lundi 11 décembre 2023

L’espace reconsidéré chez Jorinde Voigt

 

 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 L’espace reconsidéré chez Jorinde Voigt


Si on retrouve des accointances entres certains artistes, certaines liaisons sont plutôt le résultat de parcours très différents. Une ressemblance ou bien un recoupement temporel dû au fait générationnel plus qu’à un regard saturé d’approches picturales préoccupées d’idéologies encartées dans une régression figurative ou expressionniste. Ici, penser montre un tout autre chemin pictural. « L’artiste cherche à développer des méthodes appropriées pour comprendre la constitution interne des images archétypales, ce qui se cache derrière ce que nous voyons, et comment ces images peuvent être vécues collectivement ou partagées. » La grande différence avec une peinture conceptuelle, réside dans l’approche collective du traitement pictural ici encore une fois mise en évidence par une cartographie comme réceptacle primaire d’une mise en avant d’une peinture contre ce qui le met en scène et le rend individuel. Jorinde Voigt est née en 1977, plus jeune de 7 ans que Julie Mehretu et 6 ans que Jessica Rankin, et par là même on remarque des rapprochements malgré l’éloignement géographique de Voigt qui est allemande. On retrouve aussi une recherche parallèle sur la mémoire chez Naomi Middelmann. artiste suisse. Si leur travail est différent, des réalisations des méthodes largement opposées, pourtant, les trois artiste semblent montrer une quête qui a pour effet l’apprivoisement d’un système mondialisé et déterminant une perception qui procède d’un même territoire. Une immersion, une quête, une graphie du temps, de la perception, de la mémoire et de la connaissance. Il y a comme une vision du dessus, combien même la peinture se voit de face. Ce qu’on ne peut voir ni penser pour la représentation, montrer une figure compréhensible par ses liens avec l’objet dans une symbolisation qui fait passer l’esprit, le signifie, par l’usage d’une lecture, une reconnaissance verbale, la langue. Là, l’artiste dessine dans l’espace des concepts, des flux de données impossible à déterminer sans l’usage de perceptions autres, satellitaires, informatiques, de l’intelligence artificielle, de captures macroscopiques et microscopiques, etc. Tous ces territoires frôlent une certaine saturation. Souvent Jorinde Voigt nous fait voir cette réalité surdimensionnée où l’individuation est montrée comme un dessin une microscopie en plongée, une immersion électrique [Son intérêt pour la musique l’a amenée à montrer des expériences musicales sous formes de vagues, d’ondulations résonnantes. Une forme revient, récurrente, le tore, « comme une équivalence qui existe dans le dialogue continu . Le Torus reconnaît à la fois notre perception de nous-même et parallèlement, la manière dont nous sommes perçus »] peut-être dans le risque d’attenter à toute perspective, même celle du corps de la dépense, on croit encore qu’il y a une possible réévaluation, faut-il repenser l’espace, n’y en va-t-il pas autrement, aujourd’hui, de cette mise en tension de l’espace à reconsidérer ? Et la couleur là dedans me direz-vous ? Il ne tient qu’à vous d’aller résoudre cette énigme en parcourant les graphies de toutes ces transparences. Le temps n’est-il plus coloré quand on se risque à montrer le monde en surplomb ?




Thierry Texedre, le 9 décembre 2023.


Jorinde Voigt (1977-)

artiste peintre et dessinatrice allemande

née à Francfort sur-le- Main, Allemagne

vit et travaille à Berlin