Le
long du fleuve, s'étire l'aorte grande ouverte, rendu d'un
corps inerte, le long du fleuve un soir d'été. Caché
dans les buissons dessinés de main de maître, la peau,
nébuleuse, violacée, traverse une dernière fois
le cycle des couleurs vers l'apothéose, le pourrissement
vénérable du corps d'une belle inconnue. Au loin, en
face, les phares des voitures sur la pénétrante, joue à
se croiser, danse pour une vie virevoltant au son des moteurs. La
nuit renvoie les lumières des immeubles qui bordent la voie,
par de longues traînées zébrées,
jusqu'aux pieds du corps, qui apparaît alors comme morcelé.
La ville continue sa course effrénée, comme si ni le
jour ni la nuit n'arrêtaient jamais rien. Aucun pouvoir, ni
force d'attraction sur la vie insouciante de ces hôtes assidus
et propulsés. Poussés par on ne sait quelle force.
Passant du vif intérêt pour sa progéniture, au
temps du manque de temps lié au désir violent
d'exister, excitation que l'autre mettra à mal pour retenir ce
nom impitoyable donné à la naissance. Quel être
que cette morte recroquevillée sous les haies au feuillage
garni. Le sol est sec, dur, bosselé, brun. Terre qui
s'évanouit une nuit d'été, caressant les astres
aux reflets lumineux, pointés ça et là comme une
autre vie, qui elle, sort déjà d'un présent à
refaire.
Thierry
Texedre, le 28 juin 2012.