mardi 20 décembre 2011

Vers une surdité de la musique du corps




Quelle trajectoire, quelle hystérie que le drame qui nous lie au trauma? Trace dans un corps obturé, clivé, torturé par cet esprit hirsute? Conglomérat, parole exposée au dire de l'immédiateté, le corps s'en souviendrait-il s'il était privé de ce désir insoutenable d'aimer sans fin, un autre corps, celui de l'altération, celui de la chair? Questionnement insupportable de l'imposant risque de s'enivrer des paroles circonspects de l'exposition d'une telle chair? Le dire s'oppose à la parole, pour mettre la chair sur pause; absorption du temps dans l'inhumanité du corps, comme cavité découverte, dedans de la pensée «réflexion». Une tentative d'élaboration de «l'élocutoire» interpellé comme question de la chair troublante d'un corps coupé du temps, montre bien que tout questionnement s'évanouit dans l'improbable rétention du temps dans un corps segmenté. L'usurpatrice psychologie n'en garde pas moins un souvenir, atavisme de l'histoire qu'une mémoire à rebours rencontrerait, comme imposture mais révélation d'un discours minimum, l'évanouissement d'une réalité du lieu sociétal chez l'humain? On entrerait donc dans une ère du manque, de la trouée éphémère du corps en suspension? Visite d'un bout de corps-mémoire, et dans un même temps de ce derrière oculaire qui file vers une mémoire à deux temps. Si la peinture peut s'en emparer, du corps livré à la chose en deux temps, la musique prendrait elle, le risque de retenir la traversée du corps, de le mettre en forme, de le lier, le tirer de cette chair introspective, mise en mémoire du présent comme objet de désir , matière insubordonnée à la pensée discursive. Un lien autre s'échapperait, là encore, de ces sonorités immatérielles, pour tendre vers cet enterrement du mal, monstruosité d'un pensant recomposé.

Thierry Texedre, le 20 décembre 2011.