mardi 31 juillet 2018

Les mains dans la peinture

Laurent Proux
Pulp II, 2017
Huile sur toile
130 x 97 cm





 Les mains dans la peinture

« Seuls, dans l'espace, ces particules-éléments devant le regard, vont et viennent dans une danse ininterrompue. La matière s’entre choc et se fractionne, pour faire se toucher les éléments, et qui prennent une multitude de formes [aux couleurs inappropriées à l’œil] au cours de leur chute ; sont-elles brouillées par l'éclatement sonore du choc avec la trame (toile tendue). L'acte délibéré du peintre devant ces résidences/résistances, de ramescences dues au choc, s'adonne à un travail, défaire, déranger cette apparition/disparition en enlevant, en effaçant (choc avec la mémoire qui sait les « mains de Gargas en négatif). Voilà le regard soumis aux blancs, les mains en avant, en contre plongée pour toucher les couleurs et tenter une incision (mise en forme ou déjà quelque chose qui n'est plus originaire puisque ces mains traduisent un retour, la peinture serait-elle un retour avant d'être une disparition ?), un traitement qui cohabite et qui rivalise avec le rêve éveillé celui diurne (partie invisible et pourtant bien là, plantée dans une mise en forme qui n'a aucune fixation). »

Le geste du peintre ou les mains laissant leurs propres traces.
Mélanger les couleurs ou ôter enlever les couleurs (addictif/soustractif).
Le sommeil actif ou veille en réaction les mains en réserve sur la toile : [apparition=application/disparition]
Autre intrusion d'un effacement partiel, par une mise en écriture intrusive (Dominique Thiolat).
Un peintre découpe dans la couleur pour ne pas tremper dans cette sale affaire (Henri Matisse).
Les plis, voilà ce qui travaille l'espace d'une prise en main qui se dénoue avec les peintures de Simon Hantaï.
Outils qui prolongent la main jusqu'à provoquer sa disparition (le moteur de celle-ci).
Réminiscence dans un acte délibéré de garder la main, de ne pas perdre ce que l'érotisation catalyse de pulsions pour traduire la confusion des images dans un possible recentrage recadrage (Laurent Proux).
Peut-être l'informatique y joue-t-elle un rôle s'enjoignant ainsi le sommeil pour allié.


Thierry Texedre, le 1er août 2018






vendredi 27 juillet 2018

L'esprit escamoté

                   Louis Janmot (1814-1892), un soir (1854), peinture 114 x 144 cm, in poème de l'âme



L'esprit escamoté

Tiré par l'attrait
pour l'osmose l'anamorphose
l'esprit rend compte
d'une oppression
qui tourne son regard
vers l'intentionnalité
du corps nu
puisqu'un corps plein
serait cette insensibilité
que tente l'intellection
pour exprimer les fonctions
de l'esprit entrain de penser
l'expressivité de l'esprit
pousserait sa capacité
à construire et réaliser
une réalité pour
induire une double faille
conscient inconscient
au bord de l'idéalité
qui s'invite au paysage
désolé de la représentation
l'image balbutiante
des signes indiscrets
qu'un corps vénale
n'a de cesse d'occulter
dans la parole
comme ultime
défaillance de l'esprit
dans un dire contaminant
l'esprit est singulier
puisqu'il est escamoté
depuis ce qui le parle.


Thierry Texedre, le 27 juillet 2018.







jeudi 26 juillet 2018

Suture

                                 
                                   Pierre Molinier, autoportrait de face, assis, jambes croisées


Suture

Ça part du droit à jeter
par dessus bord la terreur
pour inonder l'esprit malin
jusqu'au cul des bas instincts
pour subjuguer la chair
de cette insomnie
qui gangrène l'art
les yeux de l'art sur
le corps inavouable
d'un troisième sexe
usant du drame pour
s'immiscer dans l'envie
de l'insoutenable existence
couple de l'immanence
des corps qui se soulèvent
jusqu'à l'autre extrémité
le lieu du mimétisme
pour identifier
le même l'exacte
le point nodale
qui sort l'amour
du visage commun
qui devient le dévers
qui se tord de douleur
dans des dires inaudibles
et la force du désir
entrant en osmose
couche avec la peau
avec le regard
le double je
de la transgression
attouchant ces caresses dehors
qui se plient lentement au baisé
il s'envole assombri
et intraduisible dans l'inconnu.


Thierry Texedre, le 26 juillet 2018.







lundi 23 juillet 2018

Rêverie 2

Tang Jih Fong (1969-)

































Rêverie 

Retour sur effraction
du trou tuméfié
trou torturé
trou béant
tordu de l'arbre tondu
pieds jambes et cuisses
écartées pour aller chercher
l'humidité profond
dans l'utérus de la sève
sciée par la douleur
l’œil en coin
couturé qui va saigner
l'extinction de la nuit
le noir des ombres
disjointes partout
sur la peau épaissie
apaisée et éclairée
par ces cheveux dorés
qui balbutient
aux renflements du vent.


Thierry Texedre, le 23 juillet 2018.










mercredi 11 juillet 2018

Le paysage cérébral

                                                          Micheline Lo (1930-2003)




Le paysage cérébral

Traces insurmontables
de la dérive crânienne
tyrannique et exorbitée
au seuil de l'atermoiement
volontaire due à la mort
expiation d'une impossible
résurrection du corps
trempé dans l'immanence
du temps de la possession
ce crâne cassé aux pieds
du pire démantèlement
voilà le paysage de l’orgueil
qui s'offre aux parias du bien
pire effraction que de manquer
la mémoire de ces trois temps
insatiables et amoindris
amaigris par la peur
d'être de l'ouverture
à la fermeture du haut
de sa transparente vue
qui se retourne d'un coup
pour voir ce défilé
ce rétrécissement de la vie
martelé du crâne
qui commence à écouter
ce que la mémoire
absoute n'a plus entendu
depuis cette naissance
cette sortie du coin
enfermée qu'elle croit
voilà la mémoire
qui marche à rebours
pour faire ce paysage
de l'infiniment rien
dont on se dope
à force de vivre
au plus près de l'esprit.


Thierry Texedre, le 11 juillet 2018.









jeudi 5 juillet 2018

Pénétration

                                                                Berlinde De Bruyckere
                                                              plasticienne belge (1964-)


Pénétration

De ces pleurs apocryphes
se soulève un éruptif
mot montant hiéroglyphe
pour l'esprit logogriphe
l'envers ô décor l'auditif
l'onde portée c'est l’orbe intrusif
l'ombre le fantôme chétif
se montrant aux songes actifs
d'un corps ultime glyphe
d'un tel coup de canif
dans la chair la parole le jouissif
pardonne l'émotion cet enfer naïf.


Thierry Texedre, le 5 juillet 2018.












mercredi 4 juillet 2018

Le viol

Jan Matsys (1509-1575)
peintre flamand
Tarquin et Lucrèce
16e siècle, 72,8 x 89,5 cm
peinture à l'huile sur bois
.




































Le viol

La raison sereine
en séquences aliène
la parole qui mène
la farandole dans l'arène
dans le cirque endogène
du corps anxiogène
relique de la scène
les frasques de la peine
un viol incessant qui se promène
dans les replis du drame de l'oxygène
de manquer ce souffle schizophrène
à cause de cette raison gangrène
invitée à plier la parole en halène
réclusion de la poésie qui gène
les mots maudits et les sirènes
s'en vont jeter leur hymen
au paradis de l’obscène.


Thierry Texedre, le 4 juillet 2018.