lundi 4 août 2014

Rhapsodie du délice de ces hématomes








Rhapsodie du délice de ces hématomes

...Petite possession qui ondule sur cette inopinée errance qui sied à la chair, voilà bien là le risque d'attraper l'interminable désir du corps inassouvi. D'une fausse altérité de la peau, voilà ce qui reste d'une irritation luisante de ces pores tuméfiés. Un reliquat d'étouffement de la parole qui se soulève soudain pour se risquer à la souffrance. Soutenu le corps élevé à la parole inaudible, rentre petit à petit dans une terrifiante austérité de la vie. Courtisé par la mort de l'autre, ce corps se dissuade encore d'en finir avec le jugement de Dieu, juste ajusté au corps dans ses plis de la peau, le voici, comme médusé et méconnaissable, riant de ses accoutrements, en grimaçant, tout dégingandé qu'il est, pour faire face au soleil devenu noir aux yeux du répliquant déplié, en face, par-delà la parole vulgaire.Taraudé par le mauvais esprit qui soudain soulève la voix, voici l'arythmie qui ronfle aux oreilles du foutre tatoué et désespéré, pour l'enivrer de quelques chants illicites, jusqu'à la vilaine défloraison du timbre de ces mots alléchants, qui rauquent sensuels pour trousser la nudité du corps avalé, par toutes les phrases évanouies. Schisme de la concrétion de ces sens sans se risquer – les sens de la grammaire impitoyable d'une reconnaissance du lieu effréné qui sied à l’œil épuisé et rond et ouvert – pour jeter jusqu'à l'impuissance le jaillissement de sa gangrène, pour voir le jet trop blanc, pour jouir de la pureté d'un seul coup. Hémorragie qui prend par la main le cloaque de la peau ridée de rire de ses plis puissants par l'envie de la mort, l'anesthésie de la fin, l'illumination tant dévorée par les mots malotrus... Il faut vandaliser l'écriture, la faire sauter, l'appauvrir de ses digressions inventées pour représenter ce que le sens tentera d'exclure sous la forme de signes-indices qui convoitent l'infiniment grand de ces aires ignominieuses, de celles dont on croit naître dans l'ivresse de la reproduction insignifiante du corps d'écriture voué à extraire du corps ce qui l'a fait parlant dans l'être « chair ». Le voilà dans sa consistance à mourir en paria dès la levée des corps atomisés depuis l'impossible résurrection du même ; extirpé le corps sera de l'idiome de cette impuissance du langage, qui vient tinter aux oreilles du dire infini, comme calamité divine des corps enfouis dans l'inconscient...






Thierry Texedre, le 4 août 2014.