'instantané,
elle convoquait ces corps allongés sous l'infini; pourchassée
par sa propre tentation de mourir pour quelque présent,
instant du désir précieux et irréel. Une nuée
de voix s'élèveront jusqu'aux cieux, jusqu'à
frapper le long et cruel jour de la vie. On chante maintenant autour
de ces cordes emblématiques, pour signifier l'érection
du corps en psaumes. Le temps présent marque sa présence
en tête redressée de tous ces corps décharnés
et transparents. La cruauté s'est installée pour jouir
du temps dépassé. Les voix horrifiés haussent en
coeur la voix en dansant. Danse macabre du feu. L'enfer s'étend
partout, les corps perdent un à un leurs chair, peau dépecée,
pelée, donnée en pâture au cours des choses.
L'extraction de ces voix, vociférant de douleur, se finit en
une chute sans fin dans un vide tournoyant. Le souffle sans vie de
ces voix remonte jusqu'à l'ouverture du sol, du trou
introuvable , en fanfaronnant, poussant des cris pitoyables. Une cité
était née de ces artefacts illicites et fourvoyés
dans d'immenses échos de quelques voix ressuscitées
d'entre les morts. On serait entré dans ce vestibule qui
commence par la vie, l'insoutenable pulsation de la mort.
Thierry
Texedre, le 22 décembre 2011.
mardi 20 décembre 2011
Vers une surdité de la musique du corps
Quelle
trajectoire, quelle hystérie que le drame qui nous lie au trauma? Trace
dans un corps obturé, clivé, torturé par cet esprit hirsute?
Conglomérat, parole exposée au dire de l'immédiateté, le corps s'en
souviendrait-il s'il était privé de ce désir insoutenable d'aimer sans
fin, un autre corps, celui de l'altération, celui de la chair?
Questionnement insupportable de
l'imposant risque de s'enivrer des paroles circonspects de l'exposition
d'une telle chair? Le dire s'oppose à la parole, pour mettre la chair
sur pause; absorption du temps dans l'inhumanité du corps, comme cavité
découverte, dedans de la pensée «réflexion». Une tentative d'élaboration
de «l'élocutoire» interpellé comme question de la chair troublante d'un
corps coupé du temps, montre bien que tout questionnement s'évanouit
dans l'improbable rétention du temps dans un corps segmenté.
L'usurpatrice psychologie n'en garde pas moins un souvenir, atavisme de
l'histoire qu'une mémoire à rebours rencontrerait, comme imposture mais
révélation d'un discours minimum, l'évanouissement d'une réalité du lieu
sociétal chez l'humain? On entrerait donc dans une ère du manque, de la
trouée éphémère du corps en suspension? Visite d'un bout de
corps-mémoire, et dans un même temps de ce derrière oculaire qui file
vers une mémoire à deux temps. Si la peinture peut s'en emparer, du
corps livré à la chose en deux temps, la musique prendrait elle, le
risque de retenir la traversée du corps, de le mettre en forme, de le
lier, le tirer de cette chair introspective, mise en mémoire du présent
comme objet de désir , matière insubordonnée à la pensée discursive. Un
lien autre s'échapperait, là encore, de ces sonorités immatérielles,
pour tendre vers cet enterrement du mal, monstruosité d'un pensant
recomposé.
Thierry Texedre, le 20 décembre 2011.
vendredi 16 décembre 2011
Danse de l'étirement du corps
Nous
tendons à une apothéose
la
surdité du site phrastique
dans
sa tentative du repli
renversante
irruption dans
la
danse apostrophée drame
de
l'ouverture d'une musique
en
étirement du corps absolu
corps
compromis damné et
renversé
en coupes du regard
grondant
grondement du regard
qui
s'ouvre à la découverte de ce
derrière-devant
douloureuse
excavation
de la chair à demi
enfoncée
dans d'insupportables
oripeaux
grammaticaux du dire
en
image en pause sur quelle
fixation
le temps humain se
redresse-t-il
pour voir derrière
ce
risque d'exciser le rite du
temps
revisité par cet arrêt sur
image
traumatique illusion de
l'illumination
d'une jouissance
expansive
quel risque d'ouvrir
le
temps à cette autre immanence
immaculée
sous le regard hagard
de
l'homme déchu du désir qu'il
eût
ouï pour l'éternité en geste
celui
de l'écartèlement de la
femme
hystérique dans sa voix
éruptive
enlacer ce corps couvert
d'hérésie
la femme s'élève en
naissance
pour accoucher du dire
atomisation
du récit postérieur
en
une parole hiatus trace de
cette
impédance imperturbable
du
songe dansé en une douce
musique
acéphale de l'arythmie
du
corps et son souffle du corps
et
sa reconnaissance de l'impossible
révolution
de la pensée fracturée
étrange
renversement du temps
en
une poussée du sens avéré
de
cette mort proférée de l'amour
exhumation
de ce corps amoureux.
Thierry
Texedre, le 16 décembre 2011.
dimanche 11 décembre 2011
Apothéose
Le temps est morcelé. Ce morcellement n'est inéluctable que dans un raisonnement. L'homme raisonne, et touche à son annihilation dans ce fractionnement temporel. La musique est un art qui allie deux actions: raisonnement et sensibilité de l'écoute. L'écriture induit une musicalité en errance, que la composition musicale permet d'extrapoler, de dépasser. Le temps de l'écriture est un temps de la dépense, pas encore celui de l'écoute. La peinture vient subjectiver l'écriture, la transcender, par une certaine vision que l'information manque. Déplacement de la peinture sur une ligne qui rend l'espace sculptural intrinsèque au temps. La peinture et la sculpture sont les deux axes d'une même exploration du temps. Le temps divisé est ce double qu'un sujet clivé vient supporter dans l'espace musical. Un sujet peut exister dans la reconnaissance de ces reflets temporaux, sauf peut-être dans son discours, qui lui est antérieurement transmis, mémoire d'un décalage entre le temps morcelé et le temps figuré. Le temps procédure serait un temps de la méconnaissance du corps à venir. On entrerait alors dans une rencontre entre un corps, celui de l'étrangeté, et une musique transversale au dire, histoire de trouée du temps dans une épisodie de la vie humaine traduite sous une apothéose résurrectionnelle. Au loin on perçoit comme une emprise du dire impitoyable, sur un corps d'élection, un corps pensant ce sujet du temps clivé.
Thierry
Texedre, le 11 décembre 2011.
samedi 10 décembre 2011
Thierry Cauwet
jeudi 8 décembre 2011
Sous X
Touché
vers le fond de cette parole, l'acte est en résidence, pour
absorber ce corps dénoué. Un corps dénudé,
une litanie pour ce temps déposé dans cette mascarade
insoutenable de l'errance. Deux corps en rappel, le foutre en l'air,
la peau humide, les membres écartés. Tout se pose en
immersion, tout se finit en désir manqué.
L'évanouissement a lieu dans quelques plaintes auriculaires.
L'embrasement détenu devient plus vite irrationnel. L'extase a
lieu en rythmes évanouis dans un grand silence dévastateur.
L'étranglement des lèvres met en vrac quelques signes
d'une vocifération à venir. Deux corps tournés
l'un sur l'autre pour l'éternité. Quelle peau suée
de tous les pores essoufflés, peut retenir son cri, celui
d'une grande jouissance interminable, taraudée par l'imposant
redressement du sexe. Une grande humilité s'élève
dans la pièce, pour une brève histoire irremplaçable.
Le trou du monde en désespoir de cause.
Thierry
Texedre, le 8 décembre 2011.
mercredi 30 novembre 2011
Première station
Départ chez Barnett Newman peintre, passage chez Thierry Cauwet aussi, visite chez Judit Reigl peintre; dans un envol du sublime chez l'homme, partagé entre cette "expérience éclairante" de la couleur, et d'un corps qui martèle ce cri incessant d'une parole toujours "déjà" en devenir. Histoire de bien voir que ce qui se trame ici est loin de ce départ, mais avec comme symptôme la peinture - celle d'une dépense à venir - ou comment sortir la parole de son dire?
Un court instant ce ciel s'ouvre pour laisser passer une ode, un chant, une certaine altération de nos sens. Ivresse de cette usurpation du temps par l'homme éteint. Étreinte de l'éternité, un cœur envoûté par les chants de ces envolées, anges gardiens peut-être, gardiens du temple, lumière du crépusculaire humain. On s'évanouit du réel quand ce silence vient à manquer. Solstice d'hivers, grands froids de la parole, parabole du dire enfouit sous une myriade de feuilles rouges. Le sanctuaire de l'homme rencontre une autre invalidation de la mort, jusqu'aux confins de l'univers. De ces corps extasiés devant l'infiniment grand de l'univers, sort cette secousse de vie, illumination en d'autres lieux, lieu de l'étreinte de l'âme avec l'au-delà du corps dédié au mal de l'être, l'être s'élève dans un redressement de l'incontournable bestiaire de l'homme. Le très aimé rituel de la dévoration de l'être occulté, pour s'être mis en posture de jouir dans l'infini dedans du corps. Excommunié pour avoir vu, de l'image, vu en cris du fond cadavérique du corps, en mots. De la décomposition de l'être, s'éprend le redressement du corps en image. Juste retour d'une croyance hautement mise en couleur par ce redressement. Zip du corps tombé en étreinte avec cette somme découpée dans la couleur, passage de Dieu vers l'infini pénétration dans l'ultime jaillissement de la pluralité des corps. Traversée d'un lieu social astreint, occulté par cette séparation de la matière. Les cris s'évadent du fond coloré pour venir dramatiser, en râles obscurs, l'éventration du temps. Le temps être n'est plus qu'une demeure, passage austère du vide vers cette nuit d'un tracé noir, forcé dans l'ocre jaune du carré découpé et posé sur ce vide: celui de la présence, de la représentation. On aime parce que ce corps pressé n'a pas encore été, de l'être remonté à l'origine de la vie, de la mémoire qui fait défaut, jusqu'à manquer ce parlant. L'être parlant c'est le corps dédié. Corps de la résurrection, celui de l'imploration, zip en retour, pour se poser devant. Cathédrale que cette peinture qui vous emplisse de joie. Béatitude que ce temps de l'envol de l'homme déplié dans l'infini. L’œil n'est plus maître, mais faille. Le jour se lève, les bras tendus, le corps espère encore revoir, mémoire de l'avant, le corps n'est pas fait pour vivre la chose, mais pour s'éloigner d'elle. Choc de l'être et de la Chose. La chasse à l'homme est lancée. Damnation du temps qui use le corps vers une mort annoncée, celle de l'éternité. La peinture s'y pose, nous met dans quelle posture? Une irrecevabilité de la conscience, première station de l'enterrement de l'esprit.
Thierry Texedre, le 30 novembre 2011.
samedi 26 novembre 2011
Sommeil en temps réel
De cette somme athéologique dont nous héritons, somme toute ne faudrait-il pas revenir sur le sommeil que présentement nous n'avons de cesse d'altérer?
Faute de mieux, les inconditionnels de la veille, vont de loin, échafauder un élogieux parcours temporel propre à mettre un ersatz identitaire, collage-exutoire, sur ce faux-semblant qu'est le sujet parlant. Aucune vérité sous ce chapeau, sinon de temps à autre un salut un peu indifférent du revers de la main qui prend le chapeau pour aérer le sommet de l'indifférence.
On serait loin alors du sommeil, qui lui, sauf à prendre acte de la dormition, n'a plus l'ombre d'une écriture possible vers l'accès au rêve nocturne. Une signifiance autre qui prend alors pour écriture cet accès à l'écriture automatique, plus hétérogène, puisque peinte (voir les écritures de Judit Reigl). Le corps est pensé (mort et montée du rêve-instauration d'une présentation de la chair comme pré-pensée), dans une élévation qui serait parallèle à l'inconscient du sujet de l'introspection.
Le rêve diurne lui, est une transition d'états d'âmes vers un pôle du réel qui n'est transposable qu'à rencontrer plus avant le travail analytique du peintre. Le peintre voit ce qu'un sommeil vaut de dormir vers cette fin immémoriale qu'est la mort mise à «plat» par le peintre.
Un autre peintre range ce corps livré au sommeil permanent, dans un relèvement de cette peinture, qui pour être vue, n'en est pas moins prise dans la transparence d'une veille arythmique; je veux parler de Thierry Cauwet. L'étreinte en tant que lien avec cette peinture exposée, est celle du corps de la dormition. Notre jeu balance entre veille et sommeil, pour penser ce corps en sommeil. Plus important encore que le dire saturé de notre contemporanéité, le sommeil prend une part dévorante de la représentation du vide/plein d'un corps exposé à ce double dilaté du voir/aveuglement, comme perception d'une transparence.
Thierry Texedre, le 26 novembre 2011.
mardi 22 novembre 2011
Strates
1
Soulèvement
du court instant, trépassant, se régénérant
une fois les coups passés. Coup du pendant, de ce temps qui
monte, se met en place, se souvient, s'évertue à vivre.
Quelle grande carcasse peut sonner aux portes du temps, de cette
secousse du temps qui se referme sur la lecture du texte, écriture
sous un autre temps. Tempérée, l'écriture
devient vite exorbitée, rivée sur un corps dépoli,
passé sous silence. L'infection s'empare de quelques feuilles,
couches du temps apostrophé par le bras. Couvert par quelques
irruptions sous la peau, le corps s'évide peu à peu,
pour se découper, se coller se souvenir peut-être.
Peut-il se rétracter à ce point pour que la mémoire
ait lieu? Possible, risque d'altérité du dire à
rebours ou en devenir? Le corps s'évade, s'élance au
dire de sa monstruosité d'être. La musique ne peut
apporter, au vide qui traverse la surface peinte, que ce risque
inexploré d'exister, pour taire un corps plein.
2
De
quelle mémoire parle-t-on? Mémoire qui touche à
l'infini ou celle antérieure qui ondule dans un risque social,
risque d'un enfermement dans la Loi, objet d'improvisation du dire
enfermé dans un fini illisible. Le temps présent, lui,
représente la chose illisible et transparente. Une imposture
de l'image qui se tord, se déforme, se rétrécit
en songes. Qu'il rétrécît en songes, si le temps
du corps n'a pas encore de lieu. Le lieu du corps serait celui d'une
altération de la mémoire. Un sujet soudain, serait pris
dans l'emportement d'autres corps croisés (identification liée
au reflet dans un miroir de son propre corps), pour visiter ce rien,
du dedans d'un corps, pour y rencontrer un nom, puis une identité,
mais découpée (le temps ici passe, pour interpeller le
lieu ouvert d'une succession de présent, vitesse de l'image,
Futurisme?). Virtualité du temps et de son corps mis en
transparence. La mémoire se met à construire des lieux
opérant comme dans la construction d'un lieu-offrande. La
pensée se manifeste alors pour ordonner ces formes, peintures
aux contours découpés dans la couleur (on entend par là
une rencontre avec l'espace déjà représenté
derrière la peinture actée, en vues multiples, pour
inventer une suspension du temps). Cette peinture est une suspension,
poursuite d'une multiplication des errances, pour trouver à un
moment indéterminé, l'hystérie (la parole manque
son objet), rencontre recto-verso d'un même temps, le présent
(ce temps est un temps découpé). Le présent est
une imposture, sa Loi est une mise en demeure de la mémoire
dans un vréel usurpateur. Le réel remonte jusqu'au fond
transparent du corps plein, pour en sortir vraisemblable, et atomisé.
La parole s'évacue, par un dire impuissant à rencontrer
sa vérité, celle de l'écriture spéculaire, acte manqué du temps évacué
par l'apparition de l’œil introspectif qui se relève de la peinture.
Thierry Texedre, le 22 novembre 2011.
jeudi 17 novembre 2011
Carnaissance
Je ne nommerai jamais assez l'excellence du travail de Thierry Cauwet, comme l'un de nos très grands peintres de cette première moitié du XXIe siècle, période contemporaine qui ferme celle du "corps plein".
Sans se compromettre, le temps pousse à jouir, quand le corps se vide de sa chair; état de la détention de la peau par ce fond dur, os impossible à traverser. Impossible visitation du temps dans cette dureté ordinaire. Décomposer les oblitérations du corps, en un traitement transparent des vestibules. La chair se met en état de vie, pour emporter ce corps dans sa transparence. Le corps est dépossédé de la chair puisqu'il pense. Penser pour l'homme c'est contourner le fond, pour rencontrer la transparence d'une déploration du temps: la vie finit par traverser ce corps plein, pour le couper du cœur incessant du battement de la transparence. Le va-et-vient du dedans du corps, soudé à ce durcissement temporel contre lequel la chair se colle, va se magnifier en une peau transparente, celle du dehors qu'un corps peut penser en un dessin: destin de l'homme qui met en perspective la multitude de lieux de la chair jouissante. La peau tire parti de ce rapprochement du temps et de la transparence du corps. Pour exciser, trancher, couper, dépecer le corps qui pense: pour avoir oppressé ce désir insoutenable, et cette trouée, découpe incessante du corps en peintures-mémoires de la pensée emportée dans l'infini: retournement de ces surfaces transparentes. Arrière, devant, coté livré à cette suspension du temps qui pense, pour toucher ce mystère: quelle jouissance peut exister dans un corps en creux? Sinon quand celle-ci se livre à d'insoutenables exactions de la chair mise en peinture. Rencontre et attraction de ce corps suspendu, pour qu'un désir infini aie lieu: le lieu de telles surfaces recto-verso. On rend compte de ce qu'un corps peut de penser, sauf à reconnaître ce corps peint. Le corps ici serait une mise en acte de la mémoire à rebours. Comme quelque chose qui est représenté, et qui n'a pas encore lieu, sauf dans une coupe du corps peint. Tranche de vie à venir. Naissance future qui augure un nombre infini de corps. Collages en hystérie, raisonnement en tracés et gestes imprimés, pour tourner la surface du corps peint vers cette pensée, qui parle du corps en volume: rationalité du temps de l'homme vu en coupe. Implosion de l'intérieur: la chair rompt avec le temps quand la peinture du corps existe. Le corps pensant est un corps en coupe, un être s'y dessine lorsque ce corps est un corps infini. Un sujet pensant n'est reconnaissable qu'à rencontrer cette multitude de coupes peintes en surfaces transparentes: la chair touche ce fond impossible à inventer, sauf dans l'informelle exploration des couches peintes en temps réel. L'homme s'évanouit quand son corps est livré à d'authentiques extractions du temps découpé dans sa peinture. L'attention feutrée du corps est une caresse des sens, sur le temps immuable de la peau éruptive, en chants éternels du corps dédié à la vie, en songes insondables, en une soudaine soustraction au présent. Là se souvient ce corps "plein", pour entrer dans un "autre" enfin "plaein". Séparation des pouvoirs entre la plainte et ce plein, pour un autre corps démesurément infini par sa capacité à ne jamais être Un que dans un changement perpétuel de plan, du même à l'autre, et de l'autre à la démesure de l'étrangeté d'un corps de la dépossession, de la déposition.
Thierry Texedre, le 17 novembre 2011.
mardi 15 novembre 2011
La chute
Trop de litanie pour un jour
poussé par la fenêtre à la
tombée de la nuit histoire
d'en avaler les images nues
pure fantasmagorie que ce
risque d'envol du geste né
de cette nudité de l'image
imminente et retroussée pas
si faux que ça l’œil se glose
de moins voir à mesure que
la chute s'accélère il retient
comme essentiel souffle ce
qui remonte plus loin en
amont vieille histoire du vide
qui s'invite dans l'imaginaire
pour ensanglanter cet œil
maltraité par le vertige noir
de la déflagration du jour
dernière jouissance avant
l'éclatement en choc frontal
du corps du défi doucement
perdu pour passer par dessus
ce léger embrun emblématique
de la vie victorieuse vociférée.
Thierry Texedre, le 15 novembre 2011.
lundi 14 novembre 2011
Enterrement
Macabre
enterrement du corps vissé sur sa chair quelle chair quel
temps pour la nommer risque de feindre la peau ouverte ouverture sur
un champs fécondé au coeur de cette tête
dramatique damnée par les oppressions de la respiration suc
vital absorbé par cette langueur amoureuse mort d'une parole
en vertébrale redirection répétition de cette
marche en saccades rythmes impuissants de la respiration le corps se
délite se retire s'enfuit s'éteint au loin état
de la chair châtrée on la coupe du reste extériorité
d'autres corps mis en locution par l'être et l'étant de
la parole dévisagée par la rageuse déflagration
de la chair sous un gonflement de la peau éclat de rire quand
la peau s'écarte se ride se fripe se plisse pour former un
autre dessein destin oratoire d'une parole défigurée
sous-produit de la mémoire verbale atomisation de l'image en
mille facettes sens montrés comme possédés
altérité du temps futur pour un autre regard une autre
vie à rebours celle en gestation à l'aune du très
sanctuaire nom de l'homme acétique tout pense à croire
que cette tête diurne vit à trop gratter ce sol durci
peau vieillie par l'action vite répétée police
du corps joué à vivre regard tourné vers cette
marche usée du tremblement terrestre en tournement de tête
la terre tourne sur le risque de croire carré pour une courte
durée l'espace s'étend partout où l'homme n'est
pas l'effet prend forme l'effet d'une fin soudaine du corps parce que
l'homme a voulu penser et que penser n'est que l'apparition-
disparition du corps vidé de sa substance la chair liquéfiée
en déglutition liquide rouge au sortir du corps liqueur de la
possession eau de ces cavités tubulaires en musique à
vent souffle de deux corps en sang et en eau en air et en chair
l'improbable éternité de la vie vient réitérer
celle de la mort aussi l'articulation des corps se ponctuent avec
cette superposition des temps humains mémoire d'une découverte
d'une traversée de l'au-delà en hiatus fuite en avant
de la Vie qui tombe dans ce Vide à temps.
Thierry
Texedre, le 14 novembre 2011.
dimanche 13 novembre 2011
samedi 12 novembre 2011
Tatoué
Trou
tourbillon
touché par
la grâce ce bel
aspirant l'air de
la parole se souvient-il
de cet avant de la
mémoire qui pèse
sur l'esprit ascétique
de la volonté du corps
réserve du temps pressé
qui s'évanouit dans
d'infâmes aspirations
ramassées en un lieu
hauteur du temps pressé
par les cieux obscurs
de la divine unité
se souvient-il que Dieu
est à couper le souffle
assomption
respiration sous
ces rêves animaux
d'une injection tétanique
en intraveineuse
pour entendre les anges
inventer quelques
sonorités partout où
le verbe a lieu
tranche de vie coupée
secousse du dire tombé
en trombes évoquées
tempête des sons sous
le couvert d'un coup
du sort des mots en vrac
vacuité du sombre songe
enterré dans des tête folles
dans d'imposantes
oppressions de l'écho
des sens ruée vers quelle
sortie du dire cloaque
distendu le dire semble
effrayé par ses mots
articulés en double
double du doute du
double glacé en raison
raisonnement du sens
sans dessus dessous
renversement de la pensée
qui jouit immanquablement
de sa terreur du désir
d'apparition l’œil éteint
se referme sur l'infini
du songe gestation du
redressement d'un corps
né mortellement chair
de la croyance en cette
chair qui en conclave
s'évertuera de tourner
ce corps infecté en
une grande manipulation
du temps le temps serait
le rescapé d'un drame
celui d'une reconnaissance
fichée dans la peau
comme mémoire
l'incommensurable
mémoire du corps
pensant pendu
et perdu sous
une peau celle
de la prière
des cieux
indolores
Dieu est
un tatoué.
Thierry Texedre, le 12 novembre 2011.
dimanche 6 novembre 2011
Fugue
Tressautement des notes sous les doigts posture qui soulève l'érosion de cette envolée lyrique pour laissée une vision dévastée des voix ensorcelantes voltige des notes sur le vif enterrement récréatif de l'attraction pour un refrain ferme empoignement des sons austères sous ce long soulèvement des instruments endiablés on tire sur les cordes en vivacité dans un frontal jeu joué pour ouvrir le temps en représentations irréelles les silences opulents se dressent pour couper les violons faire que ceux-ci assombrissent l'écoute pieds et mains sont tendus tels ces cordes pincées puis subitement relâchées on entend ce lointain désir d'expiation de la musique sur une fantomatique explosion du désir qui inonde ce corps dépossédé de toute raison corps en musique corps en rythmes guerre des sons pour rendre au corps toute sa vivacité son entrée en fractionnements de ses sens direction imposante des sons syncopés répétition d'accords espacés d'accords plus forts dans le drame sourdement on croise une fugue qui couvre tout le corps dans une lamentation divinement étendue dans un étourdissement dramatique lame de fond qui vous emporte vers ce final imposant impromptu de la saisissante exploration du corps caverne en jets expulsés sous une éternité réveil de la passion sous ces cieux en brillant désespoir étoilé autour de l'audition encore et encore dans une transgression permanente du corps en sons atomisés des sons qui en fugue soulèvent l'esprit extraction détenu en syncope en douloureuse apparition dans un temps percé livré à d'insondables renversements début du temps sous d'infâmes ossements hospice pour après danser en sourdine l'esprit en diffraction on se prend dans les fils dévastateurs des notes qui s'accélèrent la vie vitesse du temps sort du son en une musique naissante de l'esprit en une longue défloration des notes vibration des cordes possédées dans un grand fracas intérieur des ondes qui déclament et claquent pour monter pour toucher à là fin des sens sempiternelle retour sur le corps déjoué on part pour sortir de ce sacerdoce passation de pouvoir en blocs grammaire de l'amour à découvert en filigrane du désert de cette fin du temps douloureux.
Thierry Texedre, le 6 novembre 2011.
mardi 1 novembre 2011
L'oeil nu
Ne
me regarde pas comme ça! Tu traînes ton regard salace,
sortilège de la dépression, pour me déshabiller.
Nulle part, pour ne pas partir dans la désespérance, où
aller. On est vite rattrapé par le monstrueux même. Et
si on se délite petit à petit, c'est bien là que
les choses commencent. L'intérêt se coupe de l'extérieur
pour finir sa course sur un corps d'élection; une coupe dans
la bienséance du temps. Si tout a été fait dans
les délices de ces corps vautrés, il n'en reste pas
moins une charge émotionnelle, un regard, plus anonyme, plus
tempétueux, en violation avec l'insoutenable légèreté
de l'emphatique reconnaissance de soi. Une emphase d'une telle
régression, qu'on ne saurait, dans la plupart des cas, s'y
soumettre, sans sombrer dans d'horribles douleurs. Le regard de
l'autre tient bon pourtant. Il vous emmène, imperturbable,
vers d'autres contrées, sujettes à caution, mais
pleines d'envies, pour rassasier ce court instant tourné vers
l'anonymat et de l'affranchissement de la douleur. Si ce regard s'en
donne à coeur joie, c'est pour mieux déverser sur cet
autre, comme un empressement à rattraper l'incompatible de
deux corps vers le lieu unique où la peau décharnée
jouira, sous l'oeil émacié du devenir. Fragile
consistance du corps de l'autre devant. Déshabillé, le
propre corps se noie dans l'oeil-jachère de l'autre. Tu
m'enveloppe, tu me prends, me saccage, je te soumets mon
insignifiance, je me terre en toi, tu trembles sur mon devenir
entrain de succomber. Tous ces délices sont à portée
de ma grande délivrance. Instant photographique du geste
omniprésent, et de la réverbération de la chair
sur ce fond d'oeil irrité. L'oeil est plus rapide que le
déclic du rendu photographié. Il opère une
saisie d'ensemble, osmose du risque de perte d'un membre, décollation
du sujet en blocs de chair à découvert, on veut entrer,
rencontrer ce qui derrière se tisse, trame de l'immanence de
la vie qui dorénavant n'a plus d'hétérogénéité
que l'histoire vue en coupe: sujet à rebours vers ses gestes
et ses allitérations grotesques. Tes yeux se posent sur le bas
du ventre, vois ce sexe repoussé par tes avances. Il se retire
un peu, le pantalon baissé jusqu'aux genoux. Le slip serre la
peau, remontant les bourses, on devine sous le tissus la forme
allongée du sexe, relevé comme pour mieux se
positionner le pantalon attaché. Tu me caresse la partie de
tissus enflé entre mes jambes écartées. Une vive
réaction s'empare de moi, je sens gonfler ce sexe endolori par
ces attouchements à répétition, ta main me serre
le membre raidi, tuméfié par l'incendie qui monte en
moi. Pas le temps pour que j'exulte! Ma queue sort déjà
de ce lieu mouillé l'instant d'avant. Mes jambes se
raidissent. Je relève le bas du dos pour t'aider à
descendre ma culotte complètement. La peau de mon gland se
retire à mesure que tu retires lentement le slip collé.
Tu t'empares de l'instrument désiré, tu t’empales sur ma main, comme si de cette
découverte allait dépendre la suite. Tu ricanes. J'en
ai les yeux humides. J'ai peur de ta réaction. Tu insistes sur
moi. Tes mains allongent le phallus dans l'Histoire, dans cette
mémoire qui rompt avec le présent. Je m'attends au pire.
Le membre s'évade presque d'entre tes doigts. Tu te risques à
le serrer plus fort avec tes ongles longs. Je te prend à bras le
corps, avec force. Nous partons en arrière, balancés de
tous côtés. Le sol nous reçoit. Le parquet résonne
sèchement. Les deux corps glissent jusqu'au bord du lit
défait. On s'empresse de quitter nos dernières
fringues. Les vêtements sont éparpillés partout
dans la pièce. Un grand désordre règne. On
s'embrasse, les lèvres chauffées, par l'ardeur de ces
ébats, sont ouvertes et inséparables. Les deux corps
tournent sur eux-même, roulent, et reviennent près du
lit. Une musique semble accompagner tous ces gestes. Tout tourne,
tout disparaît, on est un centre, les corps ne font plus qu'un.
Le temps passe, j'ai trouvé ce point g, elle est secouée,
et tremble, de vives allitérations sortent de sa gorge. Je
prononce à de rares instants des mots crus, ceux en de telles
circonstances. Nos souffles plus courts, se prennent à violer
la respiration. Elle tire sur les grandes lèvres de ce con
indescriptible. Les poiles autour, font comme un contraste entre le
rose et le noir. Peu de chance de m'en préoccuper. Elle m'a
dirigé vers ce trou béant, ma main aussi, accompagne
cette queue recourbée. La douleur laisse place à un
émoi, je ressens monter en moi ce trauma du plaisir, vibrante
extase des membres électriques. Je laisse aller ce corps raide
dans un va-et-vient chaud. Un jet doux éjacule au moment où
le sexe est durci, au fond impétueux de la chatte resserrée
autour de sa dévoration. Nous avons jouit impérieusement.
Tous les mots ont été sommés de s'arrêter
sur un psaume, domination de cette errance retrouvée des corps
en chair, de la chair avortée en dépliement de ce
deuil; ce qui se trame en nous, pour l'amour d'une disparition, plus
rien des sens n'est extérieur, et n'est plus érogène
que le souvenir. Lentement les corps s'évanouissent dans un
coin de la pièce, peut-être dehors, en rêve
dedans, de cet intérieur sans lieu. Le grand saut dans une
chair hypostasiée. Jouissance de ce parcours infini dans
l'infinité des langues, dans ce noeud indéfectible de
la vie qui rend la fin de la vie impossible. Un suicide de la mort
en apothéose dans mille feux tournoyant au dessus de nos
têtes: être coupé du monde dans la tentation.
Sortilège de ce dévisageant regard sur les parties
désirantes de ce corps en extase, devant l'étrange
machine du corps possédé. Possédé par le
crépuscule des dieux arrachés au temps.
Thierry
Texedre, le 1 novembre 2011.
dimanche 30 octobre 2011
De la quintessence du temps ravageur
Quintessence
de la vie, ramper sur quelle marge du massacre, rompre avec ce
clopin-clopant du temps boiteux, là est l'austère
musique de l'amour de deux êtres pour leur progéniture.
L'encerclement tant souhaité par l'espèce, pour vivre
dans cette plénitude du désir avorté du
dépassement de soi, mène l'humanité à son
risque d'exacte perte du sens, perte du lieu social, retour d'une
grave graduation de la mort qui commence dés la multiplication
des corps désirés. L'exaltation de l'emprise du corps,
sur l'origine de cette socialité du nombre, prendra toute sa
splendeur dans l'impuissance à ne plus engendrer ce nombre, le
nombre d'une mise en chair de l'exaltation du pouvoir de transgresser
le nombre amoureux, sur l'œil déposé, étalé,
pour la dévorer en dévotion, cette chair . Carnivore
insatiable, le corps enfoncé dans les trames intriquées
de la chair, rentre dans sa grande gloire; penser l'incalculable fin
du corps dans la répétition de l'écorché,
dérive de la chair lapidée, en drame vocal. On entend
dire l'autre voix au moment de la séparation des corps, au
moment de cette jouissance, orgasme insoupçonné de
l'amour de deux êtres dans l'infini d'un temps indéterminé,
de cet interminable présent qui rend l'âme, l'éternité
d'un doux baisé déposé lentement sur la bouche
voluptueuse de l'être aimé. Le temps se défait en
face vieillissante, le devant de la scène est rouge, le vent
lève les drapeaux, étendards devenus libres dans ce
ciel évidé, creusé d'un monde, celui du nombre.
C'est la joie du peuple qui hante l'espace serré d'un temps
pressé, pour laisser s'envoler la parole unique dans ce
firmament blême de la naissance. Le regard ravagé du
temps s'épanchera sur la renaissance du peuple ivre de mots
encore totalitaires de la parole poétique psalmodiée en
tourniquets du manège enchanteur. Les corps tournent dans
l'intemporalité du vent qui joue de son archet - On distingue,
au loin, quelques rares noctambules qui s'empressent de rentrer,
dépossédés de ce doux corps, possédés
par un courant alternatif, seraient-ils projetés par un flux
incessant d'image. De celles qui verbalisent une écoute
dominée par d'insupportables et magnétiques
informations, scandées, et rythmées pour violer le
temps intérieur du corps - L'horloge inventée déprime
face aux logiciels du présent rendu intemporel. La vie
s'empresse d'en découdre avec quelque sempiternelle
introduction à l'abolition de la mort. On meurt pour rapporter
d'un au-delà cette capacité à tenir la cadence
du nombre exponentiel.
Thierry
Texedre, le 30 octobre 2011.
dimanche 23 octobre 2011
L'infini de l'être
Sortir de
cette terre pleine voilà l'indifférence quelle indécence dessine l'assomption rétrécissement
de la vue en chair la chair éteinte celle d'une étreinte
apostolique avec son Dieu éruptif érudition du corps
face à ce Haut ce cœur soulevé en tête
arithmétique tête chevauchée par le grand vent de
la pensée canonique un trou c'est un trou hélas carré essai du décès dans la contingence
verbale de la voix ponctuée de la Voie qui touche à ce
blasphème de croire croix portée par le corps mis en
voix vocifération du souffle en terre asséchée
asymétrie du corps et de la vie de la vie et de la voix
humanité sans tête qui croît à mesure que
la chair s'émancipe de cette musique naissante celle du début
de la vie qui tombe la vie tombe au début pour à la fin
renaître en mémoire indécente l'homme descente
l'homme étalement sous un jour nouveau lumière du corps
éclairé par sa chair exacerbation des sens pour en
extraire cette jouissante intériorité du drame humain
fermement femme ce corps élevé rendra ses oripeaux de
peau en hermaphrodite visitation de la matière poussée
à parler pour soulever ce corps mortel dans sa marche vers la
parole immémoriale et transgressive les temps ont changé
pour cette double appartenance dans une redirection en mots de deux corps de
cette chair chair de la reproduction infinie de l'être.
Thierry
Texedre, le 23 octobre 2011.
jeudi 20 octobre 2011
Peau
Trop
d'altérité signifient le désir morbide de frôler
la peau
tapage
des grands coups sur la chair pendue autrement
le
temps indéterminé de cette chair appuyée pour
sentir
aussitôt
les sens toucher cet enterrement de passer par
l'exaltation
insoupçonnée d'un glissement vertige de vie
grandiloquence
du nu face à la mort danse nudité de la nuit
pour
renverser ce corps dans les bras du temps passé ou
voir
cette inquiétante étrangeté du désir qui
monte quand
la
peau frémissante se replie sous les ailes d'une jouissance
instantanée
lieu irruption de cette petite cause de la mort
quand
la beauté s'émancipe de ses atouts vertigineux habits
dévorant
ce commencement lent d'une caresse du temps
touché
sur l'ossature vêtue depuis l'origine cassant animal
rampant
devant cette lumière inopinément pour lancer un
cri
du fond touché par la grâce corps sous x mue en lecture
tutélaire
récitant qui appelle au détournement nu clinique
contraction
devant l'élan vulve possession ouste pédoncule.
Thierry
Texedre, le 20 octobre 2011.
lundi 17 octobre 2011
Compression4
La
tête est tétraplégique
l'être
se retourne dans la
tombe
là-haut où les cieux
chantent
chasser le corps
de
ses impétueux miasmes
mort
du corps devant ce
changement
chorale en
aigus
livre son firmament
sa
tentation son élévation
sa
figure aux airs de lente
dévastation
de la peau en
plis
recroquevillés serrés
jusqu'au
malaise en face
en
bas mal en virevoltant
le
mal se soustrait à la face
de
ces bouches ouvertes
reste
les chairs tendues
traversées
par une langue
insoutenable
éradication
du
temps sous un ciel tiré
tel
un rideau replié toile
pliée
au sol et nouée pour
étaler
cette matière couleur
tempétueux
présent avant
la
mise au tombeau de la
représentation
dépliée la
toile
laisse apparaître des
blancs
forme de feuillu c'est
l'envers
de la mort découverte
ici-bas
là la chair vient en
reconnaissance
focalisation
du
désir à découvert linceul
sur
la peau posée là comme
prière
du temps improvisé
on
entend quelques chants
d'oiseaux
au-dessus du corps
presque
là pour annoncer
la
venue de l'autre face de
l'autre
source au cœur de la
vie
vraisemblable risque de
devoir
en finir avec le feu
de
la digression la face est
tournée
vers le vrai pour
l'entendre
murmurer la mort
qui
monte dans ce corps
de
chair et d'ombre de rien
le
rien qui vient du fond des
temps
âge d'une illusion
de
la pensée qui saute alors
même
que le jour se lève
pour
ces deux êtres qui
marchent
enivrés par les
senteurs
boisées le long de
ce
chemin sans fin ni début.
Thierry
Texedre, le 17 octobre 2011.
vendredi 14 octobre 2011
Compression3
Travaillé ce corps opère une
vraie
terreur sur lui-même
enchantement
de cette petite
mort
à cran canalisée par la
trouée
partout de la peau vue
de
cette ignoble matière née
en
postérieur relevé ouverture
du
Paradis en entrailles dans
un
drame dans l'étreinte de
l'Enfer
corps levé en nombre
jusqu'à
l'ultime superposition
le
nom aura disparu bientôt
pour
laisser la vie clouée dans
les
ténèbres de la croix sang
du
rivage veines ouvertes coup
pour
marquer cette sortie de
la
mort en vainqueur contre le
temps
possédé de l'ossuaire
l'oppression
du mal respiré
pour
la naissance naître c'est
ne
plus avoir de Dieu derrière
cette
parole cri de l'apparition
dans
la naissance et la nativité
relève
ce petit corps bitumeux
pour
engendrer l'apothéose du
vivant
dans l'homme parlant
de
cet écart avec la femme au
plus
haut point de conjuration
de
l'être enterrement de l'être
sous
l'imposante masse de ces
charnier
ceux du temps présent
représentation
à trop mourir plus
vite
que cette irruption cutanée
sous
ce soleil impossible à voir
de
face aveuglement du temps
dramatique
de la jouissance du
corps
double coupé de tout du
Tout
infranchissable tant que ce
double
sera l'objet de la vue en
séparation
pulsions démoniaques
de
l'Esprit en proie au désir de
l'Etre
l'étant n'est plus que l'ombre
sournoise
de l'apesanteur de l'âme
en
tourbillons immortels depuis le
corps
dressé à l'horizon de l'Enfer
de
la mort d'autant d'êtres éternels.
Thierry
Texedre, le 14 octobre 2011.
jeudi 13 octobre 2011
Compression2
Quelle
coupure ensanglantée du
corps
sous mille pieds exténué
par
d'imposantes érections dans
la
bouche du temps érudit sourd
et
exorbité gonflé et écartelé au
plus
fort de l'apothéose du feu
soleil
émasculé dans des cavités
bouillonnantes
de joie la joie de
l'Enfer
liberté de l'Enfermement
révolutionnaire
de la chair marée
hors
du temps en vagues astrales
arrachement
de la langue parole
descendant
du cri l'ourlet la voix
qui
tonne autour du corps dépecé
de
ses habits de jour la peau par
dessus
joue à se faire jouir par
l'ouverture
de ses pores porcherie
de
la faim fantasmatique de la
dérive
des ossements détention
de
la peau vissée pour être en fond
sanguinolente
un pieu poussé avec
force
traverse l’œil il cligne pour
la
dernière fois avant de se sortir
de
là déchet que cette vue de la
peau
pétaudière partout où l’œil
tente
de trouver un corps de langue
vitesse
des membres démembrés
de
travers pour faire croire à un
corps
entier sons infinis sous cet
écho
du temps pressé aplati pour
toujours
en ces lieux tortueux dans
un
bain de sang senti sans équivoque
évocation
de l'Enfer mort de cette
vie
côtoyée par l’œil caché couche
de
l'injonction de vivre pour se ruer
vers
la grande porte de l'Enfer les
anges
gardiens de ces lieux crient
accroupis
pour hisser les pauvres
déments
sur le perron psalmodiant
des
chants sur l'océan carmin atteint.
Thierry
Texedre, le 13 octobre 2011.
mercredi 12 octobre 2011
Compression1
Bombardement
des lambeaux
de
chair rompue charnier en
gestation
dans le trou béant
de
l'atomisation du verbe lieu
exclu
du corps à découvert nu
pourrissement
de la mémoire
souffrance
de la mémoire liée
à
l'expurgation de l'intérieur
qui
sort à mesure qu'on presse
les
chairs pour les remplacer
par
une jouissance orbiculaire
l’œil suinte de sang apoplexie
des
organes vrillés taraudés et
emprisonnés
dans l'immense
gonflement
intestinal jusqu'à
cette
limite insupportable de
l'éclatement
intérieur la peau
détendue
pend et perd de son
attrait
le corps est à redéfinir
repasser
dessus le serrer nouer
les
entrailles puis les éventrer
pour
laisser s'échapper le sang
de
la honte recoudre paupières
et
entre-jambe le derrière et
le
devant les doigts entre-eux
reliés
pour laisser glisser la vie
la
perdre la sentir l'évacuer la
presser
pour la remplacer autre
force
de travail des coups bas
torture
du corps qui n'est plus
le
corps mais respire encore le
doux
feu de l'embaumement
juste
les yeux ouverts pour voir
le
cadavre livré à sa mort infâme.
Thierry
Texedre, le 12 octobre 2011.
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