Rhapsodie du délice de ces hématomes
...Petite possession qui ondule sur
cette inopinée errance qui sied à la chair, voilà bien là le
risque d'attraper l'interminable désir du corps inassouvi. D'une
fausse altérité de la peau, voilà ce qui reste d'une irritation
luisante de ces pores tuméfiés. Un reliquat d'étouffement de la
parole qui se soulève soudain pour se risquer à la souffrance.
Soutenu le corps élevé à la parole inaudible, rentre petit à
petit dans une terrifiante austérité de la vie. Courtisé par la
mort de l'autre, ce corps se dissuade encore d'en finir avec le
jugement de Dieu, juste ajusté au corps dans ses plis de la peau, le
voici, comme médusé et méconnaissable, riant de ses
accoutrements, en grimaçant, tout dégingandé qu'il est, pour faire
face au soleil devenu noir aux yeux du répliquant déplié, en face,
par-delà la parole vulgaire.Taraudé par le mauvais esprit qui
soudain soulève la voix, voici l'arythmie qui ronfle aux oreilles du
foutre tatoué et désespéré, pour l'enivrer de quelques chants
illicites, jusqu'à la vilaine défloraison du timbre de ces mots
alléchants, qui rauquent sensuels pour trousser la nudité du corps
avalé, par toutes les phrases évanouies. Schisme de la concrétion
de ces sens sans se risquer – les sens de la grammaire impitoyable
d'une reconnaissance du lieu effréné qui sied à l’œil épuisé
et rond et ouvert – pour jeter jusqu'à l'impuissance le
jaillissement de sa gangrène, pour voir le jet trop blanc, pour
jouir de la pureté d'un seul coup. Hémorragie qui prend par la main le
cloaque de la peau ridée de rire de ses plis puissants par l'envie
de la mort, l'anesthésie de la fin, l'illumination tant dévorée
par les mots malotrus... Il faut vandaliser l'écriture, la
faire sauter, l'appauvrir de ses digressions inventées pour
représenter ce que le sens tentera d'exclure sous la forme de
signes-indices qui convoitent l'infiniment grand de ces aires
ignominieuses, de celles dont on croit naître dans l'ivresse de la
reproduction insignifiante du corps d'écriture voué à extraire du
corps ce qui l'a fait parlant dans l'être « chair ». Le
voilà dans sa consistance à mourir en paria dès la levée des
corps atomisés depuis l'impossible résurrection du même ;
extirpé le corps sera de l'idiome de cette impuissance du langage,
qui vient tinter aux oreilles du dire infini, comme calamité divine
des corps enfouis dans l'inconscient...
Thierry Texedre, le 4 août 2014.