lundi 26 décembre 2016

Éclats








Éclats

Rouge, le temps de se lever, voir ce sacré comme quelque chose d'intentionnel, récréation à la dérive du dire inapproprié. Chose qui fend l’œil, le malmène, l'encercle tel un ressac, et la lune qui se souvient que la terre voit le jour. Attente, regard baissé sur un sol bleu nuit. Rencontre avec les opercules qui couvrent l'espace de l'esprit, les lucidités, les improvisations de ce silence qui tombe. Ne plus voir. Entendre ce silence qu'un trop plein de jour va retourner comme une insatiable rédemption, répétition d'un autre écrin, vie en catimini de cet appel du cirque en dedans.

*

Vocifération
du cul de braise
par les chiennes
de vies virées dans la contre-allée
du temps tendu
comme un arc debout fléché

perle indécente sous sédatif




*


Thierry Texedre, le 26 décembre 2016.






jeudi 22 décembre 2016

Vol de l'insistante vie



Vol charismatique du transfert contre la langue interpellée. Voilà le simple ressort de la voix qui couche sur la chair cette peau de l'illisibilité des mots en maux extraterritoriaux. Sombre affaire du choc de l'émeute d'une émotion devant sa peau en cessation d'être, état de l'insubordination du dedans entrain de monter à la surface des choses, en représentation même de l'élocution qui bute sur ces choses arc-boutées et prêtes à en finir avec cette sombre machination de l'écriture malsaine et véridique contre la vulnérable éradication de la chair.

*

Paysage de bon gré
grande ingratitude
envers le vol
irraisonné de l'air
en fantasmagories
et jeux interdits
sur le dos de l'herbe
sur le compte
de la plaie
ouverte de dos
languissante
entrée dans l'antre
de ces pôles défaits
épuisante cuisse
assise en tailleur
sous le ciel silencieux
partout luit
lustre interminable
l'origine masquée
du renversement
des choses
pantomime que ce
bivouaque
de la raison
qui draine l'or
cheveux de lumière
qui tapissent l'herbe folle

*




Thierry Texedre, le 22 décembre 2016.





vendredi 16 décembre 2016

Affection et sens






peinture de Chabel Samuel Aoun

Affection et sens

Que reste-t-il du fait religieux, sinon dans sa mise en abîme, du doute en une laïcité lacéré, laminée, contre le mur d'images atomisées, sans cesse promises à la dépense, avec le droit d'exercer la religion de son choix ? Avec le bonheur de cette liberté qui se perd à mesure que le doute n'est plus permis !
Terre de la compromission. 
Voilà la contemplation et une tentation sur l'astre à découvert, depuis cette impossible verticalité, pour aller vers ces hautes aires chantées en partage ; là-haut que referme ce jouir sur un corps de la passion. Tentation du rejet, regard polémique de la tyrannie partout aux jours d'aujourd'hui, et pour les siècles à venir ; sonne les cloches de ces croyances éphémères. 
L'attention.
Voilà ce qui tombe du ciel. Voir ce qui lentement progresse en tous sens depuis un moment improvisé ; pourquoi ne pas rencontrer l'impossible tentation qui s'ouvre par la gloire qu'un corps aura entendu, depuis cette chair infortune qui habille quelque joie en paroles si paisibles pour le cœur.

*

Ce serpent du rejet
jouit-il par dieu
pour mordre ces lieux
inaudibles en prières
l'enfer ment-il
pour asséner le feu
des plaisirs lubriques
sur des corps encensés
corps épais et
brut mourant
par ses paroles
poussées jusqu'au cri
l'eau étreinte
de l'éternité
puisera la puissance
l'exhortation
de ce corps laid
à souffrir et martyr
dans les chairs
ouvertes de la naissance
pour étreindre
les braises de l'amour
étendu en poussières
par la vérité
parcourant le sens
la transfiguration
la passion

*

Coulée de boue en étirement, matière organique quantifiée par ces mains pressées, là monte le temps d'une imposition des mains, prière. Par ces monts dépossédés quel corps saura rencontrer l'autre face cachée ; soleil du jeu passif de la lumière sur cette chair inappropriée.


Thierry Texedre, le 16 décembre 2016.






jeudi 15 décembre 2016

Contemplation







Contemplation

De cet ostensible intérêt pour ce qui a trait au pouvoir de peindre aujourd'hui, partout un peu d'extension, un rien de déhanchement du corps sur l'origine du monde, l'interdit qui montre ce que peindre enfin retrouve, pour retourner ce sujet indigent, indigne de voir de face cette intense volatilité de la peinture. Retrouver cet accord dont on sait que la musique touche l'irremplaçable songe en notes intenses, en notes lentement réverbérées depuis le haut de la tête vers ce bas insignifiant et pourtant trempé dans l'attention qu'un corps de chair évacue de sa peau en érotique contusion/contorsion pour espérer voir.

*

Un signe l'ourlet
qui fait et défait
la peau pour lier
et délier le ventre
de la terre déterrée
terrible tentative
de trouver ce traitement
tentaculaire de la tête
en tyrannie et tache
qui touche tout
de même au mensonge
de même à la mort
mimêsis sans manière
imitation du massacre
contre la manière
de se montrer matière
alors là aussitôt
se tait la tessiture
de la traque
qui fond sur les sons
en peinture et rature
pour un risque
du risque ridicule
de renverser le temps
combat d'une entrée
peindre et musiquer
montrer et écouter
la peinture écoute
son sujet entrain
de composer la musique
qui peint l'esprit
l'image d'un retour
sur le corps sonné

*

Faut-il que cette peinture souffre comme sur la dépense qu'un corps sait de ne plus mettre en mémoire la musique de son image en découpe, en carnage, en explosion du flux de ces couleurs aromatiques, pour manger ce qui manque à la mémoire, pour manger l'envie d'en finir avec ce qui vit contre ce qui pense.





Thierry Texedre, le 15 décembre 2016.








Fabienne Verdier - Marcher 2015 - peinture acrylique sur papier "Moulin du Gué" 183 x 268 cm 












mercredi 14 décembre 2016

Glossolalies





Glossolalies

Aaaaarrh contingence du fil
conducteur compromission
de quel brouhaha ce miasme
insupportable continue-t-il à
enfreindre la loi par le flip-flap
de l'eau qui coule dans la tête
liquide asymétrique du blabla
foutu et décollé détaché du
vrai crash des mots effacés
par le temps déjà toc-toc hoquet
laid raréfié le voilà ce ratage
hum-hum de la réflexion serrée
effarante résolution du concis
au bout du bout de la peau
pas sûr que la potion va suffire
à finir ce qui fut commencé
du vomi de la naissance nue
et pourtant aah en cris et crac !



Thierry Texedre, le 14 décembre 2016.







Antonin Artaud - portrait par Denise Colomb








lundi 12 décembre 2016

Hystérie ou histoire



                                                            Hans Bellmer (1902-1975) – Série des poupées 


Hystérie ou histoire

Course insurmontable de la parole sur ce récit en suspension, sourde écoute, fermeture du front, guerre impitoyable contre ces sons si souvent répétés, jusqu'à leur utopie déchirée, là où se niche la surdité qui tient bon pendant que la mémoire se met en branle. La polémique fait rage en bas, en deçà, là où se montrent les affaires de l'image encore recroquevillée dans ses songes en mode diurne, sinon en état de cessation de la béate et récalcitrante excitation vénale. Pour ce qui s'apparente au sommeil, l'extrémité de l’œil - là où il se retire en influx nerveux, vers sa disjonction avec la lumière, là où le repli est un acte électrique servi au cerveau - ira se montrer comme un rêve nocturne qui traque ce qu'un œil peut exercer de sa tentation d'éclairer ce qui s'indice, ce qui touche à l'extérieur du corps pour le décoder. Au milieu, entre les deux se tient l'inconscient.

Thierry Texedre, le 12 décembre 2016.






dimanche 11 décembre 2016

Du soi et de l'absolu





Sofia Gubaidulina (née en 1931) compositrice russe.






Du soi et de l'absolu
[humain / banal vs divin / céleste]
On ne peut accepter l'idée du rythme ou de la durée comme matière.

*

Frôlant ce qui s'offre
au regard incantatoire
l'ivresse du temps présent
s'empare de ce partage
qui crache au ventre
irruption de soi
vers cette haute
irrésolution du son

*

Ce qui frappe tant l’œil intransigeant, c'est de renvoyer les sons au système de la foi, de la croyance déplacée au risque de voir (couleurs en suspension, onde de choc) cette toile de (l')en-tendu(e) devenir extérieur, de cette banalité du corps expérimenté dans sa mise en mémoire tampon, de ce développement, de ce dévoilement de la peinture ; comme fond impossible de la visibilité d'une matière qui pense. Serait-ce cette a-matière, ce vide dont on pense en plein, qui ose s'exhiber contre ce soi disant que parler montre trop l'image pour qu'on se souvienne de cette vérité qui cherche la vie ?


Thierry Texedre, le 11 décembre 2016.







vendredi 9 décembre 2016

Du corps amoureux

Thierry Cauwet - le damier (série renaissance), 1983 ( 36,5 x 29,5 cm )




Du corps amoureux

D'un regard insatisfait, l'extériorité du corps désavoué semble s'emplir d'une rengaine, d'un désenchantement face au ressenti qui s'empare d'une foule, d'un amas, d'une convulsion habilement habillée depuis cet horizon macabre, expression d'une incertaine et vaine exactitude de la mort martelée. Course indiscutée de la foule qui troque sa vie contre ce sacré, ce monumental essors de la matérialité/instrumentation, pour satisfaire à cette exigence d'un esprit lié à cet alternatif savoir sans fin remisé à la parole pour orbiter ce savoir indistinguable de la parole, pour le mettre au plus près de ce qui invente : le sujet d'un corps parlant. Corps qui raisonne et observe dans la mesure et l'émotion de ce qu'une peinture peut d'exorciser la figure tabulaire d'un récit exagérément mis en image par cet émotion/rêve insupporté par l'inconscient en procès.

*

Suture de la chair
sur les plaies
de cette onde
passant le temps
en dérive
jusqu'au fait
fatidique déclic
de la rencontre
avec l'arraché
dessin opérant
un retour sur
l'antre de la vie
qui s'ouvre
en écartant
les lèvres
rebondies
de la douleur

*

Réquisitoire
de la mort
qui s'évertue
à revenir
pour empêtrer
la vie dans
d'insurmontables
pandémies
de s'extraire
de l'élever
de s'enlever
du corps pesant
qui tombe
en rebonds
sur une terre
terrassée
une tentation naît
alors pour ce corps
qui méconnaît
l'impossible
désir d'effacer
les battements
de la chair
celle d'aimer

*


Thierry Texedre, le 9 décembre 2016.







lundi 5 décembre 2016

Du dire et du front









Wassilly Kandinsky

« … Composition VI (1913), 195 x 300 cm. Après six mois d'étude et de préparation du tableau, Kandinsky voulu que son travail évoque une inondation, le baptêmez, la destruction et la renaissance en même temps. Gabriele Munter lui a dit qu'il était piégé par son intelligence, et qu'ainsi il ne pourrait pas atteindre le vrai sujet de l'image. Elle lui suggéra de répéter simplement le mot « uberflut » ( qui veut dire déluge ou inondation), et de se concentrer sur le son plutôt que sur son sens. En répétant ce mot comme un mantra, Kandinsky a retrouvé la voie, et a terminé le travail monumental en l'espace de trois jours... »






Mel Bochner - Langage 2014










Du dire et du front

Quelle effluve ascétique vient, alors me voici prostré au seuil de l'impossible résolution d'un récit, depuis lequel je dois pourtant m'affranchir, infinie indécence des sens, et m'extirper, pour chasser cette monstruosité, cette excroissance qui a lieu au milieu d'une mer sans marée, d'immondices, de fait, l'ordre pléthorique de toute représentation en musique ( parcours d'une découverte de la matière/chair que le temps pluriel occulte encore), surévaluation et encensement pour mieux être en accord avec l'immédiateté/l'instant qui peut le rêve : il y va déjà du chaos.

*

Coup pour rien
résurrection
mort
explosion
implosion
temps bitumineux
prose tentaculaire
animalité
risque de rejet
jet
pulsation
cœur
couture
convulsion
détention
électrocution
électron
matière
fin
de quelle excavation
de quel assaut
contusion
information
rétrécissement
origine
point
nœud
expansion
retournement
entrée
en sortie
croisement
de l'univers
qui fiche les sons
dans l'inconsciente
surdité de la poussière
des corps
exhumés du temps
de l'oubli

*

On traite ce renfoncement de la parole comme si cette parole était actée, mais faire de la parole un dire n'est pas encore la partie qui se joue du point de vue de l'animalité réelle.

*

Depuis cette sorte de front commun qui frotte et force le corps pour qu'il se délite dans la parole insatiable de l'exclusion de l'animalité/matière du corps, aucun régime fut-il autoritaire n'a eu de prise sur la surdité, l'absurdité de la parole, fut-elle celle plus proche liée par les signes aussi distinctes que ceux d'une écriture analytique et/ou impliquée.

*

Strates de la ligne
insoumise du front
qui s'offre au regard
désuet de la vue vide
contre cette sourde
expiation de l'avant
en sons dépliés
pour que l'être
s'exhibe délibérément
trop nu pour être
ce corps de l'entendement
ce sacré qui s'étend jusqu'aux
portes de l'enfer
enfournant ses miasmes
de membres arrachés au temps
le cloaque de l'enfermement
du fou fatidique
plonge dans l'agglomérat
des sons embaumés
jusqu'aux cimes
illettrées de l'autre rive
vite enivré le corps
éventré se soulève
encore dans la mémoire
des béatitudes
et des barbaries
jusqu'à la fin
depuis le début
en état de lévitation
à l'instant même
où s'effeuillent
les senteurs éparpillées
des fleurs dégoûtées

*



Thierry Texedre, le 5 décembre 2016.






Mel Bochner - Silence! 2011







Mel Bochner - Barbara Gallery Cracovie, 2014










Mel Bochner - Rien 2015








vendredi 2 décembre 2016

Récréation






Récréation

En touchant au seuil
éminent de la folie
quel pur folklore
de se dresser au lieu
indiscret de la parole
de quelle veille
de quels oripeaux
cette parodie
s'empare-t-elle
a-t-on toujours dit
sur une musique
qui frôle l'art le grand
l'insupportable
raisonnement
entrain de croire
que cette musique
est celle de ce dire
qui coasse et caquette
en s'évertuant à compter
les notes des mots absents
un peu comme le vide
émeut celui qui écoute
pour dresser l'écriture
d'une nouvelle parole
ultime vérité
du néant imposé
comme sens du vrai
et temps du fou
foutu





Thierry Texedre, le 2 novembre 2016.





jeudi 1 décembre 2016

Le silence sans ratures







Le silence sans ratures

Fourvoyé le silence s'éteint au bout de la phrase, pour lancer cette sorte de monde inintentionnel. Trauma de la parole face à ce silence qui s'offre au tempérament de la désertification du sens. Devant cette offuscation de la mise à mort de la parole passée sous silence, la phrase occultée se retourne en une elliptique forclusion (fermeture/ouverture au vide) de ce sens, pour passer par ce que le son semble risquer. Tentative de cette multiplication des sons pour entrer en accord avec cette puissante injonction (ordre) de la réceptivité des sons : une coagulation entre temps et mémoire. Mémoire de formes phonatoires et d'espaces qu'un silence n'aura de cesse d'exercer en s'allongeant jusqu'à ce qu'une temporalité s'en sorte, mêlé à un lieu musiqué, comme image auditive a-posteriori. Porté par l'instrument, le silence ce sens est comme mis en surbrillance par l'entendement qui s'ouvre au commencement de la mémoire : la mémoire serait alors cette incursion dans ce que le temps ne peut manquer, depuis la phrase synthétique du temps absent au commencement, commencement du silence comme extérieur de la mémoire dont on se souvient - en ratures - des sens.

*

Touches sonnant
aux oreilles
où règne
l'enfermement

*

Risquant de tourner
en rond
les sons
du silence attaché
se couchent sonnés

*





Thierry Texedre, le 1 décembre 2016.







mercredi 30 novembre 2016

De la surdité

                                           Vladimir VELIKOVIC (né en 1935), Exit Fig. VIII, 1979-80,








De la surdité

Sous le vent soulevé
de cet air entré en apothéose
le récit sauté en lévitation
rejette toute sa syntaxe
ce vide palimpseste
qui s'ouvre au jour
incriminé et criminel
volé de ce corps exhaussé
par la gloire de la vie
ridicule et enfumée
tremble de ces sons
sur la sourde échéance
d'un homme nu
pour avoir cherché l'envie
à l'envers de la vie
là se montre ce monstre
qui caracole
au devant de la mort
insouciante
insoumise
immanente
et immatérielle
trop avoir tardé
de craindre la parole
resplendissante
ce corps en cadavre
trop désossé
se sera plaint au moins
une fois juste avant la fin
par l'assourdissante musique
d'être ce souffle
qui essouffle
qui effeuille
qui fredonne
l'étranglement
de la parole au plus juste
au plus court chemin
au plus près du front
là où la chair frappe
fort pour en jouir
je jette le discrédit
à la figure de ce verbe
détaché dont je suis
à l'heure de notre mort.


Thierry Texedre, le 30 novembre 2016.










lundi 28 novembre 2016

Désert

Robert Rauschenberg - Cactus Custard (Hoarfrost)







Désert

Présence bien tempérée du sable, sordide extraction du sol d'un corps étranger qui étrangle la vue en vision, chaleur sans vie partout, plantes qui suintent au matin sans la pluie. Vertige sur pieds de la marche ensablée longeant les dunes improvisées par le vent. Ventre entendu, serré jusqu'à la faim, et cette soif qui monte jusqu'à l'ensevelissement. Là ou ailleurs, combien de cactus s'étirent jusqu'au ciel rougi ?

*

Combien de temps
la peinture aura pour peindre
cette soudaine réfraction
de la lumière sur le sol
aseptisé par l'improbable vie
qui s'en sort
à la nuit occultée
par le pinceau dépecé
par le jaillissement
interminable de l'écume
du jour en tête
et bouche-bée.

*

La seule exterritorialité du temps, là, se montre partout depuis cet horizon sans lieu, sans image, à chercher celle qu'une peinture peut. Partir en longeant les courbes sensuelles de ces sables qui se meuvent à mesure qu'on approche de la vérité. Sables de ces mirages putréfiés et dressés devant, pour montrer cette peinture avant sa mise à mort sur la toile. L'embaumé des grains infinis de la surface aseptisée se fondent dans la pâleur du sol qui aveugle et brûle la peau ; la chaleur irréelle du soleil essouffle la peinture juste avant sa mise à mort, sa disparition à montrer cette mémoire toute exposée au jour replié sur l'envers du décors, sur le sommeil en rêves opulents.


Thierry Texedre, le 28 novembre 2016.









dimanche 27 novembre 2016

Saut au bord de l'étreinte

Woman I - Willem De Kooning





Saut au bord de l'étreinte

Un certain pouvoir d'extraire du corps cette sortie de la chair, voilà le ressentiment qui monte, vers cette haute existence, celle dont on sait taire l'être pour laisser aller la surface, d'une certaine peinture qui s'offre au regard, risque de l'impuissance de la certitude face au traitement de l'impulsion ; tranche de vie de la chair montée en peau de vie des sens qui dansent sur la toile tendue et découpée par le temps de la jouissance et des couleurs de l'exultation.

*

Commencement et résignation
de l'étreinte écrasement le long
des jambes écartèlement du fond
impossible à renverser fission
d'une autre effusion
du sang jeté du caleçon
serré sur l'artillerie canon
qui tonne une somme d'avortons

*

Si sonne le quart d'heure de l'expulsion, ça tremble en haut, pour déverser cette incompétence d'exister sans le frôlement de resserrement bitumineux du rapport sexué collant à la peau de l'être irréel ; là la face cachée de la reproduction semble se taire, pour monter en puissance, petite musique qui s'envole par l'air de rien, par l'air (du parlé) découpé de l'envers du temps, l'impossible finitude de l'acte-en-duel avec son corps.




Thierry Texedre, le 27 novembre 2016.






vendredi 25 novembre 2016

De taire la peinture


Murmure du silence 1914 non signé - de Gibran Khalil Gibran



De taire la peinture

Compromission de la partie jouée, l'inquisition de ce très haut jeu de la parole en chant, voilà qui confère à la figure ainsi découverte une sainte image qui serait liée à la surface du temps : l'immanente expiration de la chair en dire du peu qui soit en une extrême finitude de l'image peinte. De cette extrême limite que l’œil peut percevoir dans l’insécable matière de la mise en peinture d'un dire qui se referme dans la chair pour n'en plus ressortir qu'en tirant sur la peau du peint.

*

Visiter ce risque d'entrer en lumière
vent venu de l'arrière
du temps décalé fier
est l'être qui souffre l'air
d'écrire en nuages clairs
sur le blanc manteau qui enserre
la tendresse de la chair.

*

Par quelle prouesse l'art du peint (qui se mesure au dire) se voit-il ? Comme le corps qui se montre nu, et aussi par ce qui le déshabille, depuis ce mur (objet qui s'en sort par un certain départ un transport/transposition ) en peinture qui est mis en chair, dans un retournement de la tessiture/matière qui s'offre au regard/départ de ce corps impossible à montrer en peinture.

*

Choir de ce peint
pour tomber sur la fin
dernier ressort du lien
occupé par le sein
en nourriture rien
que ce qui lui vient
du plaisir ultime des reins
sur le peint enceint.


Thierry Texedre, le 25 novembre 2016.







mercredi 23 novembre 2016

Le manteau de la parole







Le manteau de la parole

Tendu le manteau de la parole écrite se montre d'en dessous - et qui s'offre à la chair - pour voir ce que la parole orale perd d'exactitude : le verbe se montre alors, comme suite en ponctuation de l'esprit intronisé, introduit dans un acte amoureux, acte de l'indifférence avec l'écriture qui recouvre la signifiance du corps parlant.
*
Ô claire surdité
du jour sans fin
tombé entre les mains
du pesant ciel
irréalisé dans
l'ordre humain
maintes fois imposé
par les lois d'une lointaine
force en guerre dans la chair
du conglomérat de la parole
envers l'esprit du croyant.

*

Chaste improvisation
qui me monte d'entre les morts
en touchant le temps
en le montrant ténu
contre la restitution
du commencement de la vie.

*

Touché par l'imposture de parler, ce corps nauséabond prend garde, y reconnaît sa foi dans son indivisible intériorité entre l'âme et l'être, concourant ainsi à ce double lieu [l'inquiétude/quiétude] du travers, d'une traversée qu'un corps de chair peut de penser sa foi en entrant en chair par la parole, la remise en jeu de la parole.


Thierry Texedre, le 23 novembre 2016.
















mardi 22 novembre 2016

Au lac






Au lac

Si près et au travers
des vertes prairies
rencontrées
de long
en large
depuis l'aube
des formes
incertaines
se mirent dans l'eau
s'enlaçant dans l'écume
d'une danse en folie
sur le lac lacéré
par des voiliers
toutes voiles dehors
aux couleurs de l'été


Thierry Texedre, le 22 novembre 2016.