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Si
vous saviez ce que désirer ramasse de risque et d'amertume. Sur ce
registre l'étreinte se mesurerait avec un corps possédé par la
parole encore trop vraie pour rester sur une poussée des sens. Se
remettre en accord avec la prosternation depuis l'annonciation d'une
danse de la chair par ces signes impuissants à rester au dehors,
extinction de l’œil qui ferme la bonne marche du sens de l'objet
vulgaire, de celui qui serait plus hostile à la mémoire qu'un sujet
qui feinte de penser va commencer à foutre en l'air, expulser de sa
détermination à être. Qu'un savoir passe par l'émerveillement que
penser jouit d'avoir reconnu un sujet forçant l'objet remisant sa
tragédie de parler en chose,dans l'inconsistance révélée de ces
mots sortis pour laisser libre court à des pulsions qui dépossèdent
la parole de toute vraisemblance. Un corps carné qui met cette
connaissance dans une déperdition culturelle, voilà une résistance
de la chair ; résidence dont on se passerait bien, à cause de
ces affects effervescents qui feintent d'embrasser l'être, pour
qu'il se mette à battre dans un corps on ne peut plus privé de sa
chair, puisqu'une fois touchée la chair met en péril l'être, le
ramassant en une sortie de l'affect par les orifices inassouvis du
sang contracté par un cœur qui se débat de ce qu'il y a entre
chair et pensée.
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Qu'est-ce
qui frôle l'inclinaison pour ce jaillissement de l'image dans
l'indécision de peindre ? Depuis l'inassouvissement de voir un
traitement par le geste exhorté comme seule mise en marche de la
possession de l'unique par une mémoire polyphonique : d'une
musique qui montrerait la monstruosité de l'image entrain d'éructer
un dire du dépaysement monumental face au paysage d'un sujet
socialisé. Si l'abstraction le sort le rencontre à des fins
occultant la fixité peinte, c'est aussi par rapport à cette
musique, de la montrer comme l'infini du dire qui se plie à
l'urgence d'un dire musiqué, chair qui se glisse dans l'utérus de
l'espace toujours à remettre en question. Un corps traversé
peut-il mentir sur sa chair ? Voilà bien là quelque chose qui
a à voir avec le retournement de la peau, d'une vie qui sortirait de
cette traversée, de travers, enjambant l'être, pour s'essayer à
plus d'exactitude dans l'évitement d'un présent érotique ; en
recentrant ce recommencement, par une mise en mémoire de
l'extériorité du corps sur ce qui l'immerge dans l'érotique,
c'est-à-dire être par une mise en forme des sens restitués par le
frottement de la peau sur l'immanence de la douleur et du plaisir
supportés ou insupportés, dans une mémoire qui nomme l'accès au
présent fragmenté en fuites, vers un futur antérieur. Un corps
traversé serait un corps dont la chair moribonde manquerait de
consistance (là le corps fait appel à l'érotisation de sa voix
dans la chair), à des fins d'inaptitude au jeu qui montre le vrai
face à la vraisemblance. On comprend alors que cette rencontre avec
un corps traversé par l’œil inéprouvé ne suffit plus à la
parole qui souffre lentement devant l'illusion créée par la
compromission que la chair offre aux extrémités convulsives du
corps. Le temps d'un volume (l'espace clivé de l'esprit qui croit en
sa marche biomorphique ne résout en rien l'apparence du
corps-caverne) se mesure avec un corps-caverne, pour introduire
l'esprit à sa vision du dedans. Voir serait un aller et retour du
dedans à l'extérieur, pour soulever ce qui manque à la
parole-écriture, lien indéfectible depuis la déposition du corps
de chair en trace et peinture. Peintures rupestres et signes
ostentatoires, traces jusqu'à ce qui architecture (architectonique)
l'espace social qui se mesure à l'effraction du repos sur
l’insécable retour de la vie sur le corps. Initiation de
l'imitation par la chair, dans une parole expulsant son érotisation,
pour rencontrer ce que la peinture n'aura plus jamais oublié, comme
séquence d'une mise en réalité de cette intériorité d'un corps
qui pense la fin de la représentation pour explorer l'espace de
l'invention de l'innommable visuel, ouverture vers l'intellection
touchant à l'irréelle extension de l'univers intérieur que cette
traversée du corps oblige, obsède et ordonne.
Thierry
Texedre, le 9 avril 2016.