dimanche 23 août 2015

Par quelle fin exiguë faut-il la parole ?









Par quelle fin exiguë faut-il la parole ?

L'enfer, d'où sortira la parole.
Crémation du dire clôt.
Création du monde ouvert/fermé,
telle une bouche au temps prié
du feu bouleversant de ce corps
démembré par la dérive intime.
C'est l'interpellation de la voix
qui crie son hurlement, son
ultime arrachement au verbe,
croyance indéfinissable en
la vision indéfectible du sens.
Jour né de la nébulosité du réveil.
Risque d'assèchement des yeux
devant la mort qui sort du genre
humain, sorte d'appendice
qui n'aura de cesse de pousser,
à mesure qu'on le coupe du reste
du monde qui n'est pas rond.
Terre ronde aux yeux carrés
du corps pourrissant d'exister.
L'homme échevelé s'enfuit,
la prière au bout des lèvres.
Il se débat avec la mémoire
qui l'emmène vers la naissance
à l'envers, à l'inverse, pour avoir
osé refuser la mort immortelle.
Péché de l'immortel raisonnement
du lieu asservi par l'impensé,
vers cette grande représentation,
oracle qui brille dans un ciel
déplié en étoiles, depuis la nuit
noircie par les ombres de ces mains
salies par le commencement.
Offertoire qui sonne le glas,
tortillant des nerfs du sang et du
pain symbolisés en messe,
pour s'en sortir par les gonflements
en pets notoires de l'ivresse
catapultée jusqu'au bout du soir,
vite ouvert sur le matin du malin.
Terre chauffée qui court après
l'esprit comme drame de l'atome
qui fornique sa bombe et son H.
Corps de la souffrance chante
ces mots du soulèvement,
ces chuchotements telluriques
du tremblement en cours.
Chants qui forcent la voix en
montrant les plaies à vif, sans
passer par la reconnaissance
du songe, à cause de la mort
qui guette les ordres encore lois.
Tourniquet qui sort l'homme de
sa torpeur, pour jouer, jeu de
ces cris insupportés par la parole
close, pour rencontrer l'être.
L'être étiré de l'étreinte éternelle.
L'être serait ce la clef du chant
des ténèbres inépuisables devant
le récit qui augure à la peine.
Jusqu'à quelle folie s'invente
le jeu d'un drame, musique qui
monte où le réveil est émasculé.
Rentrer en irruption par les sens.
Toucher au risque de caresser
l'extrême catharsis de la peau,
violer ce dedans jusqu'à l'être,
pour l'emporter dans les sphères,
gouttes à gouttes bue par le goût
insipide de l'expiation du discours.
Juste nudité du corps qui monte,
en voile délicat du blanc sommé
par les couleurs du paradis.



Thierry Texedre, le 23 août 2015.

(Essai de lecture sur le Requiem de Rey Eisen )