Explosion colorée
Le regard s'enfonce, pour
jouer avec les plis de la chose retournée.
Sur la plaie du monde, le
monde écrin du paysage baroque, voilà que se montre l'immanente
décomposition du vivant, allant ainsi vers sa fin,vers son
recouvrement, son recommencement, la cessation d'un monde, le monde
de l'illusion. Entrée dans l'illimité, pour ne plus montrer ce
songe, celui de la mémoire. Entrée depuis ces pleurs, ces rires
inventés pour entrer au paradis terrestre. Pour faire de ce Paradis
une extension sans fin. Ce « faire » improvisant un ordre
pour que détale la mémoire, qu'elle aille jusqu'à sa perte,
l'oubli dans le paysage. En finir, par là, avec cette tension, cette
circulation du sens, pour montrer la douloureuse infinité du désir
qui s'ouvre à l'objet peint d'une mémoire colorée. D'un désir qui
manque la mémoire, pour se substituer au corps qui pense.
Un corps d'élocution
épuisant sa terreur du sens, pour parler cette fin de la mémoire,
le paysage baroque. Le paysage de l'exode, de la fuite, de
l'expulsion d'une névrose impuissante face au monde impressionnant
de la chose mise en suspens, l’œil revient sur le devant de la
scène pour sortir le paysage de sa nature de corps falsificateur
d'identité. Une reconnaissance qui passe par la peinture.
C'est la rencontre d'une
chose, qu'elle soit l'objet ou la couleur, ne peut se reporter au
souvenir qu'à lui montrer
le bonheur et la douleur de la couleur, aux dépens d'une jouissance
de la peinture qui se presse dans un espace mental irréel, objet
impossible à délimiter pour jouir.
C'est par un puzzle où
les formes colorées flottent, que s'épanouissent les formes
colorées condensées. Nuno Lopes Silva tente par là une traversée
du sens, par une construction de la peinture qui a à voir avec
« l'abîme » de tout paysage (urbain et mental), nature
d'une déconstruction de l'espace où l'humain a fort à faire avec
une mémoire inappropriée.
Thierry Texedre, le 15
juin 2020.