dimanche 29 juillet 2012

Torsions











Torsions

Ridules ce raz de marée
risque de rire du temps
roué de coups sonnants

lente agonie sous pression
luisant le ver vertigineux
leurre de lumière immature

sourd ce corps est coudé
sous un ciel de plomb nu
sourd à tout jamais doué

ténu ce coup du sort leste
touche le sol de ses bras
tatoués tel un astre mort

osé il a osé en rire martyre
où est passé l'effroi qui s'
ouvre à la tremblante cité

ce n'est plus là le lieu du
cœur mais bien celui du
coucher de soleil à l'envers

peur apeuré épisodie de
plusieurs morts à la fois
pousse-toi que je m'y mire

foutaise que ces onces de
froide finance l'étendue de
face est noire de ses cendres

encore une fracassante force
entoure la chair à vif vidée
et creusée dans la sèche vie

vie vidée de sa substance
vacuité de ces errances de
vos vacances éternelles bah

batifoler sur tout ce qui bouge
bouton de ces sexes arrogants
bravant l'effroi infini du vide

usurpateur de nos plaintes
unique forçage du dedans
ultime jouissance dévorant

tout sur son passage prouesse
tentaculaire de Gorgô qui se
tord autour du cou d'Œdipe.



Thierry Texedre, le 29 Juillet 2012.




Masque

 






 
Œdipe par Thierry Cauwet
                




Quel appel ce corps-ci veut en échange de quoi? Tonitruante variation dehors, de ces bruits qui vous décontenancent. On a le temps, encore le temps, toujours le temps, rien que du temps. Ce qui vous arrive n'est plus le résultat d'une découverte, lieux de la peur étrange qui nous obsède au point de représenter loin, très en retrait, ce qui sera les signes d'une future langue. Peur de l’inexplicable aujourd'hui, peur de la dévoration hier, peur de ce détournement obligé vers la chasse? Petite cause grands effets. Massacre et acharnement, multiplication de ces déplacements pour se nourrir, mais encore pour jouir dans l'irrationalité des corps de vie possédés. Partout on en est encore à rencontrer cette possession, et lutter pour qu'une mémoire ait lieu, vie qui fait le temps de cette mémoire, la rencontre avec l'objet désiré, chute devant l'objet déposé et vidé de sa substance intérieure. Les codes et lois se multiplient pour rien, juste pour relayer combler dire combien on ne peut arrêter ce mouvement, cette image qui flash extorque et jette tout ce qui obsède. Le mouvement vous arrache à la sédentarisation malgré vous, vous sortez, revenez, repartez ; la mort vous frôle, la vie est en vous, vous êtes l'hôte de ces dieux invulnérables, la vie éternelle vous appartient. Aucune parole ne vous effleure, votre armure est votre assurance, vêtu de cette identité commune, l'homme se retourne mais ne marche que comme une individualité masquée, oui le masque est toujours là, la face calée derrière cet étendard, on psychote mais on est fort de la beauté de ce masque.
Le lieu de la dénonciation est un risque pour l’œil qui voit ce que d'autres ont vu sous d'autres hospices, voir c'est dépenser la voix de quelque répétition de la vue, pour entendre une autre félicité ; celle qui ouvre à l'érosion de cette érotique invasion de la chair dans la voix subitement voix, pour moins voir et mieux penser sa césure: tremblement du corps qui croit penser alors qu'il jouit du peu de temps qu'il a pour parler vrai. Ce corps-masque est là pour suspecter la voix, pour mettre son dire sur une ligne, celle qui est traduisible. Somptueuse dérive du corps-masque émasculé ou acculé au bord de ces ricanements et rictus, commissures des lèvres gonflées, comme si les plis annonçaient l’œuvre de la fin cellulaire. Quel masque et quelle respiration en arrière plan, sous cette peau interchangeable et plus moderne que celle de la chirurgie esthétique. On est la beauté intramusculaire, le lieu qui vous pique cette identité pour vous reconnaître dans un ailleurs inassouvi mais au plus haut point régénérateur. Soins par cette peau collée en décolleté, bijoux qui prend ce cou d'un coup jusqu'au sommet en cheveux d'or. Peau hors la loi, respiration de ce corps devenu autre, illustre inconnu, vénérable solitaire que ce masque unique pour un soi au-delà de l'identique. On entre dans l'inconnaissable, dans l'irréversible soustraction de cet autre qui n'est pas soi et devient soi par l'addition du masque-révélation. On peut tout par cette décollation de la naissance pour vivre la résurrection qu'une folie en tête - fût-elle toujours là - quitte ce lieu inhospitalier afin de penser la porte de ce purgatoire insolent.

Pour mon ami et artiste Thierry Cauwet


Thierry Texedre, le 21 juillet 2012.