dimanche 25 février 2024

Ce qui pousse à jouir

 








































Ce qui pousse à jouir

Tesfaye Urgessa touche à l’essentiel quand il peint, toujours l’action qui s’interpose entre l’origine et le présent de l’artiste, mais encore l’origine d’une composition qui se remémore la migration qui s’ouvre entre une histoire de l’art comme détection d’un savoir livré aux désirs de mettre un coin où ça fait mal de voir le même sans cesse, et l’expérience personnelle de la dite migration sans cesse en présence, sans cesse en devenir, poussant l’existant dans les retranchements de l’objectal. L’artiste crée parce qu’il fait souffrir le monde indéfini, le monde des mortels, le monde de la représentation, le monde des émotions, le monde de l’insupportable consistance du subconscient qui fait polémique à cause de ce qui se passe à l’extérieur de la toile. C’est ce qui pousse à jouir le temps de peindre. Le temps de la chair qui frôle l’inapproprié, l’illusion est à son comble alors. Allez voir ce que d’autres décrivent d’une peinture qui soulève l’intimité et la migration de l’artiste qui par ces images peintes nous embarque dans un sens du social qui épuise le réel, ce réel qui a trop refusé et refoulé l’acceptabilité raciale. Tesfaye Urgessa tente une approche du corps qui laisse parler Pablo Picasso, Lucian Freud ou Francis Bacon, tout cela pour nous emporter dans de troublantes images aux tons bruns et vert, dans une surimpression de membres nus puis coupés, posés comme contractés, distendus, allongés ou rétrécis, les visages décharnés, mais pourtant plein de frustration et d’attention, de questionnement. Les toiles dans leurs proportions, souvent des carrées aussi, montrent les personnages semblant nous impressionner, nous dominer. Jusqu’où l’inconscient peut-il travailler pour nous laisser entrevoir de nouvelles formes, de nouvelles associations picturales incitant alors la peinture à déposer l’histoire et rencontrer notre addiction sociale la différant ainsi d’un sens qui n’a plus l’objet de la décence, créant une récréation à notre vue, un temps dépossédée à trop recevoir d’images déconstruites, je veux dire par là qu’elles sont hélas ces images impossibles à développer une intelligence face à ce réel discontinu et contigu.



Thierry Texedre, le 25 février 2024.



 Tesfaye Urgessa (1983-)

artiste peintre plasticien Éthiopien

né à Addis Abeba, Éthiopie

vit et travaille à Nürtingen, Allemagne