Et
peindre aussi
Adieu
verve éclectique, adieu jeu du présent suranné, adieu au récit
qui ricane dans le vent des ténèbres. Sur quel pied dansent devant
moi les soliloques, l'art de rétrécir la parole pour qu'un peu de
peinture existe. D'une peinture sur cette peine perdue, depuis
l'origine, l'aube céphalée du devenir. Par quelle route abîmée
sort ce regret compulsif, dressant sa tension vers cet au-delà
monstrueux, l'autre partie délaissée de l'existence vouée à
disposer d'elle-même.
Porté
par l'étranglement qui souffle sur l'étrangeté de la parole
manquée, on peut encore sonner l’hallali, pour enfermer ce risque
d’ensemencer des mots sur l'herbe folle, l'étalement pendant le
pique-nique de la transition énergétique. Alors quoi, l'esprit
serait-il retors à ce point, qu'un peu de pluie sur les
commémorations du train-train occultant la peinture ne vienne aux
souvenirs rappeler que peindre c'est aussi retirer sa parole du corps
en action, bataille contre un support, trame en tension, vulnérable
et jubilatoire de la langue sur ce nombre toujours trop déconcertant
des couleurs, de leur somme.
Thierry
Texedre, le 31 mai 2017.