dimanche 24 juin 2007

étude pour un corps humain





















étude d'un corps humain, 1991 Francis Bacon


étude pour un corps humain
texte en deux parties, lecture musicale dans
le premier volet, et mémoire musicale dans
le deuxième volet. Ce diptyque résonne
comme si une approche devenait possible
d'un volume articulant les deux textes dans
une écoute à deux voix, ce qui remet en
cause la linéarité de toute l'écriture et ce,
dans la modernité occidentale d'une écriture
allusive. Nous touchons au corps qui rend
compte de sa voix à trois niveaux: niveau
de l'écoute musicale (la composition dans
la musique, et son écoute, déterminent la
première partie du diptyque, de sa scription),
niveau de la lecture du texte, et niveau du
temps intermédiaire produit par l'absence
d'une écriture productrice d'un second texte
causé et écrit dans une temporalité autre que
celle de l'écoute/écriture automatique saisie
le plus rapidement et au plus près du corps
musical entendu dans le premier volet. Le
second volet est la trace qu'un corps peut
d'être sujet pensant, et l'écho, la réserve qu'
une musique laisse de pouvoir allonger
l'écriture plus loin que ne le ferait celle-ci
dans la phrase linéaire du langage dénotatif.
C'est le passage d'une musique à une
autre, d'un temps à un autre.

Vision d'après Fratres (1977) d'Arvo Pârt,
en passant par Tableaux d'une exposition
(1874) de Modeste Moussorgski, pour faire
volume et tirer le Sujet de sa division.
Le sujet, on ne lui parle pas. En dehors
du discours pas de sujet, la musique sort
le sujet de l'imaginaire pour faire la double
écoute du discours.



Premier volet (D'après "Fratres", d'Arvo Pärt.)

pour en retirer quelqu'chose
d'égale éternellement étiré
de ce qu'un accord musical
va opérer descente retour tomber
levée dérision d'une élision tel
qu'en lui-même il se doit de
retrouver le trait le point modal
qui va donner tel quel un souffle
un espace pour se retirer tirer
à soi ce dire incessant mais usité
lié mais inaudible tant et tant
de fois remanié manipulé retiré
de sa gaine sexuelle repasser
dessus et l'étendre le redresser
ce dire pour comme lecture le
donner à voir à l'entendement des
communs comme si ceux-ci étaient
de se vider de vidanger la conscience
laissant seul leur inconscient au
travail et plaqué et qu'un rire
s'installe à la place pour avancer
s'inscrire avec d'autres à ce rite
d'être moins sexuel que pulsionnel
sachant que les pulsions renvoient
au désir mais encore au musical
au rythme morveux qui coule dans
nos veines afin d'éradiquer son fou
triste social qui n'en fini pas de
nourrir ses petits pour que la mort
s'en souvienne allons au plus près
du primordial accord d'un corps
dicté par la pensée auriculaire
celle qui montre ce qu'un sens a de
vrai laissant à la marge la mort
son lot de charniers puants et
immondes innommables enterrés
ou brûlés à un autre rythme que
la musique qui monte n'a plus
d'écoute n'a pas encore révélé déliée
à quand une écriture qui scinde sa
peinture pour lui rendre la vue une
vision qu'un corps librement
consentirait à prendre comme vital
pour avancer dans cet état de
déconstruction permanente des espaces
colorés à l'aube d'un temps long.



Deuxième volet
(D'après "Tableaux d'une exposition", de
Modeste Moussorgski, cycle de pièces pour piano écrites entre
juin et juillet 1874, et orchestrées postérieurement par
Maurice Ravel en 1922.)

longtemps généré par un chant
tombé des cieux que la peinture
a repris dans la profondeur
de l'intention de la représentation
allons comment tintent ces couleurs
dans le chant libre des sonorités
du texte à venir du texte de l'écriture
de l'écriture qui pense parce qu'elle
y va de ne pas séduire de ne pas
céder aux impromptus du concert
à y regarder de plus près on l'entend
ce dire prolonger la peinture
partout ouverte ne fermant au plus
toute la raison d'un monde vidé et
au moins l'inconciliable écoute verbale
avec la musique sa césure son zip
son redressement pour voir d'horizon
ce que voir est d'entendre surtout
la peur de l'invisible rêve éveillé
celui pour faire courir l'homidé
au delà des lois qu'il prononce
devant l'infini reproduction des
corps qui n'ont de ressource que
d'appliquer d'abdiquer de marteler pour
faire vibrer les ondes colorées de la peinture
de sa vision oblique par chance
d'avoir existé d'être née sur les
traces-tags poursuites chasses nourritures
salissures morts décompositions pour
que de changer d'apparence produise
une étrange fornication entre la
matière somme blanche réserve et sang
pour que naisse une figure décharnée
une horreur malgré sa musique le chant
que la voix abandonnée va soumettre
à l'intérieur pour lui faire sortir
son savoir pour lui prendre musicalement
sa liberté l'unique éploré face au vide
en plein de la poussée qui pense et
intemporelle de n'y voir ce qui sera
en un autre espace que le délire le lire
l'autre vision d'une même subjectivité
apparition soudaine dans un chant
mesuré et lent plaintif et élevé
spirituel dans un temps court ça
tire dessus et casse quoi mais la tête
maintenant est à l'heure de notre
dire que seule la peinture peut porter
à son plus haut degré d'un temps long
parlant pour qu'un corps encore pense.

Thierry Texedre, le 25 juin 2007.