Sur quelques peintures de Laurent Proux
Il y a comme une incidence, un questionnement sur ce qui fait télescoper, dans les peintures de Laurent Proux, le travaille de la couleur avec celui de lieux qui auraient été figurés dans un rapprochement avec la machine industrielle ; le temps sociétal contemporain trempé dans une reproduction d'un corps-machine. Il n'y a plus d'opposition, la couleur inonde la représentation de franchissements, de plans, liant le visuel dans une autre exploration. On ne peut plus y voir que des segments et artifices déplaçant la sexualisation du monde vers un accord programmatique intelligible, une vision qui se structure à mesure que la couleur descend vers d'infimes plaisirs, entre le visible et l'invisible de la peinture. Une certaine énigme nous percute, quand on passe d'une peinture à l'autre. Un monde s'efface au profit d'un écartement, un cérémonial s'y invitant, comme si du passé une subjectivité était remontée pour exciter ce savoir qui nous recouvre d'une ombre sans forme, au milieu de nulle part, et produire un songe sans fondement, au rêve démesuré d'un chant qui fait jouir les couleurs perdues.
S'il y a des corps, c'est pour inonder leur insoumission à toute matérialité, leur vertigineuse création, le pouvoir incessant d'extraire de la vie ce cortège incessant de figures allongées qui s'enrouleront à un moment autour de la disparition d'un corps-machine, pour visiter par la peinture cette liberté d'aller d'une abstraction à une figuration, dans un va-et-vient coloré pour alors proposer une autre vue du sujet, d'un sujet aux rivages de la naissance, la naissance d'un corps recomposé. Aux portes d'un abîme, le spectacle que propose Laurent Proux s'ordonne dans la grâce et l'harmonie en contrepoint à Pablo Picasso, non pour désavouer celui-ci, l'effarement n'en est que plus difficilement soutenable, mais pour donner au jeu social sa mise en tension historique, sa conscience, une pénétration dans un temps qui soulève la problématique de la machine.
Thierry Texedre, le 9 décembre 2021.
Laurent Proux (1980-)
artiste peintre français
né à Versailles, Fr
vit et travaille à Paris