vendredi 1 avril 2016

Le monde mouvant de l'étreinte



Depuis quand cette voix rassasiée rafle-t-elle l'intransigeante exactitude de parler ce vrai dont on sait qu'il est éphémère et plein de ce qui se montre comme mémoire. Mémoire de la douleur, la même aussi que ce plaisir inassouvi, par l'entremise l'ouverture à la chair, tactique caressante de l'amoncellement des effluves amoureuses depuis l'éclatement du corps en être chair, cher amour, comment ne peux-tu pas voir cette suture des yeux à la peau paupérisée. J'entends mal aussi, quand les bruits sont éreintés et entérinés, en musique trop savante – pour que je n'en souffre pas – en une tyrannique exécution des mots en chants enchantés par un vent du violent viol de la pensée penchant sa tête au pied levé. L'attente est longue, les sons s'envolent, s'élèvent dans l'éther de l'éternuement dans le dénuement des onomatopées sulfureuses. Quelle tragédie que ces lignes alternant avec la peinture, l'espace du vide en essuyant la morale, et ces ratures ces biffures, qui osent se frayer un chemin sur l'étalement de la chair devant ; quelques pleurs viennent incuber l'essence même de l'allergie au plaisir, le temps s'efface, quand bien même l'illumination se prend dans les filets de la peinture inventée pour dresser les corps de la mort délivrée, et les destiner à ce que les mots n'arrivent pas à mettre en musique. Silence ! On tourne. Le spectacle produit ses effets –  on rit on avale l'air de rien, puisque la peinture va polémiquer avec l'infini en jeu dans le langage. Et puis tant pis, on préfère s'en remettre à la musique savante, celle qui froisse le solstice de la mémoire – là où se mêlent les signes et la signifiance, là où l'inconscience fait l'apparition du jeu musical – juste de quoi se laisser entraîner dans les orifices instrumentaux. L'amour disparaît – là où se reconstituent les pores d'une peau surface de l'envie – c'est le seuil du plaisir et de l'exutoire, poésie de l'entre-deux, du resserrement et de l'ouverture au monde. Du monde mouvant de l'étreinte qui touche à l'émerveillement d'une rencontre...



Thierry Texedre, le 1er avril 2016.