Robert Rauschenberg - Cactus Custard (Hoarfrost)
Désert
Présence bien tempérée du sable,
sordide extraction du sol d'un corps étranger qui étrangle la vue
en vision, chaleur sans vie partout, plantes qui suintent au matin
sans la pluie. Vertige sur pieds de la marche ensablée longeant les
dunes improvisées par le vent. Ventre entendu, serré jusqu'à la
faim, et cette soif qui monte jusqu'à l'ensevelissement. Là ou
ailleurs, combien de cactus s'étirent jusqu'au ciel rougi ?
*
Combien de temps
la peinture aura pour
peindre
cette soudaine réfraction
de la lumière sur le sol
aseptisé par l'improbable
vie
qui s'en sort
à la nuit occultée
par le pinceau dépecé
par le jaillissement
interminable de l'écume
du jour en tête
et bouche-bée.
*
La seule
exterritorialité du temps, là, se montre partout depuis cet horizon
sans lieu, sans image, à chercher celle qu'une peinture peut. Partir
en longeant les courbes sensuelles de ces sables qui se meuvent à
mesure qu'on approche de la vérité. Sables de ces mirages putréfiés
et dressés devant, pour montrer cette peinture avant sa mise à mort
sur la toile. L'embaumé des grains infinis de la surface aseptisée
se fondent dans la pâleur du sol qui aveugle et brûle la peau ;
la chaleur irréelle du soleil essouffle la peinture juste avant sa
mise à mort, sa disparition à montrer cette mémoire toute exposée
au jour replié sur l'envers du décors, sur le sommeil en rêves
opulents.
Thierry
Texedre, le 28 novembre 2016.