samedi 9 avril 2016

D'un corps traversé 1, 2



1
Si vous saviez ce que désirer ramasse de risque et d'amertume. Sur ce registre l'étreinte se mesurerait avec un corps possédé par la parole encore trop vraie pour rester sur une poussée des sens. Se remettre en accord avec la prosternation depuis l'annonciation d'une danse de la chair par ces signes impuissants à rester au dehors, extinction de l’œil qui ferme la bonne marche du sens de l'objet vulgaire, de celui qui serait plus hostile à la mémoire qu'un sujet qui feinte de penser va commencer à foutre en l'air, expulser de sa détermination à être. Qu'un savoir passe par l'émerveillement que penser jouit d'avoir reconnu un sujet forçant l'objet remisant sa tragédie de parler en chose,dans l'inconsistance révélée de ces mots sortis pour laisser libre court à des pulsions qui dépossèdent la parole de toute vraisemblance. Un corps carné qui met cette connaissance dans une déperdition culturelle, voilà une résistance de la chair ; résidence dont on se passerait bien, à cause de ces affects effervescents qui feintent d'embrasser l'être, pour qu'il se mette à battre dans un corps on ne peut plus privé de sa chair, puisqu'une fois touchée la chair met en péril l'être, le ramassant en une sortie de l'affect par les orifices inassouvis du sang contracté par un cœur qui se débat de ce qu'il y a entre chair et pensée.

2
Qu'est-ce qui frôle l'inclinaison pour ce jaillissement de l'image dans l'indécision de peindre ? Depuis l'inassouvissement de voir un traitement par le geste exhorté comme seule mise en marche de la possession de l'unique par une mémoire polyphonique : d'une musique qui montrerait la monstruosité de l'image entrain d'éructer un dire du dépaysement monumental face au paysage d'un sujet socialisé. Si l'abstraction le sort le rencontre à des fins occultant la fixité peinte, c'est aussi par rapport à cette musique, de la montrer comme l'infini du dire qui se plie à l'urgence d'un dire musiqué, chair qui se glisse dans l'utérus de l'espace toujours à remettre en question. Un corps traversé peut-il mentir sur sa chair ? Voilà bien là quelque chose qui a à voir avec le retournement de la peau, d'une vie qui sortirait de cette traversée, de travers, enjambant l'être, pour s'essayer à plus d'exactitude dans l'évitement d'un présent érotique ; en recentrant ce recommencement, par une mise en mémoire de l'extériorité du corps sur ce qui l'immerge dans l'érotique, c'est-à-dire être par une mise en forme des sens restitués par le frottement de la peau sur l'immanence de la douleur et du plaisir supportés ou insupportés, dans une mémoire qui nomme l'accès au présent fragmenté en fuites, vers un futur antérieur. Un corps traversé serait un corps dont la chair moribonde manquerait de consistance (là le corps fait appel à l'érotisation de sa voix dans la chair), à des fins d'inaptitude au jeu qui montre le vrai face à la vraisemblance. On comprend alors que cette rencontre avec un corps traversé par l’œil inéprouvé ne suffit plus à la parole qui souffre lentement devant l'illusion créée par la compromission que la chair offre aux extrémités convulsives du corps. Le temps d'un volume (l'espace clivé de l'esprit qui croit en sa marche biomorphique ne résout en rien l'apparence du corps-caverne) se mesure avec un corps-caverne, pour introduire l'esprit à sa vision du dedans. Voir serait un aller et retour du dedans à l'extérieur, pour soulever ce qui manque à la parole-écriture, lien indéfectible depuis la déposition du corps de chair en trace et peinture. Peintures rupestres et signes ostentatoires, traces jusqu'à ce qui architecture (architectonique) l'espace social qui se mesure à l'effraction du repos sur l’insécable retour de la vie sur le corps. Initiation de l'imitation par la chair, dans une parole expulsant son érotisation, pour rencontrer ce que la peinture n'aura plus jamais oublié, comme séquence d'une mise en réalité de cette intériorité d'un corps qui pense la fin de la représentation pour explorer l'espace de l'invention de l'innommable visuel, ouverture vers l'intellection touchant à l'irréelle extension de l'univers intérieur que cette traversée du corps oblige, obsède et ordonne.


Thierry Texedre, le 9 avril 2016.