dimanche 30 août 2015

La terre







La terre

Regard incertain sur la frange coupante du temps psalmodié déni du corps souffrant d'avorter ses mots puanteur de la terre qui suinte de ses pores l'eau réaliste du texte libre trop de guerre depuis l'origine inassouvie de ces naissances horripilantes voilà le terme qui fait sauter la langue poursuite inassouvie de l'achèvement déterminé d'une contamination du psychodrame entrain de se jouer là où se mêlent les tremblements verbaux encore défigurés par l'impression des mots sur la peau qui se refuse voir et entendre ces frottements qui vous étripent l'intérieur jusqu'à secouer l'os le traitant d’analphabète de vulgaire décrépitude rongé par le choc des sons qui l’emmène insaisissable vers son apologie de la fin caressant la terre de ses horribles cassures cadavre exquis descendu de cette terreur du temps de la mémoire mémoire devenue irrespirable poursuivie par l'invitation au bain solvant de l'arbre de vie de ces corps étendus en pleine ivresse depuis la beauté de ces corps sensuels et nus tombés sur le lit de la vénération veille pour l'éternité dans ce port indécent de la débauche senteur immaculée du pouvoir des mots sur la peau du peu de peau visitée depuis le regard étiré jour jeté depuis le jeu de la jouissante expropriation du feu interdit dedans chassé dehors en choc couturé et griffé par la possession du jeu douloureux frappé sur les rondeurs du fessier rougi en coups répétés jusqu'au premier son la parole se délite en sons insoupçonnés et irréfléchis le temps s'efface la mémoire se met en marche maudire d'affirmer l'inépuisable déferlement en flots des camps de la mort mélange en tête d'un impossible oubli images infernales repassées lentement pour ne pas oublier ce qui a eu lieu sur cette terre ravagée et durcie par le feu nourri du dessèchement du corps cadavérique encore vivant pour refuser cet enfermement dans la lecture de ces traces grattées jusqu'au sang jusqu'à l'os sur le sol terre de l'écriture conjurée texte irrespirable de la parole infirme.




Thierry Texedre, le 30 août 2015.




vendredi 28 août 2015

Le peint sans nom




Ce qui caractérise la peinture  depuis la perte d'une figuration, c'est la dérive. Moins violent serait de dire l'éloignement. Mais l'éloignement pose le problème de son objet, éloigné de quoi ? La perspective ne peut pas régler cette question à elle seule. Le point de départ d'un travail sur la peinture est fluctuant, il ressort de paramètres dont on ne peut discerner les origines qu'en remontant le cours du peint, une fois la toile exposée, et en dernière instance, au regard de l'après-coup de pinceau. Là encore le support importe à étayer une structuration  picturale dont on sait déjà que le pigment sera son référent. Mais l'intérêt qui ressort du jeu en question dans cette dérive est la couleur. Le geste de la couleur, sa densité, son souffle, son unicité. L'image ne serait qu'un lointain souvenir dont le support nous tirerait les fils, ceux du temps. Cet enchâssement, peut à tout moment disparaître, laissant la trame libre d'une manipulation spatiale dont on sait que de la découpe, des plis, et autres recherches peuvent naître de grandes créations. L'éloignement dans le peint est aussi marqué par un retour au support classique avec le châssis. Question qui n'en finit pas de hanter tout peintre, à savoir quelle figure rencontre l'éloignement ou le rapprochement du temps de la perspective, à rencontrer ce support pour s'en défaire ? Par la transparence, par le geste, par l'annulation des couleurs dans le noir pour y voir la lumière révéler la couleur (parcours de l’extérieur reflété sur un volume qui plonge dans la trame, le grain du support, par la lettre aussi - le signe - la graphie, interventions sans fin d'une dérive qui sort du cadre pour oser la peinture jusqu'au bout de l'incarnation, là ou le corps qui peint  rencontre la chair, le corps peint. Une grande liberté qui rencontre la nature et l'art éphémère, installations que le temps effacera. L'art et la photographie, techniques multiples pour s'éloigner du seuil fatidique qui marque cette fuite en avant : l'impossibilité d'effacer la figure. La traversée du sujet est centrale, mais ce corps pensant qui compose pour se délivrer de tout questionnement, ça met en avant l'inconsistance de l'inconscient. Découverte majeure mais biffée par cette rivale à têtes multiples, anamorphose du temps de son sujet (l'inconscient est cette charge dont on sait la possession qu'un sujet a de ne pas parler cette charge émotionnelle). La rencontre avec l'inconscient serait cette incidence dont le peintre croit devoir fourrer son nez dans le chaos intriqué de ses démons. Le langage, voilà bien là ce qui aide à résoudre les écheveaux mêlés, pour dénouer ce que cette peinture n'a de cesse d'expulser. De tout temps, les peintres ont cherché et fouillé dans ce corps d'élection privilégié qu'est celui de la chair. Découper, retirer, rajouter, coller, arracher, peinture du dedans le sang comme pigment, le meurtre comme la proie entre les mains du peintre, le pinceau comme arme de la possession d'un corps autre, étrange. L’éblouissement de la peinture met son sujet en présence de la reconnaissance par un face-à-face avec la transfiguration et le voile peint, le linge de l’hypothèse du déchirement chrétien face à l’impossible résolution du point de vue central depuis la face entrouverte de l’enfer d’être.



Thierry Texedre, le 28 août 2015.






dimanche 23 août 2015

Par quelle fin exiguë faut-il la parole ?









Par quelle fin exiguë faut-il la parole ?

L'enfer, d'où sortira la parole.
Crémation du dire clôt.
Création du monde ouvert/fermé,
telle une bouche au temps prié
du feu bouleversant de ce corps
démembré par la dérive intime.
C'est l'interpellation de la voix
qui crie son hurlement, son
ultime arrachement au verbe,
croyance indéfinissable en
la vision indéfectible du sens.
Jour né de la nébulosité du réveil.
Risque d'assèchement des yeux
devant la mort qui sort du genre
humain, sorte d'appendice
qui n'aura de cesse de pousser,
à mesure qu'on le coupe du reste
du monde qui n'est pas rond.
Terre ronde aux yeux carrés
du corps pourrissant d'exister.
L'homme échevelé s'enfuit,
la prière au bout des lèvres.
Il se débat avec la mémoire
qui l'emmène vers la naissance
à l'envers, à l'inverse, pour avoir
osé refuser la mort immortelle.
Péché de l'immortel raisonnement
du lieu asservi par l'impensé,
vers cette grande représentation,
oracle qui brille dans un ciel
déplié en étoiles, depuis la nuit
noircie par les ombres de ces mains
salies par le commencement.
Offertoire qui sonne le glas,
tortillant des nerfs du sang et du
pain symbolisés en messe,
pour s'en sortir par les gonflements
en pets notoires de l'ivresse
catapultée jusqu'au bout du soir,
vite ouvert sur le matin du malin.
Terre chauffée qui court après
l'esprit comme drame de l'atome
qui fornique sa bombe et son H.
Corps de la souffrance chante
ces mots du soulèvement,
ces chuchotements telluriques
du tremblement en cours.
Chants qui forcent la voix en
montrant les plaies à vif, sans
passer par la reconnaissance
du songe, à cause de la mort
qui guette les ordres encore lois.
Tourniquet qui sort l'homme de
sa torpeur, pour jouer, jeu de
ces cris insupportés par la parole
close, pour rencontrer l'être.
L'être étiré de l'étreinte éternelle.
L'être serait ce la clef du chant
des ténèbres inépuisables devant
le récit qui augure à la peine.
Jusqu'à quelle folie s'invente
le jeu d'un drame, musique qui
monte où le réveil est émasculé.
Rentrer en irruption par les sens.
Toucher au risque de caresser
l'extrême catharsis de la peau,
violer ce dedans jusqu'à l'être,
pour l'emporter dans les sphères,
gouttes à gouttes bue par le goût
insipide de l'expiation du discours.
Juste nudité du corps qui monte,
en voile délicat du blanc sommé
par les couleurs du paradis.



Thierry Texedre, le 23 août 2015.

(Essai de lecture sur le Requiem de Rey Eisen )







samedi 22 août 2015

Qu'est-ce qu'un sujet ? Un événement, pas une personne.











Qu'est-ce qu'un sujet ? Un événement, pas une personne.


Retiré de sa personne le lieu
inassouvi du corps électron
se montre comme forteresse
de l'écriture imprenable
vent debout l'évent soulève
la tête de son intérieur
ce lieu caricatural de la chair
pour l'inoculer au vent venu
par dehors et dragué par le
grand souffle ressuscité de
la musique ligament que la
peau cache convexe à la peur
d'en faire de l'au-delà sa fin
galipette insouciante qui mate
le regard du ventre ouvert
sur l'orifice du plaisir excité
du savoir rieur de la foi au sens
aigu de la parole commise pour
avoir voulu faire naître l'os
au milieu de la grande peinture
de celle dont on dit que le passé
est entré dans l'indécidable
ivresse de la chair sauf à
en saisir l'ablation du nœud
fatidique de la reproduction
mémoire qui plonge l'être
créé pour l'inonder de sa semence
volcanique vol de l'ange
macabre au dessus du temps
là où les ailes du désir se
promènent pour emporter
l'âme vers l'immortalité
si la folie est un état son
être serait celui de la mise
à mort de ces polyphonies
des monstruosités vraies
qui sautent aux yeux du
corps poussé à jouir depuis
l'impensable ivresse du temps
déjà autre bien avant que ne soit
l'autre résolu dans la parole
celui dont on sait que le croire
fou est le comble de l'imposture
l'interdit vrai de l'entreprise
sociale d'où est sorti ce sujet
pour aller vite plus vite encore
que l'extrême violation du nom
personne qui voit l'écriture
du temps sa texture pour
faire du présent une vitesse
qui n'en finit pas de nier
la parole qu'un sujet qui passe
pour fou n'aura de cesse
de traverser de part en part
un sujet événement improbable
de l'écriture qui montre la parole
d'un temps autre du temps
d'extraire le lien du lieu social
depuis la surdité d'une lecture
impossible à traduire à mettre
en image sauf peut-être à
en filmer les vides les interstices
les ourlets qui froncent le
le tissus variqueux du présent.






Thierry Texedre, le 22 août 2015.







dimanche 9 août 2015

Fournaise du corps enkysté








Fournaise du corps enkysté

Fil
ficelé
fliqué
forcé
à rentrer
en couche
d'un trait
occupé
à lire
voir et étirer
ce qui s'entend
s'étendre
s'échanger
glauque
gestes de la
démangeaison
du pouvoir
de lire
les nodules
mourant
dans l'esprit
qui nous dit
ce risque
d'entrer
en nœuds
verrouillés
vite
voile
obscur
qui se ferme
quatre à quatre
les marches
montées
pour démontrer
ce qui se monte
en vitesse
pour jouer
au plaisir
d'exister
dans un corps
délité
défait remisé
à l'esprit
qui nous lit
au parlé
resté là
comme
si on savait
ce qui se dit
pour quelle
question
vers où
les sons
vont faire
l'image
qui s'enkyste
dans le corps
corollaire
de cette
fournaise
qui entre
dans l'esprit
pour maudire
les mots
proscrits
de la chair.



Thierry Texedre, le 9 août 2015.











mercredi 5 août 2015

Réminiscence



Sur quel socle le temps s'éprend-t-il de la terreur qu'un corps peut ouvrir au parlant, sauf à ne jamais revivre ce sacré dans une mémoire sans cesse terrassés par la vitesse d'élocution d'un dire future? Risque de mettre ce souffle en danger. Risque de ne plus mettre ce sens de la conscience en adéquation avec l'ourlet fait au temps. Couture systématique sur un dire qui passe son temps à renverser la tyrannie du désir d'information de cette explosion du texte en paroles infinies qui tombent sous les coups de ce délire irreprésentable qui vient au bout de la parole. L'entendement qui vient après cette écoute : extériorité marquée par l'intellection sous pression, invitant l'inconscient à répondre au manque d'élocution du règne de ce parlant. Rites qui se manifestent quant on s'interdit à la parole, vers ces sons puisant dans quelques partitions à-venir ; musiques qui répondent à l'absence de réponse que se risque un corps parlant de la jouissance. L'inorganique vient s'interposer au seuil de conscience du corps qui se plie à la chair, vers ce sacré qui tient lieu d'expulsion du dire, d'un dire qui se retire de ce corps pour faire marcher l'au-delà au pas, passage obligé vers l'assomption de la négativité. Rencontre au centre du comportement, dans l'imminence d'une perte de la conscience, là où une faille s'ouvre béante et prise dans un flux de sang, d'où émerge l'inconvenante mort.



Thierry Texedre, le 5 août 2015.







dimanche 2 août 2015

Danse macabre








Danse macabre



Livré à sa soif de vivre
l'hominidé atterré par
le souffle maudit s'offre
au risque de perdre sa
mémoire marasme du
temps qui enfle par les
pores de la peau organe
indécent de l'enfantement
perdu au milieu de la mort
ivre d'exister autant que
la vie se soumet à l'art
d'écouter ce double séance
vulgaire dont semble tirer
profit la mémoire prière
indéterminable de l'esprit
fulminant de tous ses attributs
buvant au calice qui l’exorcise
devant l'imposture qui sied
à la croyance croire pour voir
voilà bien là le nœud qui
se noue depuis l'origine
manquée de ce corps élu
vertige de la chair devant
le vide unique du traitement
de la peinture pour dire ce
que la parole n'a pas su
faire tonner sauf à chanter la
danse macabre des mots
alignée pour faire croire au
risque de la résurrection
dans le né nébulosité de
la nuée nourricière qui n'a
de cesse de nous mirer dans
l'esprit malin de la fin du
corps cadavre du feu intérieur
volupté des flemmes qui
respirent ce doux paradis
de l'envie d'expulser ce dont
on espère en retour voir
naître lent filet du sexe
couché sur sa verge chaude
en impression encore pour
rentrer dans ce spasme
vermiculaire du péché suspendu
à la lubrique fellation du tronc
arraché au jaillissement de
la jouissance qui crie haut et
fort sa pleine feinte qui fume
ce joint face cachée derrière
le masque fortuit de la pleine
possession par l'esprit fixé
en retrait derrière l'orbitale
déraison de l’œil malin celui
au centre tête haute du milieu
imposture de l'existence
fallacieuse pour n'avoir pu
résoudre que ses oripeaux
viscères qui se nouent coupées
comme ces ancestraux chocs
du corps originel poussé en un
fatras de la traversée du temps
par l'infini finissant depuis
l'existence née depuis la parole
comme réverbération du corps
face à son trop plein de parole
et que son souffle s'enlève par
par le grand bouleversement qui
vient au devant de la mort
encore trop avisée d'enlever
que ce savoir naît de l'envie
d'exister avant d'enfermer
ce gai retournement de la peau
dans les profondeurs de la chair.









Thierry Texedre, le 2 août 2015.