lundi 3 septembre 2007

Corps d'écriture, dialogue dans l'urgence de l'improvisation 3/3 3
























désir rouge
, Lisa G 92 x 73 cm


Dialogue 3/3 3

S- Je voudrais ajouter quelque chose pour quand
même répondre, non parce qu'il y a du sens au
dire, mais pour donner une ouverture sur quelque
chose qui a à voir avec le plaisir.
T- Vous m'ôtez le mot de la bouche, c'est comme
un aveuglement, une réponse qui est faite à toute
individualité, qu'elle soit ou non du domaine de
ce qu'on appelle la civilisation de l'image ( qui est
à son terme depuis le début du XXe siècle avec
l'arrivée de l'inconscient comme révolution de
"l'intérieur" du corps, là précisément où "l'âme"
s'effondre s'efface au profit d'une extériorisation
d'un ouvert des fonctions vitales humaines).
S- Bien, tentons d'éclaircir le débat.
Il faut configurer un corps, un corps qui est un
corps d'écriture. Dans ce cas, nous nous posons
maintenant comme liés à la psychanalyse (qui
enregistre son fou comme avant l'apparition de la
psychiatrie, le malade mental aujourd'hui n'est
fou qu'à perdre son pensant, d'où la question d'une
remise à plat du pensant, pour faire vite, de la
vitesse d'un De Kooning, mais encore l'état
symbolique en excès que pose un peintre comme
Lisa G indispensable liaison de la folie au rêve),
via l'état de l"être" du corps religieux (l'histoire
de l'âme), et par là identitairement au Tout Social
comme Subjectivation de la société contemporaine.
Le vrai vient enseigner son réel pour lui conformer
une structure: la Temporalité (la peinture n'est
pas morte!). D'où la dépense pour continuer.
C'est là le mystère ou pour être plus dans le temps,
"la parole est la matière". La psychanalyse pose
le problème d'un sujet à qui il manque son réel.
C'est pour cela qu'il faut en passer par l'analyse;
sans laquelle toute construction toute approche du
religieux est ou devient illisible à rebours! Pour
contracter la subjectivité il faut en passer par le
Peint d'une peinture qui n'ait de peinture que son
absence de visibilité au niveau de son désir, du
fonctionnement du désir. Du désir d'y voir du
corps sa chair représentation de la couleur,
impression comme forme en fin de parcours,
comme vision et visitation. En quelques sortes
c'est dans la perte du peint que la peinture
commence à "raisonner", le XXe siècle en a eu
les soubresauts avec l'abstraction, et certains
peintres comme Marc Devade, Louis Cane,
Judit Reigl... Soustraction donc (du figuratif),
puis subjectivation, appel par le désir (le
désir lié au cadre social n'est pas le désir, c'est
un voile opaque qui n'est que la partie visible
de ce qu'on a nommé "l'hébétude" et qui prend
les mots pour du réel, rien à voir avec "leslangue")
de quelque chose qui jusqu'à présent n'est pas
envisageable dans le domaine pictural (ici,
encore une fois nous nous en approchons chez
le peintre Thierry Cauwet). C'est peut-être
dans la musique que depuis plus d'un siècle,
la peinture se tourne pour la nier dans l'écriture
( sauf avec quelques écrivains comme James
Joyce, Antonin Artaud, Philippe Sollers, Pierre
Guyotat). La musique qui enveloppe le plus ce
qui revient à la figure résurrectionnelle. pour
ce qui est de tenir ou pas comme sujet avec
l'image auditive et l'image visuelle, ou plutôt
sans l'image peinte, c'est bien de l'ordre de
l'abjection dont il s'agit. Du rejet pur et simple
par où passe l'unique, sa reprise d'une mise en
forme, sa prise de possession d'une mise en
forme, dans la mouvance du lieu de la peinture
comme centre pensant d'un sujet de l'illisible,
absent du corps interdit de sa chair (on ne
pense pas la chair, on en est le signe), dépositaire
de sa passion! Là la passion relance le corps
pensant pour lui induire la lisibilité le social au
plus antérieur, au plus refoulé à répéter à prendre
le sens pour une langue, c'est "leslangue" qui
commence à produire partout où il y a rupture
entre cultures et sciences exactes, et qui
commence dans la division de tout sujet pensant.
Si l'on enlève au sujet ce qu'il laisse tomber
sur l'identification de l'Un, çà ne peut aller dans
le sens de l'information comme vous le présentez,
et ce à cause du désir. Il ne peut être dans le
repentir si ce n'est dans une approche du
parcours religieux, des textes religieux comme
indice d'une trace du pensant au XXIe siècle,
de son archéologie ici découverte au grand jour,
sous les bons hospices d'une dérive dans
l'hébétude, la vue baisse de ne pas l'enregistrer!
Donc, il va s'en dire que le désir étant persistant
dans l'humanité, malgré la strate religieuse, il
aura quand même parcouru à travers des
révolutions luttes des classes contre le profit
capitaliste qui persiste tellement que le sujet en
a perdu le sens que l'écriture du XXe siècle et
deux grandes guerres mondiales n'ont pas
suffit à régler, se libère-t-il dans "l'asens"?
Les morts ont engendré un autre espace qu'aucune
médiatisation n'a encore reconnue et proclamé,
et encore moins les pouvoirs politiques qui se
sont succédés, çà n'est pas visualisable? Ce qui
va entraîner dans cette course les pulsions la
loi le nom et Dieu. Dieu entre dans le Désir!
A partir de là tout s'enchaîne. L'information à
outrance "circule" mais passe à côté imposant
à son sujet d'être et pour être il se structure clivé.
Le désir provoque l'identification; à vous de
choisir, attention cependant à l'image qu'un désir
possède ne serait-elle que cadrée socialement!
Le temps qui importe à la peinture peut
provenir de la dépense imprimée en un lieu
social déterminé, qui induit une prise de
possession d'une temporalité qui raccourcit le
travail sur le sujet en lui substituant la
représentation et même l'abstraction, celle-ci plus
proche dans la pensée comme système donc en
dehors d'un social hétérogène; afin de résoudre
ce qui provoque le présent, ce qui le mène en même
temps que son dépassement en temps qu'image, et
pourtant encore abstraction d'une temporalité
discursive.
T- Vous posez le questionnement en tant que partie,
liaison au pictural, cordon indiscutable par la langue,
et d'une figure impossible à rendre à son centre, à sa
perspective, mais qui fait l'ouverture sur un présent
probable un présent que penser peut peut-être
dérouler devant nous en peinture? C'est le travail
de penser qui vaut pour quelques instants insaisissables,
pouvoir des corps des lois des nombres voir des noms
de l'Un qui à chaque intervention de notre part fait
tomber les corps dans ses charniers dans une aire
qui n'a que faire de la parole.
S- Si le questionnement revêt un droit c'est celui du
développement dans le pictural. C'est dans un va- et-
vient entre la figure et le système, et la matière qui
parle plus qu'elle ne représente . Toute cette alternative
est traduite par une disposition que le réel atomise
que le réel chasse et qui va dans le sens d'une volonté
de montrer que penser n'est pas impossible sans la
représentation à ses trousses, et encore moins sans
l'abstraction chromatique, mais y contribuât bien sûr.
En cela les deux formes vont s'imbriquer se fondre
s'effacer dans un mouvement incessant, pour donner
corps, du corps de la corporéité et de la subjectivité,
dans une temporalité non divisible, où le sujet
implose de savoir, et n'aura que faire de ce dire
sinon de donner à lire le social comme étant livré
à sa mouvance à sa dérive; mais pas sans l'identité,
sans le discours pris dans un autre, une mouvance
certes mais dans ce cas de la reproduction du
corps pensant.
[Pour terminer cette conversation, nous nous
tournons du côté de l'auditeur qui pour la
circonstance voit poindre quelque chose qui
a l'air d'un sens ou plus exactement d'une fin
en soi, une construction que les cathédrales et
l'abstraction chromatique d'un Barnett Newman
en peinture ont tenté de faire remonter à la
surface de ce nouveau réel.]


Thierry Texedre, le 4 septembre 2007.

hymne à l'apothéose















Dante et Virgile aux enfers,1822 Eugène Delacroix 189 x 241,5 cm

"L'apothéose est l'acte de consécration par lequel on divinise un
humain après sa mort."
"Le rapport entre le mot écrit et la voix est au coeur de l'écriture."

hymne à l'apothéose
(inspiré d'un hymne à la justice)
ensemble diptyque comprenant pour chaque strophe
27 vers rythmiques libres.

1
Qui préside et qui confère
au plus pur peuple
un entier engouement pour la paix
qu'elle soit volontaire ou suaire.
Que nous entendions gronder
au loin les canons
du peuple élu
qui verra naître sa vérité
parmi les frères armés plein de courage
aux encombrements, aux plaintes,
aux machinations; car seule cette volonté
dirigera nos êtres.
Et nos coeurs éparpillés viendront
régler cette protestation
en une immense véracité,
en un territoire uni et promu
à la plus haute tache, immonde
soit-elle, impropre
fût-elle, mais jamais d'amour
pour l'éternelle union des hommes
ne cessera d'apporter au comble
qui se dresse dans les corps saisis,
une fièvre de désir d'aboutir
à la sommité intelligente,
que cette humanité imprègne
à l'aube d'un nouveau siècle,
à l'attrait d'une nouvelle fécondité.


2
Partout s'enfonce l'homme à ses dépends,
malgré sa force imprévisible et rageuse,
partout brûle l'égalité et la civilisation;
pour que se mêle à ces terreurs
le spectre d'une éternité vidée,
insondable même par son obscure
vertige, par sa chute au plus profond
tréfonds; et disparaître alors
dans un dernier élan de relent.
Dans un hymne aux cris déchirants
dans sa robe pourpre encendrée,
interrompant la définition de sa gloire
vénérée, par ceux qui tiennent
le haut de cette précieuse bataille;
les vainqueurs n'étant pas pleurés.
Que ceux pour qui vous rêvez
restent en vos mémoires à jamais,
en prières et en espérances.
Qu'aucune injustice jamais
ne vienne entraver dans le futur
l'humilité du destin
qui entrera encore pour des décennies
dans le pouvoir d'indépendance universelle
qui prévaut dans tous les horizons,
avec un soleil noir.
Partageons ensemble et découvrons
l'innommable règne du pensant.

Thierry Texedre, septembre 1987.