Les fauves
La plaie reste ouverte au risque
d’une tentation osmose avec la
chair et le verbe irréel d’un corps
une unité du tremblement sort de
nulle part pour sourire à la bouche
ouverte tous contre ces chaudes
lèvres asexuées de la couche
maltraitée du vice et versa saucé
à la trempe pour glisser une giclée
au firmament les bras bien en croix
dehors ça fuit dedans ça hurle fort
partouze de la chair avec le verbe
maudit monstrueux d’une ouverture
qui ne se referme jamais le sommeil
vertueux ne cesse de rêver d’en haut
tant que le bas de braise par la sauterie
vautrée n’atteint pas l’océan mortifère
blessé par les frasques incestueux
d’un corps de mémoire qui entourloupe
l’encens céleste la prière ubuesque
qui frappe mille fois à la porte du dieu
sonne la sereine couche décousue
sous les plis d’une toile à tendre
le peintre s’en souvient ça sent l’huile
fraîche ça va peindre en couches
jusqu’à sortir la couleur d’un jet d’encre
la titiller caresser des yeux l’interdit
plus près les songes s’effacent en lit
la déformation réticulaire du verbe
extrait l’extraction c’est ça la peinture
ça marche tant que la musique vit
au plus près du souffle souffreteux
au rythme éthéré des sons entrelacés
un jour blanc au loin se mire dans le sable
en traces raturées par les dents serrées
animal de la sainte improvisation du vide
vois l’innommable gonflement des seins
au rouge matin qui nous enveloppe
dans un drap succulent un drap fauve.
Thierry Texedre, le 18 août 2024.
peinture Otto Muehl “Papyrus Porno”, 1984, huile sur toile, 140 x 160 cm