Avant que ça pense
Sol qui trempe les plaies
ridicules du verre bu à l'aube
des sons écartelés sautent
en casse entre deux coups
la peau nébuleuse souffre
les plis du bas se soudent
à l'envers du coït grossi
si la queue ressort c'est que
quoi qu'on fasse l'envie luit
en grains corpusculaires
longtemps avant que ça pense
lanterne du corps encore fuyant
sa langue sa nature du vivant
pas celui de l'esprit en songes
ni celui du souffle divin
mais celui qui joue et jouit
un corps dessoude et dévisse
pour que ce qui le tient
comme finissant objectal
ça ne puisse enlever à sa chair
l'horrible pénétration de l’œil
un être est né de cette mort
par l’œil émasculé du temps
le voilà ce temps droit dansant
sans aucun remord ni plaie
pourvu qu'on se souvienne
c'est l'important de l'infortune
c'est ce qui reste quand vit
la musique qui nous plie
jusqu'à la douleur du vice
musique qui frappe l'os
de l'oreille interdite
de l'oreille tintinnabulante
de l'oreille qui démantèle
ce qui commence à créer
à consumer les sens foutus
en l'air et ça respire enfin
le bon air de la musique
qui n'en finit pas de revenir
aux oreilles folle fuite
en transe trauma coupe
du cuir en creux pour y voir
dedans ça sonne cent fois
le sang frais qui couvre
un corps dénudé à cause
de sa langue qui perdure
au fond de l'horizon fatal
du peint toujours détourné
c'est le risque d'une nature
croisée au paysage intérieur.
Thierry Texedre, le 26 juillet 2024.
Vivian Suter (1949-)
artiste peintre Suisse
née en Argentine, vit et travaille au Guatemala depuis 1982.