lundi 21 juin 2021

















Où se cache l'être ?


Gisant devant l'amalgame

l'astre qui tourne

retourne le tourment

jusqu'à l'épuisement

de la matière le souffle

révulsé du temps

dépassé défait déformé

l’œil en traitement

plonge sa rive

sa perspective

dans des évasions

où se reformulent

les encombrements

d'une matière tubercule

plongée en hyperbole

des formes vite rêvées

pour se rétracter chasse

de la vie qui sort

fulmine depuis la fin

en un gaz incantatoire

où se cache l'être

expiration du temps

dépourvu et oublié

quelques pets

s'organisent en bulles

éclatantes l'instant

du regard fuyant

on passe d'un enfer

à une pluie la couche

surannée d'un toxique

état d'infestation

en jus les couleurs

tremblent ramassées

puis sortent du champs

pour s'exhaler ailleurs

autre peinture

autre dispersion

le désir de marcher

devant puis de côté

pour chercher la voir

cette figure rétinienne

qui vous gicle aux yeux

tel un sperme béât

qui rencontre devant

cette impression

ce sursaut qui jouit

déjà de posséder

avant tout le monde

l'être ce sacré

vite vidé de sa lueur

dans d'autres histoires

l'incommensurable

histoire de la peinture

violant l'art

de l'image

à cause de cette fin

qui nous fait entrer

en possession

la foutaise de posséder

le corps primordial

cette giclée ramassée

qui balaye tout pouvoir

de mise en forme

puisque le pouvoir

est l'informe même

de toute existence

animale le pouvoir

explose toute vie

jusqu'à ce magma

qui ultime résiste

pour jeter le discrédit

sur la jouissance

qui pleure puisque

la mort enfin

montre les couleurs

la beauté visible

de l'irreprésentable

le biomorphique

de l'incandescence

l'ecstasy de l'oral

le lit de l'oubli.



Thierry Texedre, le 21 juin 2021.

peintures de Dale Frank (1959-)






 

vendredi 18 juin 2021

Un parc extraordinaire

 

















Un parc extraordinaire



D'une peinture qui ne serait ni abstraite ni figurative, voilà bien une vulnérabilité mentale dont on sait maintenant que figure et médium sont ce qui fait la densité picturale pour un monde recréé, un monde où matière et imaginaire sont les tenants et les aboutissants d'une peinture sans fin ni début. Au début était le verbe, d'une vulnérabilité de la parole face au paysage qu'il soit imaginaire ou tangible, vraisemblable ou réel. Ici, on entre en concession. Une lutte a lieu. Un pouvoir s’esclaffe. Et pourtant, point de parole à ce sujet. La peinture parle d'elle-même, on s'en doute, notre discours n'a de cesse d'interroger ces mondes sans fin compromis avec l'irréel. De grandes lumières s'adonnent avec majesté au risque des profondeurs, au danger de l'inconnaissable vertigineux. La peinture s'écoute aussi dans l'organique effusion de l’œil éclatant, de l’œil effaré devant l'huile qui brille. Ce qui s'invente chez Élisabeth Sandillon, c'est une lutte contre les démons insupportés de l'existence qui montre ces monstruosités comme des merveilles à la lisière du concret, là où notre imaginaire reconnaît ce quelque chose d'extérieur, en songe, loin du sommeil sombre de la vie commune. Nous en sortons émus de nous reconnaître, dans cette introspection soudaine, la visite d'un parc extraordinaire.





Thierry Texedre, le 17 juin 2021.


peintures de Élisabeth Sandillon (1962-)

artiste peintre française

vit et travaille à Cercy-la-Tour







jeudi 10 juin 2021

Sur cet affleurement du temps

 









 


Sur cet affleurement du temps


Point de la lecture qui frôle l'aphasie, l'âme en ressortirait commotionnée, l'esprit retors se montre hostile à l'empressement, au risque de ne plus avoir à penser. Le temps se presse comme pour s'emmêler, se déliter, au fur et à mesure l'esprit sombre dans une représentation. Y a-t-il quelque chose qui danse dans un corps qui transparaît à une vélocité, à l'esprit ; entièreté d'une implication de ce qui pense dans sa mise en tension, sa liturgie, son non-sens à penser parce qu'un corps ne pense qu'à violer sa matière, la chaire. Sur un point nodale, une nomination, une reproductibilité de l'esprit en matière pensante, un corps commence son délitement ; passage vers une parole, un acte sémantique qui se divise, se distingue, s'amenuise à mesure que le sens prend l'espace comme l'irruption d'un corps absent. Que reste-t-il à ce corps pour devenir un sujet divisé, un sujet de la parole ? Autrement dit la chose qui la sorte de sa finitude à penser par la parole, par un acte délibéré de montrer ce qu'un sens a à être véridique pour la pensée ? Il parle pour espacer la fin, la mort, la finitude et sa reconnaissance infinie dans le présent, mémoire qui pose une réelle opposition avec la vie dans une temporalité générale de tout corps. Il parle et offre au monde quelques sorties de cette mise à mort d'un jeu entre mémoire et manque. Il y a une sortie dans un affleurement, une caresse contre le temps, une dépense contre cet acquis, ce sas mnésique, le chantage d'une mémoire à rebours, le risque d'oublier à trop retenir un cours (souffle court) la ligne brisée d'une mémoire sans fond. Cet affleurement est lié au temps, puisqu'il parle au temps, à ce qui vit, à ce corps qui caresse le temps dans une réversibilité de l'acte de penser, la chair luit de cette apparition, elle érotise pour la première fois, elle exerce un pouvoir de dépression, décharge organique qui rivalise avec la pensée qui parle ; le corps pose les fondements d'une dualité et osmose dans la contradiction même qui fait danser ce corps viral, un corps possédé.



Thierry Texedre, le 9 juin 2021.


peintures de Noura Djuric




dimanche 6 juin 2021

Le rien du désir














Le rien du désir


Sous les draps du désir

s'offre le regard caché

dans les abîmes invités

de la caresse indécente

suave et languissant

le corps retenu s'allonge

se replie se resserre se dresse

tenté par les mouvements

des mains dans l'entrejambe

douce indécence de la nuit

loin des esprits encombrés

une main dans le dos

comme pour partager

les zones érotiques

l'érection joue avec

quelques sons sortent

explosés et empruntés

au vide tout autour

un jeu incessant

semble se soustraire

au temps dépossédé

de cette nudité rencontre

de ce qui rêve l'intérieur

de cette chair renversante

jusqu'à l'orgasme imminent

en toute suffisance

en sortant goutté

par les odeurs du corps

évadé fuyant et lumineux

à l'arrière le lit

lentement tel un rideau

s’étale sur cette absence

au regard futur

vide et en plis

du ressenti des draps.


Thierry Texedre, le 6 juin 2021.



peinture Les Demoiselles d'Avignon (1907) de Pablo Picasso (1881-1973)





 

 

 

samedi 5 juin 2021

Du regard

























Du regard


C'est une insistance

le regard imprègne

le spectateur est dans

l'impossible confort

l'heure allonge son rituel

dans l'indifférence générale

c'est une orchestration

de nouveaux rituels

actions du drame

celui du sens

sacrements du réel

le réel plonge dans une danse

une exploration chamanique

l’œil surplombe tout enregistrement

l'enseignement trace son envers

dans un excès le peint baroque

c'est un chaos organique

un plan une relique un accident

voué à l'exacte destruction

la performance d'un désir

sans fin du même sans lieu.



Thierry Texedre, le 5 juin 2021.


compositions de Joris Van de Moortel (1983-)



 




 

jeudi 3 juin 2021

Le déluge, on ne sait pas

 


















Le déluge, on ne sait pas 

 

À l’aube ce soleil sorti du rouge

Rencontre l'oeil né du bleu fuyant 

Cette irruption chaude un temps 

Poursuite vers ce leurre la lumière 

Une plongée dans le feu et l’eau 

Peut-elle montrer le froid humain 

À mesure l’été sombre meurtrier 

Monstre immaculé l’envie dressée 

D'une mémoire qui saute l’ivresse 

Par la peur terre du pouvoir de l’air 

Tentation passée par tous les astres 

Les plages du désir s’offrent au lit 

De la mer océane qui quitte la rive 

Rivage austral du vent caressant 

Les peaux hybrides ventres démons 

Face aux pleurs de la pluie démontée 

Le soleil jaune touche la vue véridique 

Jusqu'où cet aveuglement éruptif  

Prend l’homme hauteur en marche 

De la plaie de la chair visitée à vif 

L'entièreté du dedans luit et s’étend 

Jusqu'au déluge au seuil de la mort 

On ne sait pas quand la mort sort 

Féroce animal au commencement 

Au début du temps qui lentement 

Plonge l’être dans la création divine 

L'être de la respiration controversée 

Annonce ce savoir sorti de nulle part 

En blocs humains coupés du monde. 

 

Thierry Texedre, le 2 juin 2021.  

 

 

 

 

peinture de Louis Cane

Le déluge I, A Paolo Uccello, 1982

huile sur toile 318 x 440 cm