mercredi 31 mai 2017

Et peindre aussi

Marc Devade - peinture encre sur toile, 1973, 200 x 200 cm




Et peindre aussi

Adieu verve éclectique, adieu jeu du présent suranné, adieu au récit qui ricane dans le vent des ténèbres. Sur quel pied dansent devant moi les soliloques, l'art de rétrécir la parole pour qu'un peu de peinture existe. D'une peinture sur cette peine perdue, depuis l'origine, l'aube céphalée du devenir. Par quelle route abîmée sort ce regret compulsif, dressant sa tension vers cet au-delà monstrueux, l'autre partie délaissée de l'existence vouée à disposer d'elle-même.
Porté par l'étranglement qui souffle sur l'étrangeté de la parole manquée, on peut encore sonner l’hallali, pour enfermer ce risque d’ensemencer des mots sur l'herbe folle, l'étalement pendant le pique-nique de la transition énergétique. Alors quoi, l'esprit serait-il retors à ce point, qu'un peu de pluie sur les commémorations du train-train occultant la peinture ne vienne aux souvenirs rappeler que peindre c'est aussi retirer sa parole du corps en action, bataille contre un support, trame en tension, vulnérable et jubilatoire de la langue sur ce nombre toujours trop déconcertant des couleurs, de leur somme.


Thierry Texedre, le 31 mai 2017.




     

mardi 30 mai 2017

De l'âme ignée

                                             
Auguste Renoir - La Porte de l'Enfer



Le fameux archevêque Navarrete dit que, selon tous les interprètes des livres sacrés de la Chine, l’âme est une partie aérée, ignée, qui, en se séparant du corps, se réunit à la substance du ciel. — (Voltaire, Mœurs, 2.)

De l'âme ignée


Sur l'instabilité de la chair
se convulse l'âme
en blocs éparses
et tiraillements
occultes sur l'étreinte
de la chair avec l'esprit
oh ciel éthéré qui se soumet
au risque de la possession
en tremblements ulcérés
voilà que s'empresse
ce corps inavouable
pour sauter d'un lieu
à un autre en dansant
en chantant l'esprit libéré
de couper court à l'âme
en feu du feu des passions
du feu des délices atomisés
par l'envie d'assouvir
cette distension ce recours
à la chair caressée puis
traversée de toutes parts
ensanglantée par l'esprit
en feu du feu de dieu.




Thierry Texedre, le 30 mai 2017.













lundi 29 mai 2017

Partita





Partita

Suintement
résolu du calvaire
entrée en ces lieux
inassouvis
du vulgaire
du très fond
risque d'avaler
le ressors de la vie
en surimpression
par cette mémoire
qui renverse la loi
pour la raréfier
l'observer et la
gangrener
jusqu'à l'os
bavure
quand
se montre alors
l'insignifiante
exaltation
d'un corps
exsangue de toute
extrémité
de tout toucher
de toute sensation
pour soulever le
problème irrésolu
de la terreur du nombre
corps en nombre
chair innommable
jusqu'au centre
celui de l'inadaptation
de la mémoire
au risque de la mort
de ce dit corps
soulevé et debout
depuis l'origine
du partage.


Thierry Texedre, le 29 mai 2017.









dimanche 28 mai 2017

Offrande

                                              François Peltier - Une Apocalypse à Saint-Emilion







Offrande

Du fracas insouciant
de la terreur de l'être
à tourner et retourner
sa compassion pour
le vrai et le semblable
sort ce reniement du sacré
en lieu et place de la croix
portée jusqu'à la finitude
canonique de la chair
qui rentre dans le même
l'état comme l'étant de
l'infinie matière exposant
sa réfraction à l’œil
du temps parlé en voix
taraudées par l'outrancière
consternation du raisonnement
sensé remonter l'heure
du temps passé en songes
dévoilant le resserrement
mensonger du tout acte sexué
à quand l'esprit qui s'offre
au sillage de la vie
visitant l'emprise de ces démons
jusqu'au fond assermenté
de la catharsis sexuelle
entrain de souffrir
de ne faire parole
qu'en oubliant cette vie
jusqu'au jeu le jouit
de la matière en butée
d'où jaillit la reconnaissance
d'une dramatique illusion
celle du né autre déjà autre
quand la langue s'en mêle.



Thierry Texedre, le 28 mai 2017.







jeudi 25 mai 2017

Suspension

                                                   Fabienne Verdier - reflets de l'eau n°3


Suspension

Sur la plaie du monde
que ne risque-t-on
d'allumer l'enfer
d'un temps au présent
en apparat d'or
et lumière aveuglante
en écrans opaques
la vie s'en va en rires
assouvis devant l'été qui
semble venir de l'étreinte
majuscule des corps enlacés
suis-je cloué au pilori à l'aune
d'une déraison assermentée
par les fruits de l'impie
pouvoir de la chair
qui pleure en joie
grande ouverte aux
tremblements de la pensée
poussée au suicide
par cette suspension
si suspecte et inopportune.




Thierry Texedre, le 25 mai 2017.









vendredi 19 mai 2017

Pleurs






Mort ne vois-tu rien venir
de ta belle robe usurpée
folle nuit depuis l'étreinte
immortelle suaire retourné
sainte liturgie de l'après
et de l'avant du bas débat
réglé depuis l'autre rive
rivière insoumise traversée
par l'illusion d'un blême
renversement âmes damnées
qui franchiront le Rubicon
avant la fatale punition
au feu de ces espérances
impitoyables et jubilatoires
être inassouvi partout
sur la suprême exactitude
d'une fin sans le retour
le grand saut tout à la fois
amour de l'esprit de travers
et la foi en une vie pastorale
jouons l'espace d'un instant
sur les notes excentriques
du petit matin enchanteur
naissant depuis la tessiture
souveraine et ensorcelante
du règne animal en sursaut.


Thierry Texedre, le 19 mai 2017.






jeudi 18 mai 2017

Pas sans nom

                                           La barque de Charon, 1919 - José Benlliure Y Gil























Pas sans nom

Noué par l'effluve
sulfureuse du temps
le risque d'existence
montre ce nom qui met
la mémoire en péril
qui met la seule fin
qui soit en lien avec
ce souffle vulgaire
ce souffle sans nom
voix inaudible qui
monte sur le jour d'après
pour essuyer la mort
la ridiculiser au plus
haut point qui soit
rires en cadence
appel au ciel qui
masque le nom
innommable de la foi
sur l'inquisition de l'esprit
encore montré du doigt
au seuil de la vie
puisse-t-on nommer
encore ces insignifiantes
exactitudes qui s'offrent
au cœur de l'homme
descendu par l'illusion
en un point nommé
départ insoutenable
vers ces maux défaits
par la mort sur un saut
qui écartèle la chair
charriée en sang
chaleur sortie de cette
mémoire un rien retenue
par la lumière perdue
par la lumière ultime
qui déferle sur la voix
désacralisée du présent
là point de descente aux enfers.


Thierry Texedre, le 18 mai 2017.








mercredi 10 mai 2017

Le clou inachevé

                                                    Niki de Saint Phalle - Crucifiction, 1963


Le clou inachevé

Sordide envie
du très fond
insoutenable
de la rivière
corpusculaire
ensanglantée
en putréfaction
entrain de lire
cette isomorphie
du corps dissout
dans l'intrusion
désir inconscient
de l'inconsistance
de la chair face
au risque de mort
de tout amalgame
de toute langue
tout jeu du dehors
devant le cirque
vulvaire qui risque
la naissance
en suivant ce fond
polémique et
invraisemblable
qui détient la mise
à mort du corps
lumière de la vie
usurpation du
souffle pour fuir
la chair en crémation
le temps de pousser
un ultime cri
pour intenter
au suicide de la
dérive des corps
pli du royaume
des morts
enfin dans
l'introduction
ensemencer signe
de l'offertoire
la visitation
de l'esprit avoué
le clou qui rit
de sa terrifiante
extermination
s'efforçant enfoncé
pour traverser
l'esprit de la chair.


Thierry Texedre, le 10 mai 2017.








mercredi 3 mai 2017

Par la force du ciel

                                                                   Pierre Soulages




Par la force du ciel

Sous les nuages de la foi
ressort l'ultime rencontre
avec ce libre arbitre
qui s'offre au vent
violent du cœur désavoué
vendu aux êtres exécutés
de la musique insigne
sens communiqué
aux aboies de la vie
travelling qui puise
dans l'image sourde
et compassionnelle
du souffle divin de
la misère inspirée
par la chair excommuniée
voilà le temps obscène
qui s'approche de cette pluie
d'exactions trop ténues
trop faiblement astringentes
juste pour faire entendre
au corps sa douleur
jusqu'au fond supporté
de la misère de l'âme
absolue devant l'éternel
lumière dépossédée
ne vois-tu pas venir
l'art malin du temps
qui souffre par la force
du ciel occulte et
inépuisable et lisible en
communiant au désir
de la chair sa finitude.






Thierry Texedre, le 3 mai 2017.