lundi 15 juin 2020

Explosion colorée















Explosion colorée

Le regard s'enfonce, pour jouer avec les plis de la chose retournée.

Sur la plaie du monde, le monde écrin du paysage baroque, voilà que se montre l'immanente décomposition du vivant, allant ainsi vers sa fin,vers son recouvrement, son recommencement, la cessation d'un monde, le monde de l'illusion. Entrée dans l'illimité, pour ne plus montrer ce songe, celui de la mémoire. Entrée depuis ces pleurs, ces rires inventés pour entrer au paradis terrestre. Pour faire de ce Paradis une extension sans fin. Ce « faire » improvisant un ordre pour que détale la mémoire, qu'elle aille jusqu'à sa perte, l'oubli dans le paysage. En finir, par là, avec cette tension, cette circulation du sens, pour montrer la douloureuse infinité du désir qui s'ouvre à l'objet peint d'une mémoire colorée. D'un désir qui manque la mémoire, pour se substituer au corps qui pense.
Un corps d'élocution épuisant sa terreur du sens, pour parler cette fin de la mémoire, le paysage baroque. Le paysage de l'exode, de la fuite, de l'expulsion d'une névrose impuissante face au monde impressionnant de la chose mise en suspens, l’œil revient sur le devant de la scène pour sortir le paysage de sa nature de corps falsificateur d'identité. Une reconnaissance qui passe par la peinture.
C'est la rencontre d'une chose, qu'elle soit l'objet ou la couleur, ne peut se reporter au
souvenir qu'à lui montrer le bonheur et la douleur de la couleur, aux dépens d'une jouissance de la peinture qui se presse dans un espace mental irréel, objet impossible à délimiter pour jouir.

C'est par un puzzle où les formes colorées flottent, que s'épanouissent les formes colorées condensées. Nuno Lopes Silva tente par là une traversée du sens, par une construction de la peinture qui a à voir avec « l'abîme » de tout paysage (urbain et mental), nature d'une déconstruction de l'espace où l'humain a fort à faire avec une mémoire inappropriée.


Thierry Texedre, le 15 juin 2020.