Ces masques à rebours depuis l'eau de l'au-delà
Je
crains ce corps qui se délite. Loin de ces sphères hystériques, où
se trame l'exclusivité de la pression du sang sur la chair incarnée.
Vol austère qui couve le son sorti du dedans, de ce corps
introspectif. Rictus en coin, par-dessus l'impuissance à éviter de
souffrir de la mort, depuis cet inconscient, dont on sait aujourd'hui
combien il nous emplit de cette dure réalité d'exposer ce dont le
corps porte d'anachronique exercice de ses membres palinodiques.
Touchant au stress puissant du défilement du temps, le corps semble
rendre inopérant le souffle, quand à son partage avec les mots
enclenchés dans l'évacuation de l'air des poumons. Martellement des
sons sur le risque d'un frôlement avec la peau. En répétition, les
sons s'ordonnent jusqu'à parcourir ce désordre hypothétique qui
s'ouvre à l'entendement, encore trop loin de l'écoute qui réagit à
ce qu'un corps rencontre ; devenu dépendant des sons qui
alimentent sa surdité aux méandres de l'étreinte verbale. Montrer
ce qu'un corps peut d'élever ces dormitions qui jaillissent au début
d'une reconnaissance de la mort par un flux incessant dont on craint
l'exacte servitude face au mal de la chair qui trouve le temps du
présent, rend compte de cette improvisation qui luit au milieu d'un
bain de lumière, lecture plus vraie que celle que l'écriture
permet ; exorbitée par l'irrésolution de la vue face à ce
masque qui soulève l'imminence d'une mémoire moribonde et
illisible, de l'atomisation du nom face au grand déferlement du sang
qui joue sa vie en images fracturées. Bains inanimés et dissous
dans l'immortelle plongée du corps désenclavé, déconnecté, sali
par son impossible expiration sans perdre l'image de ce sujet qui
pense ; partie improductive, impulsée par l'eau en bain du sang
dépossédé de cet objet mémoire de l'entier, de l'un, livré au
multiple, rencontre avec cette montée vers d'autres figures,
membres, viscères, lieux sans noms pour une plongée dans l'au-delà
qui couvre cette respiration loin des mots, dont on sait qu'ils
n'auront de cesse d'alimenter le paysage infini de l'au-delà sans
jamais pouvoir le mettre en paroles. Flottement du corps dans les
sphères reliques, au-dessus du lieu pour le rappeler en filigrane,
pour le faire exister. Un corps qu'une mort encore trop lointaine ne
saurait pourtant faire taire. Jets du sang sur ce passé inoccupé,
encore trop près pour être mis en lumière. L'imposture de la vie
est ce comble d'être consciente, que mourir est impossible à rendre
verbalement, sauf à taire sa programmatique. L'art aura le temps
d'échafauder ce que la médecine prend dans les filets de sa
découpe : la chair comme ouverture de la mort. Vil état du
commencement de la mort dans l'immensité de la vie. La mort propose
une alternative à l'image non-attributive d'une ouverture du champ
d'un au-delà, sauf à montrer l'encre en immersion depuis l'écriture
insoluble de l'imaginaire en train de naître. Les sons bombardent la
peinture qui en retour danse dans la couleur aveuglante du jour
opaque baigné par l'eau de l'au-delà des corps sortis, à
découverts, et sans la chair. La lévitation commence pour taire le
poids du corps né de l'inadéquation du nom avec cette mémoire de
la fin du temps. Charnier lent de cette superposition qui arrache la
terre à la vie en jeu, depuis le corps jaillissant de l'eau avant, et de l'air après, pressé par le sang de la béance orgastique
céleste.
Thierry
Texedre, le 16 septembre 2015.