dimanche 30 juin 2024

Compilation et dévotion

 



































Compilation et dévotion


 Si la musique de jazz signe une certaine géométrie pour Stanley Whitney, la couleur lance la grille dans le système des compositions qui structurent les peintures aux formats proches des mesures du corps en tension.

Les éléments qui forment la toile ont une similitude, la forme du carré qui rassemble différentes couleurs dans une unité qui se répète en bandes horizontales empilées jusqu’au bas du tableau, sans se limiter à une géométrie qui se fétichise dans la dévotion comme chez Ad Reinhard qui n’en finit pas de fermer la peinture au carré et à la saturation extrême des couleurs. Ici, le peintre va à la rencontre de la couleur vive, même si celle-ci en appelle une autre dans une infime digression. L’artiste prend en écharpe des peintres où la grille et la composition rencontrent l’ « inquiétante étrangeté » de la couleur traversée par la forme sa limite ou sa libération, son rythme.

Le système « d’appel et de réponse » de Stanley Whitney est une révolution dans la fabrication d’une abstraction géométrique. La géométrie et l’instinct se mêlent pour empêcher la peinture de représenter les signes d’une écriture inclusive, la peinture n’est plus une abstraction gestuelle, mais une improvisation aux méandres formels au carré improportionnel, c’est-à-dire qu’une couleur au carré est proportionnelle à la forme qu’elle prend, la couleur qu’y s’y donne d’un carré à l’autre.

Stanley Whitney imprime à l’œil ce que la forme n’a de cesse de différer à rencontrer l’œil qui fonde la forme colorée, la couleur informulée.



Thierry Texedre, le 30 juin 2024.