jeudi 8 janvier 2015

L'histoire qui roule







L'histoire qui roule
Au petit matin danse et s'élève la brume au-dessus des sols pavés un petit vent tourbillonne et fait voler les feuilles jusqu'au seuil encore endormi de quelques commerces dans la ville en province les rues sont pavées comme au tempsjadis les premiers piétons sortent s'empressent et courent vers leur voiture comme attrapés et piqués par une mouche à n'en point douter le jour est là chahuté par l'automne coloré des arbres qui longent le boulevard à deux pas une danse semble sortir du centre de la terre comme pour faire vibrer la ville après une nuit bien trop calme c'est le tremblement des moteurs qui chauffent et des gens qui parlent un peu fort après les premiers embouteillages aux ronds-points les autos dansent en tournant dans le même sens tantôt en appuyant sur le frein tantôt en accélérant pour presser l'heure qui défile jusqu'à la pointeuse c'est l'heure d'embaucher on renâcle depuis l'aube on gémit et on trépigne d'envie de partir avant l'heure de partir hors de cet entonnoir gris d'où sortent à la chaîne de belles voitures qui brillent de tout leur éclat ça roule pour le grand patron qui vend et vend encore sous les yeux blafards des ouvriers atones.



Thierry Texedre, le 8 janvier 2015.