jeudi 16 mars 2017

Avant que la peinture soit






































Avant que la peinture soit

Sous la pérenne peau pliée froissée tendue ténue troussée en traits incurvés par les temps passés de la robe claire, tombe du ciel la parole incurvée et cursive, trouée et elliptique. Songe parallèle de ces accords distingués, voilà la compromission avec la peau de cette parole montrée du doigt, en astre vulgaire, parole de la chair escortée par la peau en repli. Vol austère qui sent bon la fleur d'oranger, l'été impitoyable clôt cette fragrance dans la descente insatisfaite du soleil vers son solstice. Au bout de cette pendaison sombre, l'alternative qui montre un regard blanchi par l'eau clair du matin endormi. Voilà en ces termes et pour la première fois, divine circonvolution de cette sexuation irrésistible par les plis volubiles de sa native blancheur, l'autre foi, reproduction à venir, monde lié à la représentation. Glissant dans ce miasme insoumis de la parole première, l'infant de la giration s'adonne à la monstrueuse fatalité de la duplication. Prière de cet insupporter qui feint d'envelopper l'air du temps de l'autre, dans les pires affaires de la foi, amour envers ces sens nouveaux. Là est l’intérêt pour la disgrâce, celle du père et de la séparation fœtale d'avec la mère, comédie de l'entre-deux, resterait ce courant alternant de l'un à l'autre, puisant dans l'impuissance d'aimer l'image mère, jusqu'à ce mirage montrant l'éternité qu'un rêve pousse à jeter au crédit de la jouissance. On entre alors dans ce qui peut peindre la rencontre avec ce sujet jeté dans l'arène éruptive de la possession de l'image retournée, retournement du temps en un puissant redressement des couleurs, sexe en érection d'où sort un délicieux traitement, pulsion subite d'un dessin déchirant la blanche tension de la toile exaltée. Dansant depuis l'origine concave du corps introduit, l'orbite illisible du bras dessinant se pare de tous ses attributs pour essuyer la feuille, ôter cette écriture qui vient de l'antériorité illisible et historique, et fouiller les fibres pour passer à autre chose. Frotter le support jusqu'à sa plus sensible compression, là où semble se découvrir l'intérieur, la chair, la matière, la fuite en avant jusqu'au trou, ce trou de la disparition de toute représentation. Le dessin troué, le dessin interrompu, le destin singulier de ce qui trouble la peinture contre la reproduction du même impossible. Toujours est-il que le/la peintre se montre dans la digression, la faute, la naissance singulière qui passe par la reconnaissance du lieu de l'impuissante parole à attraper les battements du cœur partagé.
Sur quelques peintures de Sandra Martagex




Thierry Texedre, le 16 mars 2017.