mardi 1 mars 2016

De la béatitude du vide






De la béatitude du vide


Belle ignominie que ce saut intransigeant dans l'instable itinéraire de la vie. Comblée, celle qui revient en mémoire pour esquiver la fin, la dénaturer dans ce risque d'existence, dans un appel au cri insidieux de commencer autre chose. Voilà bien là ce révérencieux vol au plus élevé des maux, misère de l'exactitude de la fin devant ce qui sort de la douleur comme rencontre avec l'autre rive. Dédiée à l'arrière de la vie, cette finitude ne servira que la cause d'évoluer dans ce développement récréatif qui sied à l'environnement de l'acquisition de la parole, pourvu que celle-ci rentre dans l'ordre inapproprié de l'ouïe. Extraction du social via ce qui le met en stase, forme délibérée de l'extension de la vue sur l'ultime réfraction de la pensée. On sortirait alors de ce qui veut bien penser la fin, pour immortaliser cet objet du désir fractionné, pour avoir évolué dans un site impunément abjecte : celui de l’œil comme altération de la chose dite, dictée qui va de la parole à son atomisation dans l'impossible résolution de la vérité de ce dire, tant que dire sonne l'ordre d'exister en commun. Véridique saut dans l'inconnu, en nuées obscures d'une rencontre avec un sujet clivé, pour avoir touché au plus près cette irruption du corps dans la tentation sexuelle ; risquant par là d'explorer la représentation, images répétées d'un étalement des sens sue un corps de chair voué à renaître de ses cendres dans l'érotique, et la peinture aussi, haute en couleur, en peau couchée dans ses battements cardiaques, vibration des atomes qui plongent les zones érogènes dans une variété de tons éruptifs. Érudition de la chair qui croit rencontrer son volume en peinture, et le chante en musique pour taire cette loi dont on retire de la parole l'esprit. Chasse gardée de la vie qui voit ce que la mort n'aura de cesse d'exagérer : l'exercice illégale d'aimer, pourvu que la nativité se voile en peinture. Plus près de nous, ce qui sonne aux oreilles du fou, l'exagère, le rend sourd à l'excavation de ce qui tient l'ordre du corps, les membres asexués du corps ouvert à la mort par cette naissance autre, et ce quand le temps disparaît. Traficotage qui se met en branle, entre l'art et la loi, commencement d'une histoire, sur le viol de la parole par l'écriture. On prendrait vite pour habitude de croire à cette musique dont on rend compte aujourd'hui de ses jeux dans la lumineuse reproduction ininterrompue de l'espèce humaine, pour en finir avec le jugement de l'art. Vive cette vie ensanglantée entre chair et plaie, entendement de l'espèce qui ne croit plus qu'à jouir de l'immanente exactitude de la mise à mort de l'animal, extinction pour couper court à l'animalité du corps pensant dont la pornographie rend compte en filigrane, et qui n'est là qu'à causer du temps dépassé. Un voile étrange s'étend sur l'astre inaugural qui touche au paradis perdu, pour laisser comme un puissant recouvrement de l'âme par l'éternité vulgaire du corps sans lieu ni destin. On entrerait dans un temps où la béatitude du vide semble résoudre l'infection qui a lieu depuis l'origine de la vie, vide qui pour le moment n'existe pas.




Thierry Texedre, le 1er mars 2016.