vendredi 18 août 2017

Du souffle




Du souffle

Souffle cornélien, saturation de l'appel, ce chant intrinsèque au rythme cardiaque. Par quels applaudissements, le train-train orchestral du souffle se mesure-t-il ? Soulevé par les ondes de la veine inhibée, voilà le cœur qui souffre, lenteur du corps pris dans sa caverne ; l'entrée dans un dedans inhospitalier. En compromission avec le temps dissous, le corps liquéfie sa mémoire, il la rend comme si rien ne la disposait à raviver sa source : le sang automate, le saignement du vieillissement prématuré du corps qui baise au fur et à mesure qu'il sort de sa gangue, l'élasticité d'une parole qui tringle sa continuité dans la fente de l'intraduisible polémique de la parole en dire ; d'en dire quelque chose de l'altérité du sexe qui frôle l’inextinguible confusion avec la jouissance qui joue à rentrer partout dans un corps pour rencontrer cette mémoire. Perle d'or, puissance du soleil qui lève la grande confusion que ce risque de fornication peut induire, le soleil montrerait par là quelque soudaine invitation au désir, désir de dresser un corps pour lui toucher la grande ferveur, l'effervescente contamination qui gravite autour de la chair, le risque de faire passer à la trappe la mémoire, le temps de rencontrer l'amour où l'âme se cache, parce qu'Our ouvre grand les yeux pour montrer le chemin des cieux (le souffle du soleil ferait brûler cette âme pour l'empêcher de passer le temps imparti sur terre à pénétrer les corps pour les confondre, faire monter la mémoire, absorber la chair jusqu'à satiété, jusqu'à rendre l'amour inéluctable jusqu'à la mort). Si le souffle fait référence au vent, à l'air et au vital, c'est en partie pour raisonner, mettre en mémoire un temps de la possession, le plier (prières) en sacré à trop laminer l'inquiétante étrangeté de la vie. La véhémente exaltation pour la nature polysémique (existence du naître) montre cette consommation/consumation comme quelque chose qui a à voir avec l'anomalie, l'anormalité. Le souffle divin se rétracterait en lettre, écriture qui soutient alors l'exclusion de cette nature pour consolider les lieux de l'expérience/connaissance du corps qui devient artificiel depuis l'insécabilité du souffle. Écriture qui entre dans la discontinuité de la lecture, vertige de la séparation du temps et du corps ; constructions atmosphériques sans cessation, architectures de l'objet indésirable à cause de sa disparition du souffle, l'acte irraisonné de la vie qui tourne au massacre parce qu'elle est coupée par l'homme dans cette peinture qui le représente au plus près. Seule la « chose » semble retirer du souffle cette vérité dont on traite encore les contours, dans l'inépuisable orchestration de ce souffle traduit, en libre-service, avec l'action peinte en retombée, et le jeu musical comme passerelle d'un nouveau dire en gestation. La représentation de chose montrant l'enfer qui sévit à retenir cette respiration, et pourtant quelque chose se passe quand l'esprit donne lieu à d'impitoyables cessations de représenter, montrant par là d'autres flashs, images plus vraies que celles du plaisir amoureux. Un corps qui se délite monte vers sa reconnaissance, sa vérité, loin du lien qui nous lie avec la consumation (dépense) des images. Le dernier souffle rend à l'âme sa véritable impression, celle que regarde l'artiste en songe sur l'élan de sa transgression. L'âme est la disjonction, la transgression que ce corps délictueux peut résoudre à tenter la sauvegarde de sa mémoire.


Thierry Texedre, le 18 août 2017.