mercredi 29 août 2007

dialogue dans l'urgence de l'improvisation 3/3 2




















la tentation,1998 Frédéric Clavère 310 x 260 cm


Dialogue 3/3 2

[Chacun reprend sa place, tout redevient possible,
l'écoute est redevenue possible, les jambes de S
sont croisées l'une sur l'autre pour céder à plus
de patience. T est envahit d'une intense disposition
à marquer le pas, à prendre la parole.]
T- Résoudre un questionnement quel qu'il soit,
quel qu'en soit sa teneur, ne suffit pas à l'échange,
ni l'idéologie ni l'ordre social ne tiennent longtemps
devant l'incidence qui enveloppe l'ordre interprétatif
visuel et sonore. Qu'en est-il de ces deux champs dans
l'ordre du vivant, dans le sens que l'humain lui
confère pour produire du pensant, mais du pensant
en volume?
S- La dérision dans laquelle tout corps s'enfonce,
s'immerge vaut pour ce qu'il tend à résoudre soit
toute question qu'elle veut bien se poser en analyse,
qu'elle se donne à lire dans un volume pensant; donc
ce qui est pensé reste de l'ordre de l'indésirable et de
l'abjection. Résoudre tout questionnement c'est dire
d'emblée son impossible conviction face au néant,
à l'immensité du magma de la pensée pour soutenir
son côté socialisant, sa probable lecture des sites
scripturaux/picturaux/musicaux. Le visuel traverse
le musical, le pictural relance l'écriture et l'écriture
tient la langue entre ses deux mâchoires; à quand
l'ouverture de la bouche pour laisser sortir un seul
cri celui de l'humain impossible à résoudre?
T- Si le rêve tient une place importante dans l'état
de lisibilité de la toile, cela est-il dû à la veille ou à
la densité du sommeil comme matériau palpable
de l'état de veille?
S- L'impossibilité à résoudre quelqu'équation de
la pensée humaine amène à prendre en considération
le rêve; pas ce qu'en ont fait les surréalistes pour
opérer une césure, mais plutôt ce qui va dans la
droite ligne de ce qui induit le pôle qui se construit
pour faire l'imaginaire, donc par voie de conséquence
le rêve... Le rêve vient opérer une redistribution
des opérateurs liés à la représentation en matière
de peinture. Il n'y a de peinture que par un pur
"hasard". On peut aussi dire un "croisement", une
"réserve". Donc, le hasard dépasse l'induction
technique de tout savoir, de toute identité. Si le
hasard n'est pas pris comme vérité, comme
vraisemblable, au titre de quoi il passe par
l'inconscient au travail chez un sujet, ce même
hasard n'est hasard que donné dans un ensemble
plus vaste, un volume, une reconnaissance.
C'est le signe, non identifiable, donc qui prend
part à la réalisation qu'une subjectivité sonde.
La peinture étant repérable au niveau du nombre
ou social, le hasard prend en écharpe l'inconscient
comme matériau de la lisibilité, du langage et de
l'imaginaire qui trempe l'outil dans une matière,
celle du corps symbolisant parce que pensant.
Pour donner chair à la peinture, au format, à la
figure dont on n'a pas encore ouvert son vréel.
A quand la fin de la peinture? Sinon jamais. Car
Dieu vient la tenir, la fixer dans son impossible
représentation et c'est par là que passe la peinture
dans une absence de volume et de profondeur
impropre.
[Continuation de tiques, de mimiques de toutes
sortes, pour pour accompagner les questionnements
et l'écoute d'une approche en marge d'une
résolution des questions; sans jamais faire face à
l'aveuglante réponse qui n'a rien à faire avec la vue.]
T- La peinture peut-elle rester longtemps en
immersion, dans le sens que ce que le peintre peut
rendre ne lui porte pas atteinte; ou plus
exactement n'a rien à voir, ou encore de circuler,
de tourner en rond, quand il peint, de ne pas être?
Dans un autre ordre nous voyons certains historiens
reprendre le sujet comme un acquis, une réalité,
et régler la peinture comme s'il s'agissait d'un
"roman" où toute représentation serait là, dans une
autre temporalité que l'artiste viendrait cadrer et
fermer l'image. N'est-ce pas là le lieu de la plus
grande "terreur" du XXIe siècle que de masquer le
nom du sujet sous une pléthore d'adjectifs de sens
et d'actions contre la subjectivité d'un pensant qui
prend corps maintenant, mais qui n'est pas dans le
courant général d'une culture qui appauvrit et règne
autour ou plus violemment sur celui-ci?
S- L'effet de subjectivation entre en conflit avec
le cadre social qui entérine la représentation en
peinture pour lui substituer des visions partielles
qui fondent un autre sujet ou plus exactement
le prennent pour cible contre de la vue encore et
encore indéfiniment. Surprise par une surdose,
overdose malgré elle, trop plein de sens compulsé,
superposé et aplati, trop dense pour être mesuré
dans une temporalité de l'être et par là-même du
pensant. Sauts qualitatifs puisqu'il en faut pour
rendre à la vue la place qu'elle occupait avant
l'arrivée du dire! En ce qui concerne la peinture ou
plus exactement son format, la forme qu'elle imprime
au dire, nous pouvons résoudre son énigme en posant
une subjectivité à s'y résoudre à s'y inscrire; du dire
on passe aux écritures, des écritures on va traiter la
matière pensante théologiquement, les couleurs elles
seront prises pour ce que l'humain commence à saisir:
que la signifiance n'est pas dans le sens chronologique
des mouvements biologiques de nos corps. Le sujet est
livré à un calcul qui remonte au plus profond de la
corporéité, au stade préverbal plus exactement. Si son
lieu de brisure est de dépendre de quelque chose
d'unique, que cette chose soit déifiée ou liée au vide,
chaos surface peinte dans un saut au niveau de
l'expressionnisme abstrait, à travers l'abstraction
chromatique, et plus particulièrement dans un
questionnement au all over (l'ouvert/fermé) via
l'action painting comme combat sur le socle de la
surface (l'image) matérielle; nous n'avons pas encore
fait surgir sa volumétrie, sa consistance au stade le plus
avancé du mouvement des corps, sinon de le deviner,
de le parcourir par le biais des pulsions, des sons, et
aussi de la parole, pas encore du discours sauf à le
prendre en analyse et de produire de la langue dans
une certaine temporalité. Le sujet à ce moment est
toujours posthume à l'image.
[Quelque chose d'irréel vient fixer les deux regards
pour n'en laisser apparaître que l'infestation du mental
de la pensée, de l'introspection du sujet en cours
d'interjection.]
T- De la parole il en va toujours de trop ou plutôt déjà
de la mesure culturellement parlant, dans le tout
social; donc nous nous posons en ces termes comme
les dépositaires du moment vréel du sujet pensant, du
sujet de la dépense. En quels termes doit-on résoudre ou
former une structure pouvant contracter tout sujet jusqu'
à lui rompre sa configuration psychanalytiquement?
Tiendrait-il s'il n'avait pas l'image multiforme comme
consolidation du stade de socialisation du corps
pensant, de l'être parlant? Et enfin doit-on résoudre ce
que le sujet laisse tomber sur le socle identitaire c'est-à-
dire l'information que toute scription oblige, en deçà des
médias qui sont la surface de toute écriture de tout désir
repenti! n'est-ce pas?
S- Belles configurations dans vos trois questions, dans
votre allongement du site scriptural comme divination,
comme usurpation insupportable de la pensée au profit
d'une socialisation d'un sens qui produit de l'errance, de
la lutte même au niveau du pensant. Il faut laisser le
soin aux lettrés de démêler toute facture inhérente aux
redressements éruptifs de la pensée, comme d'aller vers
un enterrement de la couche introduisant à l'analyse de
l'ouverture de l'image, de la vérité constructive
constitutive de la déification avant que n'intervienne par
sauts irrationnels l'indécidable projection de la peinture
dans son impossible représentation de l'irascible Dieu.
De ce Dieu encore à venir et déjà si vite enterré par on
ne sait quelle possession de la jouissance procréative.
A ne pas confondre avec sa parole contre ce qui
s'apparente aux sciences exactes. Nous en tirerons ce
que bon nous semble, malgré le Sens! Mais il va falloir
un de ces jours autoriser l'apparition de quelqu' image,
aussi insoutenable que cela puisse paraître. En attendant
un peu de symbolique dans l'image ne fait pas de mal!
Et encore collé à son imaginaire, quelques peintres en
font bon usage aujourd'hui comme Lisa G. La peinture
passe par un refus de jouir... Et cela pour quelques
décennies et verra-t-on son cadre retentir jusqu'au plus
lointain paysage urbanisé, là où penser est synonyme de
vision, d'une vision de l'entendement bien sûr!
T- Vous excédez toute participation aux
questionnements, vous évitez, peut-être pour sortir de
la subjectivité?
[Quelque chose d'impossible vient de faire surface dans
l'intérêt des deux acteurs, pour ce qui revient à
l'interpellation, à l'inquiétante étrangeté de
l'hétérogénéité qui n'est pas sans rappeler la matière!]

lundi 27 août 2007

quatuor




















Béla Bartok
Sur son quatrième quatuor à cordes composé en 1928,
et créé en mars 1929 à Budapest:
"... un arc enjambant cinq mouvements unissant les
différents morceaux dans un palindrome géant... Cette
continuité organique donne aux rythmes et aux
couleurs instrumentales une liberté fabuleuse..."


Quatuor [parties 1 à 5]

1
Particularité d'une musique
qui tend à résonner et induit
quelque distraction quelque réserve
de son de savoir quelle en est la raison
celle du pouvoir qui opère une ode
ridicule oraison devant l'étendue
de la matière sonore qui enlève
au rythme ce qu'il a de symétrique
de celle qui se tient cachée derrière
la forme harmonique du lieu écouté
le lieu est écouté écorché éventré
pourquoi telle question du son fondu
du regard impossible tant l'appui sur
le son est glissant descendant entrant
dans l'antre du corps désenchanté
pour tétaniser et offrir un choc au pied
duquel le corps sourd finit par se taire
allons y à peu de frais à trop y croire
attendu qu'à cette vitesse l'écoute s'use
l'écoute répète un peu trop qu'elle vibre
vite et haute violente et écrasante.


2
Double séance deux trois troisième
écoute encore ici là haut bas rien
encore il faut s'y coller s'y enregistrer
coller l'oreille écouter deux à trois fois
encore non moins peut-être quatre fois et
pour de bon le saisir tient il est là non
là bas haut bas droite gauche dessous
en haut il se déplace passe par dessus
et revient à la place qu'il avait avant.


3
Ce n'est plus de cette écoute qu'il y a
un peu de peur d'en avoir la mémoire
usée lentement celle-ci se défait et
tire à elle ce qui lui reste d'étirement
en voilà une horreur erreur pour peu que
la peur s'en trouve libérée livrée au son
qui s'enfuit qui prend le large qui pose
une note au pied du seul arc plié
celui qui donne à résonner à frapper à
allonger jusqu'à sombrer dans l'harmonie
qui est la pause silence attente verticale
sur une envolée mélodique trop diffuse
rien et puis tout en silence petite écoute
lien avec l'horizontale qui prend part au
silence qui danse lentement qui vénère.


4
Piquer sur le vif la corde raide
est vibrée sifflante sonorité coupée
passant d'un son brut à celui plus aigu
et enlevé sauts entrecoupés de martellements
de pincements de jaillissements de pointes
dansées avant que la danse ne soit visible
caressant les cordes piquées et hérissées
d'une raideur et le son est entrecoupé et allongé.


5
Écrasante violente et vite jouée
vibrant au dessus des corps éteints
usés de devoir vibrer aussi autant
croyant à ce qu'ils sentent de la mémoire
qui se tait et jamais le rythme s'envole
pieds arrachés et pouvoir liés le corps descend
chant pourquoi il se tait il en tire il en est là
sur quel désenchantement va-t-il vivre
fondu par quel temps tant dédié
éventré par l'attention du jeu rendu
écouté par quelque faute d'accords avant
derrière là devant après quand c'est mieux
symétrique l'arc va continuer à tendre
enlevé et sautant tout en avant devant
ode retour à un rythme plus lourd sourd
raisonnant par là au plus court le son
réserve des couleurs induites distordant la
musique que l'ensemble joue et introduit.


Thierry Texedre, le 27 août 2007.

jeudi 23 août 2007

dialogue dans l'urgence de l'improvisation 3/3 1

















nativité, 2004 Louis Cane, 75 x 101 cm



Femme ou Peinture? Peut-être l'Amonde qui tourne
encore autour d'un lieu qui n'en est plus à un Enfer
près! Et pour cause Dieu trempe dans cette affaire.

Dialogue 3/3 1

[La reprise du dialogue semble poser la question
de la femme qui est superposée à la peinture.
Ou plus exactement la figure Christique n'est-elle
pas entrain de glisser sous celle de la femme, à
moins que Vénus ne vienne trouer la femme, la
prendre pour la figure de Dieu, la peinture s'en
souvient à travers les nombreuses représentations
contemporaines qui font de cette figure idéelle
un espace libre pour une autre peinture figurable.]
T- Si la peinture a un rôle social à jouer, n'est-il
pas celui qu'une grande révolution doit produire,
doit annoncer, en prouvant au sujet sa terreur du
dire, d'un dire qui n'a pas d'exclusivité à appartenir
à une langue, à l'apprentissage que celle-ci demande?
S- Effectivement la langue d'une telle peinture est
celle qu'un sujet contemporain peut dans l'ivresse de
de sa vision impropre à supporter son image, l'unique
événement qui peut opérer un calcul, un nombre, une
spatialité, une éructation inaudible mais début d'une
mémoire donc d'un début de socialité, parce qu'une
parole naît de ce nombre qui fait signe dans cette
modernité; à trop chanter le changement de la
consommation de masse! Ça prend du pensant à
faire de la pensée une ouverture, le futur d'une espèce
d'humscription, sentir le sens, pas le bon, pas l'irruption,
le Mal s'en charge! Et l'espèce est obtuse, la lenteur
n'est pas le mot pour dire l'espèce, mais plutôt
l'allongement que son refoulement produit "ce qui
se passe biologiquement", donc du pensant qui
fait une spatialité qui a on ne peut plus d'importance
dans l'immédiateté du son!
Le sujet produisant un saut qualitatif (on ne peut penser
en voyant seulement), en voyant (de l'ordre de la vision,
voir Dieu ou sa parole en somme si c'est de l'Amonde
qu'on tient le lien le milieu son fou la Figure Christique
transmuée dans la Vierge Marie qui tourne à 360°du
retour à Dieu, là se cache son sujet passage obligé
écho vague lumière son lecture multiple comme si
d'une instabilité naissait son nombre corps chair dépliée
repliée mise en picturalité effacée dans la scription)
sa picturalité se faire, mais encore pourra-t-il la lire
collectivement (l'individu n'a pas seul un pouvoir de
lecture, c'est une partition qui se joue à plusieurs) puis
faire socialement ce qu'on nommera une prise de
conscience (la loi), le sens possible d'une techné
toujours déjà distante de son objet, en retrait, à côté,
ou plus probablement qui produit en retour la Vue vraie
où se tient l'hébétude de l'espace objectal à côté de
celui biologique séparation du champ pictural d'un
"Nell Mezzo"de 1981, par exemple chez le peintre
Marc Devade. La peinture peint la chair mais encore
de cette chair remonte une couleur qui pense, la
peinture pense son sujet à l'envers de ce qu'on croit!
Il peint dans sa somme athéologique et le sujet
divisé (visible dans La Peinture), c'est pour cela qu'il
y a du peint et du non dit malgré le son (la petite
musique qui monte en vous du dire lecture écoute)
qui toujours laisse un fond un passage possible pour
entendre la loi et l'approche probable d'une signifiance;
de quelque chose qui fait sens du sens de la
polyphonie des voix. Nous touchons là à une implosion
une onde de choc balayant tout sur son passage.
La lange avec et l'écriture qui malmène l'écrivain
détenu et sans le garde fou de la locution. Au risque
de perdre le Nom du père, de se mettre en situation de
refermer la femme comme la page sauf ... à faire de
la partition son oeil son point de décentrement de
reconnaissance du corps d'écriture.
[La pièce est chauffée par les deux hommes qui
respirent dans un air empli d'une substance
évanescente qui réapparaît compacte et se déplace
lentement au dessus de leur tête, les yeux
semblent injectés de sang, la fumée piquante est trop
imposante, il leur faut interrompre la conversation
pour que l'atmosphère redevienne supportable après
qu'ils aient quitté la pièce .]
[Un peu plus tard, la conversation peut reprendre,
comme si rien ne s'était passé. Sauf peut-être S qui
laisse de côté pour le moment la cigarette. Il pose
le porte cigarette sur le coin du cendrier qui est
plein de cendres.]
T- Vous portez par un parcours "tabulaire" pourrait-
on dire, un travail sur le dire au niveau de ce que la
peinture abstraite a dénoncé; soit la figure comme
centre impossible dans la lecture, mais encore un
retour sur la fonction du corps parlant, l'ondulation
que produit toute entité pensante.
S- Remettre à plat ce que le dire déverse dans la
discontinuité du vivant revient à faire vivre la peinture
pour ce qu'elle travaille dans la continuité. La fin
d'un langage c'est aussi la marque de la répétition
au niveau du signifié, quelque soit le signifiant en
cours. Donc pour en revenir à la peinture, la couleur
est la seule matière colorée vivante (le dessin n'est
qu'une déviation, une dérive de la liquidité matière,
sa "rive", en passant par son épandage et son séchage;
la matière du sujet de la peinture), dans le sens que
c'est par la couleur que passe tout parcours de fixation
donc de loi donc de socialisation donc enfin de
forme en bout de souffle! Et peut-être de la Figure!
La difficulté qu'il y a à extraire les corps de la
couleur, c'est comme apprendre une langue avec
tout ce que cela implique de retour sur l'image, donc
sur la répétition; sachant que c'est un matériau, mais
encore que le vide laissé à tout sujet indice de son
vivant de son histoire à "en faire", font qu'il manque
encore un travail parallèle sur la conscience que la
matière pensante mémorise au niveau du corps qui
n'est pas l'identité socialisation et être, mais pas
encore du pensant. Nous touchons donc à quelque
chose que la peinture peut représenter, peut remettre
dans une spatialité encore au début du XXIe siècle.
A défaut de Figure il en retourne qu'on peint
maintenant la question! Le questionnement de Dieu
et plus à rebours, une histoire de castration symbolique,
et qu'à s'y résigner à cette question on passe à l'acte,
au plus près du résurrectionnel dans le fond dans
l'imaginaire dans la réponse à refaire un "moi", une
"épiphanie" de la subjectivité.
[Silence évident avec pourtant un bruissement
latent, celui que tout corps entretient face à son être
face à l'impossible Face, à l'impossible résolution
que tout dire prend en écharpe; l'insondable et
insoutenable bruit du corps parlant, sans qu'aucune
identification ne soit nécessaire pour tout ce qui
s'entend au milieu dans l'air allumé maintenant.]

mercredi 22 août 2007

de la peau à la loi




















le mur peau, photo de Nicole Tran Ba Vang


de la peau à la loi

A quel attentisme faut-il s'attendre,
ou à quelle source doit-on se fier
pour sonder l'intouchable légèreté de
l'être? Sinon à l'effleurement, au tactile
subjectile qui étourdit l'intériorité
comme si de faire une telle approche
pouvait permettre une remontée
vers l'insoutenable polémique mille
fois engagée, attendue, ressentie, et
certes une introspection inconsciente;
de savoir ce qu'il en retourne de l'espace
qui s'ouvre à cet intérieur. Mais pas
encore celui de la mémoire qui compte.
Mais bien de cet espace tactile qu'un
sujet peut, de recevoir en surface une
possession. Une tentation délibérée de
se prendre au pli de la peau et de son
odeur, de sa conspiration, de son
attention glissante qui donne à réagir,
à faire de la peau un grain. De cette
posture qui enivre, qui remonte au
rachis, qui provoque et donne le frisson,
à s'y soumettre. De ces états de tension
qui vont faire oublier qu'un parcours
caressant est une ivresse par laquelle
un corps peau peut comprendre, peut
réagir et tenter une fusion avec un
autre corps, soit de son rapprochement,
soit d'une apposition. Là est l'origine
immémoriale que l'humanité a décidé
de soumettre à la règle, à la loi aussi
parce que le toucher n'a de loi que là où
d'un commun sort une identité, un trou
que la mémoire comble par l'érogène.
L'attente n'est pas si longue, tout
s'irise, tout se découvre et prend le
devant de la scène; pour commencer
le temps de la chair, commencer à
s'enfoncer en elle.

Thierry Texedre, août 2007.

dimanche 19 août 2007

interdit
















Appolon et Marsyas, 1637 Josepe de Ribera


Interdit

La jouissance c'est envoyer
chier la langue pour lui lécher
le con à cette putain de déféquée
jusqu'à en jouir de lâcher ce
foutre à rire de ce rien cette absence
de conscience d'aller sur les rives
du corps chanté d'avoir touché
un être de chair le rire violent
n'est-il pas le viol de l'âme
ce que le viol taraude sans cesse
de la chair livrée à toutes les étapes
pour toucher la fente et y pénétrer
y laisser sa semence pour en jouir
dans la répétition nous y voilà au plus près
de cette imperfectible chair sortie du charnier
serait-il parfait qu'Appolon lui-même n'aurait
aucune raison de s'y mesurer sauf à la lire
à sa musique mais voilà que la jouissance
s'en mêle à éviter les corps elle
les tient pour les entendre se tordre
se tirer en tous sens pour tirer un coup
ou se faire tringler comment est-ce
possible de ne pas tomber dans ces odeurs
de possession qui font du satyre l'animal
ou à l'allongement torsion copulation
pour tenir le temps d'une vie à rendre
l'âme à la déplier à la dédier à
l'entre-deux rite où les sens en ont pour
des ébats par la simple improvisation
n'est-elle pas perpétuelle dans l'intégralité
du con ouvert devant sa proie offerte
telle embrochée pour en chauffer
les chairs rouges livrées à l'instinct
et au rythme compulsif du corps palpitant
il y faut une dose d'appropriation
de l'autre pour s'entendre dire la loi
la jouissance cet état d'apesanteur
où pulsions et être sont confondus
à en dire long sur la question
peut-on tenir le position cette
explosion des corps saturés d'informations
dans l'oubli d'être pour se fondre
entre les jambes remonter à
l'incarnation à la transmutation
que l'esprit doit faire afin d'accoucher
de sa jouissance le corps laisse
aller dans tous ses états ses zones
érogènes avec la prise d'une autre
corporéité sa refonte dans le même dans
une matière anonyme où ni le temps
ni l'espace n'ont lieu une liaison où
l'échange pose la question d'une
continuité du rapport de l'acte amoureux
s'il est aussi éphémère soit qu'il tente
à perdurer à persuader animalité oblige
quelle jouissance peut imposer au corps
sa dérive vers la chair cette surface
produite à partir du commencement de
l'état foetal celui où nourriture et
matière utérine sont inséparables devant
ce bien lié à la vie sensible disons
au pensant comme liaison entre corporéité
et jouissance celle qui après un plaisir
détourné celui de l'être va rendre grâce
à la chair de cette grâce qui vous emporte
au seuil de l'infestation celle de l'éjaculé
par la prise de pouvoir immonde de l'objet aimé
lentement le désir monte pour soustraire
cette jouissance à la pesanteur du corps
pour le soulever l'amoindrir en sorte
que la chair seule puisse procurer à
l'être aimé un sursaut délibéré
de se livrer à l'infini de la chair creusée
de cette chair qui si elle ne copulait pas
n'aurait l'apparence que d'une ridicule
instrumentalisation chassée de toutes
parts participant de la nourriture des
entrailles la jouissance recouvre alors
de ses plis l'invention de la corporéité
l'annonce d'un corps livré et lié au pensant
de ce cul en rond sortent quelques pets notoires
pour que l'oreille entende ce qu'aucun
entendant peut comprendre c'est une sorte
de virilité qui se dégage de ces sphincters
d'où l'écartement le grossissement des chairs
des muscles du rectum bien décidé à ne pas
se livrer à découvert à rendre au sol ces
déjections de cacafoutaise mais en état de
sainteté pour un corps livré à son antre
planté point de recul de ce cul face à son autre
toujours déjà prothèse déjà béance d'une
jouissance interdisant l'union en un seul
état de chair sinon de passer par l'infini
pourceau qui fornique une dérive vers
la face ce devant derrière chassant cette
chair dont dépend tout corps nourriture tout
corps absorbant dévoré et suicidé d'y croire
redistribuer ce qui n'a de cesse une corporéité
obscène qui sème une tentation tant attendue
en situation d'instinct ou du sens produisant
une réaction du site de la locution que
la loi va entraîner dans sa rupture avec
l'isolement de la chair pourvu qu'elle compte
avec ce corps mis à nu par son pensant
de cette redistribution va dépendre une
mise en équilibre en instabilité avec non pas
la peur comme il aurait dû se soutenir
mais dans une transfiguration de la chair
transgression interdisant à la vue toute adjonction
toute tentative d'aplatissement de la figure
au passage peinte mais déjà sexuée.

étude au parc


















études,1969 Simon Hantaï 273 x 235 cm


Étude au parc.

Réussite de la lecture d'une brève
surface suite sinuosité dans cette vue
l'air du temps dehors le calme s'est fait
suivant les sillons des chemins creusés
encore pleins de la paisible errance
sens de la fin de journée d'un labeur
pour ces ouvriers descendus dans
la plaine et qui vont longer le fleuve
grossissant à cet endroit entouré
d'arbres imposants sur les berges
laissant sur l'eau planer l'ombre
de leur feuillage sombre et agité
par le vent frôlant et chantant
dans leur cime de leur grandeur

centenaire
au pied desquels marchent
des couples affadis par le temps
du travail avec le moindre rite comme
lien avec l'au-delà les éléments la vie
autre extérieure à leur moindre vécu
ils avancent lentement à pied comme
si la civilisation venait à s'arrêter au
lit du fleuve à l'endroit du parc ou
le chemin part à l'infini sillonnant
dans le même sens que le fleuve
communauté au repos ce jour ou
le ciel au dessus s'éclaircit et faciliter
la sortie des plus empressés qui vont
se poser le contraire pour demain le
mouvement reprendra dans la ville
immense aussi constructions serrées
et basses mêlées de gratte-ciels où
bureaux rivalisent avec d'autres états
les marchés contournent ces tours
pour les rendre plus vivantes
ils serpentent au rythme des saisons
comme jadis les rivières le long
des collines rondes et verdoyantes
toute cette agitation pour faire retour
sur le vide comme départ du coup
de pinceau de la trace qui marque
la naissance d'une écriture devenue
la civilisation dans le plus pur plein.


Thierry Texedre, août 2007.

vendredi 17 août 2007

relaxation ou de haut en bas








les yeux
"En 1959, le docteur Bela Julesz a inventé le premier
"stéréogramme", composé de 2 images sans signification
apparente. Cetapparent fouilli de points devient une
image en relief apparaissant lorsqu'on le regarde en
vision parallèle ou criosée."



Relaxation ou de haut en bas.

Le bloc tête est encore trop rivé
seule une concentration sur
l'extérieur peut-être une voix
p
eut résoudre cette diversion recluse
seule une concentration sur
l'extérieur peut-être une voix
peut résoudre cette diversion recluse
de la tête dans la conscience qu'un
et elle font de ne pas être divisés
l'inconscient n'en a pas pour longtemps
à rendre au corps sa libre inclinaison

de la tête dans la conscience qu'un
et elle font de ne pas être divisés
l'inconscient n'en a pas pour longtemps
à rendre au corps sa libre inclinaison
à se soumettre à la parole la voix
régime registre revisitation de l'esprit
qui se soumet au dire à l'image
qui fait remonter du fond l'autre l'abîme
l'inquiétante étrangeté pour la neutraliser
avec l'asphyxie du conscient sa césure
sa
rupture pour laisser place au bloc corps
descente dans l'intérieur écouter le flux
rendre au dedans ce qu'un dehors évide
évite dévie détourne inverse diffuse défait
diffusion donc image d'une entité qui passe
réflexologie du bloc corps devant la tête
supposée agir sous l'emprise des sens cachés
érotisation intérieure d'un pur paysage
tant qu'il descend dedans et frôle aussi
la
surface du corps prenant des postures
des positions comme il faut quand un signe
en demande de vide intérieur le fait être
ce corps pour qu'être il agisse sur le haut
mental redirection des actes manqués à la
surface sous forme de transmutation des
membres et des viscères pour une inclinaison
à flotter au dessus du corps chair et d'être un
le bloc tête est déjà en arrière loin de lui
d
u corps qui va au rythme de l'eau
marée envahissant tout l'être en état
de supporter l'absence du bloc tête supposé
maintenant disparu et dévoilé opaque et oublié
état d'apesanteur flux du désir qui monte
pour impulser l'énergie que ce corps sent parle
la mémoire reste la seule positivité accessible
mais sans son ombre le langage autour d'elle
la mémoire se livre sans aucune retenue
pas de rejets pas de craintes pas d'humeurs
partout danse l'air léger qui frôle l'ensemble
du corps longeant les moindres volumes
étirés libres et rassurés dans la mise en éveil
le corps vidé du malaise de la douleur de
l'infection de l'idée de mort pour aller jusqu'au
seul enseignement celui de l'éternité ici ouverte
le retrouver dans une purification lové après
la lévitation sans son bloc poids terre
action irréelle quand debout l'être s'en va.


Thierry Texedre, août 2007.




mardi 14 août 2007

dialogue dans l'urgence de l'improvisation 2/3













possibilités de dialogue

Image du film d'animation en trois épisodes écrit et
réalisé par Jan Svankmajer en 1982. "...Celui-ci trace
un portrait poignant des relations humaines, mise
en scène de deux hommes qui s'affrontent en sortant
divers objets de leur bouche..."


Dialogue 2/3


[S s'est rassit à sa place croisant maintenant
les jambes comme pour se stabiliser, se
contenir. Il tire de grandes bouffées sur sa
cigarette bien vissée dans son porte cigarette.
T est lui aussi revenu s'installer dans son
grand fauteuil, mais reste moins détendu.
Il a comme un toc, car de ses deux mains
rivées fermement sur les accoudoirs, il
semble s'y appuyer pour relever son buste par
petites saccades, tel un pantin désarticulé
peut le faire, mais T gratte aussi le bois sous
ses doigts. Et cela en toute discrétion,
imperceptible vision qui se répète tout au
plus deux ou trois fois, puis relâche ses doigts
et recommence après une brève interruption.
Les deux protagonistes reprennent la
conversation.]
T- Pourquoi la peinture fait-elle surgir un
nouveau sujet dans un Tout social bombardé
par le site musical?
S- Pour enfreindre la loi, celle qui tient socialement
parlant, et incorrecte, pour enfanter musicalement
l'image de l'imaginaire, celle de la figure peinte,
unique matérialité possible et architectonique
des corps qui sont socialement livrés à la langue,
qui pour parler, doit en découdre avec l'image,
avec l'espace que le seul site musical peut
légiférer. Et faire que la conscience relève de
l'écoute... La constitution d'images n'a que peu à
voir avec l'espace pictural car à trop produire de
l'image, le pensant écoute et c'est alors le son
qui devient le nouvel ordre de toute la productivité
liée à l'image, mais surtout à la langue qui perd sa
singularité au profit d'une dépose, d'une
décomposition du privé. Tout devient publique,
tout devient transparent léger et indésirable; pas
de loi pas d'impossible (l'impossibilité d'acquérir,
d'accéder à la raison à la lecture au sens, comme il
convient) pas de mort non plus dans la textualité,
à cause de la superposition des sites, des strates de
la mémoire, des cultures pour faire simple. Nous
nous posons alors dans un autre ordre qui serait
concomitant, voir parallèle à la textualité du régime
politique en vigueur 5quelque soit celui-ci
d'ailleurs).
[T arrête de gratter le bois des accoudoirs de son
fauteuil, il est plus concentré sur l'affaire en cours,
il en oublie même parfois de reprendre son souffle,
ça semble le mettre en position de relancer la
conversation.]
...
[Fixation des regards en face d'une telle lecture?
- s'agit-il du parlé, ou de la lecture ? Où en est le
texte à ce niveau d'interprétation? Se peut-il qu'il se
confonde avec de l'oral, la voix peut-elle masquer
le texte en en rajoutant?]
T- Je voudrais en venir à cette architectonique du
format, s'il y a format. Et quel est le rôle de la
technique dans le tableau. La technique aussi voit
son déplacement révolutionner le format. Se peut-il
qu'elle soit liée à la déclinaison du corps pris dans
la parole en cours, en état d'hébétude, en train de se
faire dans l'aveuglement dû au format de la toile et
surtout de la figure qui est donnée à voir? Sûrement
dans un déroulement, un soulèvement, son
dévoilement?
S- La techné n'est pas la forme, et l'information d'un
tableau quelle que soit son avancée culturelle, si le
tableau reste comme tel une immunité pour un futur.
En ces termes, nous avançons sur quelque chose de
diurne qui a à faire avec le signe, la signifiance et
pour cette probabilité, nous pouvons résoudre le
problème de la peinture a être dans la couleur, de
passer d'un état pur à un état abîmé (l'abîme euclidien)
pour ne pas dire du blanc au noir. La technique est
une liaison, une terminaison d'états dormants, postures
liées au code social et représentées dans la décharge
pulsionnelle que le sujet peintre produit distingué de
son inconscient qui lui fait le format virtuel. La forme
humaine permet l'état de densité de la liaison de
l'intérieur vers l'extérieur, son architectonique. Sa
"cathédrale", grands travaux de la peinture qui doit
parler (énigme du faire), plus que son faire-voir l'y
consent! Le mystère de l'état de tension dans laquelle
se trouve l'image peinte laisse entrevoir une certaine
disposition du corps pensant à fabriquer un imaginaire
un pensant pour peu que celui-ci soit un nombrant,
mais le nombre est une autre histoire, un autre abord
qui est de l'ordre de l'être. Que seul l'être pensant voit
dans l'abîme qu'il prépare, à cause de l'immonde. Du
délire articulé qui est d'inventer techniquement à
cause de ses organes, et non de son pensant, son
penchant indifférent à l'union puis à l'unique puis
encore à Dieu. Théologiquement parlant. C'est là la
confusion: croire que la sexualité est pensante! Pour
en venir à la durée du tableau dans le temps, sa
répétition, l'existence même de sa répétition vient du
fait que c'est à cause du nombre mais aussi des
cultes, des incantations à l'image que la forme a
fait format, puis picturalité, vision-érotisation à travers
la couleur-sang-coullée-verticalité-écoute. C'est là
l'invention vraie de la couleur qui prend comme
forme le mouvement des corps, mais surtout du corps
pour le penser et pouvoir le nommer socialement.
T- Nous constatons une absence de la couleur dans la
résolution du tableau, pourquoi un tel état de fait de ne
pas dire la couleur, une évidence aveuglante de
l'impossible temporalité de la couleur, sans son pli!
Ne serait-elle pas vidée de la loi et par là-même de
Dieu?
S- La couleur a refait surface depuis un siècle dans
un même temps avec la disparition de Dieu (et
l'introduction d'un Sujet avec la psychanalyse). Ou
plus exactement de sa lumière, de sa lisibilité, fin d'une
technique! La couleur est une question d'esprit. Si Dieu
est la couleur, comment le monothéisme pourrait-il
exister sans la lumière prise dans l'identité subjective
de l'homme, usage de l'art pariétal entre autre. C'est
l'éclairage des êtres qui fait le pensant et non Dieu.
Dieu est une partie de la peinture, la couleur, la
jouissance, le seul registre perturbateur, créateur.
De la combinaison des deux (lumière et couleur), Dieu
apparaît déjà dans la représentation des êtres, Dieu voit
son image (la peinture) se dresser (la subjectivité) pour
nommer dans la négativité (la mort de Dieu) son
hétérogénéité (états pulsionnels des corps et la peur
du mouvement qui est transsubstantiation dés la
sortie en cri) dissout dans le dire (discours de la chair)
sa cessation (la mort humaine) pour faire résurrection
dans l'imaginaire (socialisation avec la peinture comme
sens). Le recours à Dieu dans la peinture n'est pas sa
représentation mais la structuration d'une subjectivité
par la chair, par Dieu fait homme à son image que la
peinture ouvrira et fermera pour qu'un Sujet ouvre
à nouveau une autre vision, un autre regard sur
l'impossible spiritualité de l'homme. D'un retour sur
ce que la théologie n'a pas su projeter: sa matrice, sa
figure. En tout état de cause, nous touchons maintenant
l'immuable vertige du chaos, et que c'est bien
l'impossible figure de Dieu qui fait de nous des parlants!
Sur cet effet lié à Dieu, nous avons eu à redistribuer
autrement sa "chair" pour maintenant tenir le cap si
j'ose dire vis à vis de la croyance, mais encore et surtout
de la jouissance de l'espèce comme cause du dire et
plus généralement de la "parole" en tant que parole de
l'interdit, de la permissivité sociale. La loi a à faire
avec la couleur en ceci que s'il y a couleur, il y a
traversée depuis la profondeur (le blanc) de quelque
chose qui depuis toujours fait trace, marque les esprits,
donc l'intelligible, la pensée: c'est une approche du dire
de Dieu. La loi, ce sont les règles sociales ou
l'architecture, la division de l'espace du tableau, un
espace qui n'est pas nécessairement contigu.
Le chaos dans la toile n'est lisible que parce qu'il y a
espace, et l'espace n'est perceptible à ce stade que parce
qu'il y a recherche de la figure de Dieu!
[Les deux hommes remuent sur leur chaise, un peu à
cause de la chaleur dans la pièce, leurs visages brillent,
la sueur perle le long des tempes, ils s'autorisent une
pause.]
...
[Reprise de la conversation après quelques minutes de
détente, devant une machine à café.]
T- vous imaginez que Dieu n'est Dieu que parce qu'il
est perceptible en tant qu'image inaccessible, impossible
à supporter. C'est en quelque sorte un état de chair mais
déjà lumière, la projection de l'humain n'est donc pas
souhaitable pour entendre Dieu. La parole de Dieu est
l'impossible raisonnement, puisque en dehors des lois
humaines, c'est affaire de jouissance!
S- La peinture ne fait que çà d'effacer Dieu pour ne pas
rendre compte de son incapacité à entendre autre chose
que la voix du sujet. A force de fondre l'image de Dieu
dans la couleur, la mort de Dieu par impossibilité de
résoudre son énigme a envahie la peinture jusqu'à verser
la couleur, la matière en flaques, pour comprendre
autrement la théologie la recherche de l'unique figure
qui enlève au corps l'injustice que penser lui confère.
"D'yeux" est le fait avéré maintenant que çà n'est que çà
la recherche d'autre chose que la vue (peut-être la
pensée), en l'y excédant dans le sol symbolique, matière
toujours déjà défaite et retournement par l'idéologie
que toute masse s'approprie; mais surtout le pôle de
l'unique comme début des signes dans le champ du
pensant, des nombres, et dans une étendue à l'écriture.
Ne pas lâcher le son, le fil conducteur d'une origine qui
devrait faire histoire ou plus exactement volume, donc
exister; plus généralement comme intégrée au rôle du
social pour marquer le pensant qui n'est pas la culture,
mais sa signifiance.
Pour en revenir à dieu, c'est un chantier colossal qu'il
faudra un jour déchiffrer ou plus exactement rendre
visible! Car tout le XXe siècle n'a été que çà: douter de
la parole (de Dieu?), et encore la peinture n'a pas su
résoudre à l'échelle du civilisé (j'entends par là quelque
chose qui a à faire avec le "vréel", où le non n'est pas
sensible, où la négativité n'a pas encore fait de ravages)
ni l'image de Dieu ni ce qui l'a fait apparaître (il s'agit
donc bien de la conscience que penser est un regard
sur quelque chose de mouvant, d'hétérogène), donc il
ne reste qu'à la "musique" une seule chance pour faire
ce qu'aucun autre art (pas même la télécinématique qui
modélise, donc n'est pas de la pensée) n'a provoqué
dans le brassage social pour "contenir" sa jouissance,
afin de faire loi pour qu'il y ait du social. Mais les lois
ne sont pas celles que l'on croit! La matière pense, mais
encore la vie corrige sa trajectoire, c'est possible: il n'y
a pas que la reproduction encore moins la résurrection.
Il y a une autre voie (une voix) entre reproduction et
résurrection (la même image employée à l'encontre de
la Vierge Marie). Cette permanence permet un espace
où tout sujet toute matière peut s'engouffrer pour
donner du volume de la vie de la pensée...
[souffler reprend le dessus sur l'écoute, sur un état posé,
une veille presque hypnotique concertante peut-être;
détente oblige pour relancer le débat.]

lundi 6 août 2007

dialogue dans l'urgence de l'improvisation 1/3




















Te di todos mis suenos, 2002-2003 Désirée Dolron.


Dialogue: 1/3

[ Les deux intervenants sont assis dans de larges
fauteuils cannelés sur l'assise et le dossier. Un
cendrier sur pied et en bois tourné sépare les sièges,
sorte de prévenance envers les hôtes. Les deux
hommes sont prêts à en découdre avec la parole et
son image, celle d'un sujet clos. L'un nommé S est
un fumeur, et tient dans la main droite un fume
cigarette en écume de mer, au bout duquel se
consume déjà une cigarette; peut-être des blondes?
L'autre personne T est certainement un non
fumeur, car avant l'intervention les deux hommes
se sont rencontrés dans une autre pièce, et T
avait l'air de cligner des yeux, et ce, à chaque
bouffée de fumée envoyée par S pendant leur
conversation. Il est un peu gêné par la fumée,
mais il en convient. S sera en mesure de se tourner
du côté opposé à T pour que l'affaire s'arrange...]
T- Comment aborder la grande chose que le dire
ne peut résoudre?
S- J'en conviens, il faut s'y soumettre, hum...
[Le silence semble s'emparer des deux hommes
pendant quelques minutes, avant de...]
T- Mais ne te réserves-tu pas le droit d'en parler, ou
d'y passer à la trappe?
S- Là est le problème! [ silence] Le passage d'une
temporalité à une autre certainement. [Très appuyé
dans le ton.]
T- Sur quelle interrogation, sur quelle improvisation
peut-être?
S- La décision de prendre à bras le corps le dire pour
lui faire subir la plus grande "implosion" de tous les
temps ne va pas sans rester de glace devant ce
nouveau réel, cette révolution! [Étonnement et
malaise de l'entendant]
T- Ça me surprend ce nouveau réel? Je ne comprend
pas bien, le réel étant par essence si l'on peut dire, ce
qui est de l'ordre de l'existence dans son enracinement!
L'homme vit et il a une conscience de son parcours. Il
est dans un milieu social qui pour lui est une réalité,
celle de toutes ses journées et de ses nuits, mais il sait
aussi que ce réel n'est pas le même pour tout le
monde, non? [Léger mouvement des bras, en même
temps qu'il s'exprime. Il semble un peu contracté
malgré tout]
S- C'est un état fusionnel bien sûr.
T- N'est-ce pas entre autre quelque chose de la réalité?
S- Celle-ci nomme l'existence mais se laisse prendre
dans une représentation une "chose" qui ne tient pas
devant l'atomisation de la "lettre", et par là-même de
la pensée. Donc nous nous devons de rendre compte
d'une réalité du fait que la parole prise dans son "dire"
l'écriture, doit faire surface comme "composition" au
même titre que la musique passe par son écriture
pour rendre socialement toute approche conflictuelle
du "néant" inopérant; sans un retour sur le sujet
parlant.
T- C'est un saut dans l'indéfinissable?
S- Oui, dans la division. [Sourire sur le coin des lèvres,
et tire deux bouffées.]
T- Dans une perpétuelle reformulassions du corps
pulsionnel pris dans "une tête au carré" pour rendre
l'image au plus près du rituel, avec sa connotation
de lutte, de refus de l'autre, par manque de connaissance
de la matière verbale. [Il se sent déjà mieux, et croise
les jambes pour satisfaire à sa réponse.]
S- Un trop plein d'images, un encombrement au niveau
du dire qui ne tient pas face à l'image "décentrée". [Les
deux s'enfoncent dans leur fauteuil comme pour faire
comprendre à l'autre qu'ils sont détendus.]
T- Une autre temporalité n'est-ce pas un retour sur "l'au-
delà" de la théologie, ou encore celle du Vide comme
principal moteur, source d'images? [Long silence
encore.]
S- Possible dans la pluralité des voix...
T- Le silence encore, comme John Cage en musique!
S- c'est de l'ordre de la permanence, dans le sens que
ce qui s'écrit, se "crie" avant de se dire; le cri sortant
du corps par l'entremise de la respiration mais encore
et surtout de ce que la cavité buccale vient chercher au
profond de sa voix: une "chair", une "jouissance"
permanente en d'autres termes. [L'auditeur contracte
ses pommettes en signe d'insatisfaction, avant d'avaler
sa salive comme si l'impatience était dans l'air ou
contractions zygomatiques et régurgitation de la
salive de l'entendant.]
T- Venons-en au rôle de la peinture dans la société
ou pour être plus précis, comment la peinture peut
peindre dans l'histoire de sa propre filiation et par là-
même, quel enjeu va-t-elle permettre dans la mouvance
sociale?
S- La peinture a préparé son entrée dans l'innommable,
en admettant que son rôle reste celui de la représenta-
tion, son rôle de voir, puis de vision; à donner comme
conscience que dans un Tout Social permanent la
peinture relève le défit de la théologie, mais à l'envers.
Nous pouvons dire dés lors que le volet peinture
donne à l'écriture sa vérité, et à la représentation le
système que toute société à venir devra probablement
intégrer à toute forme d'évacuation d'une subjectivité;
inversement proportionnelle au monothéisme, de son
apparition, de sa conscience. Pour en venir à son enjeu
social, si on peut parler de mouvance, de déplacement
de quelque strate du milieu social; c'est dans la mesure
où la peinture faisant appel au format, au dessein (la
couleur ne peut se soustraire à son dessin, dans le
séchage de celle-ci, représentation malgré elle dans
son auréole) elle tient lieu de ponctuation du milieu
socio-culturel, mais encore historique de son sujet
(le peintre) et de chasse dans le sujet peint (la figure
en cours de traitement), à travers la matière du sujet
de la peinture. Malgré sa charge passée dans la contra-
diction, la peinture passe son temps à nier le réel qui
ne convient jamais au sujet pensant; en cela ce qui
déborde de la peinture (l'écriture) va entrer dans son
espace, dans celui du musical aussi, car le son
produit l'image et l'image en retours traduit l'écriture
à travers le signe, comme manquement de tout dire
d'en savoir trop sur l'image avant que celle-ci ne
fasse le lien social. Voilà pour le moment ce qui
ressort du mouvement que la peinture entrouvre,
que la figure peinte déplace déjà avant que ne lui
tombe dessus une autre histoire, une autre digression!
[Éclats de rire des deux intervenants, avant un long
silence qui entame la reconnaissance du dire.]
T- Une autre digression!
S- Sans doute.
T- Revenons au dire.
Pour que fonctionne celui-ci, ne faut-il pas encore et
toujours l'image mais encore sa réserve: l'écriture.
Qui en passant par le corps (le parlé) va compromettre
son lien (le lieu), sa filiation au dire en créant peut-
être par là une autre image qui là, fait figure, fait corps
en somme donnant au social un sens, une voix, de la
voix au corps au pensant.
S- Vous venez de faire réponse à un questionnement
qui restera éternellement présent et constant, comme
en musique le temps qui marque la présence des notes,
pour en donner un rythme, une vitesse, un phrasé;
donc pour ce qui est du dire, il faut en passer par
l'image mais pas celle d'une représentation qui fait
appel à la reproduction, mais à la figure compulsive
d'un lieu du corps pensant qui fait corps parce qu'il
y a de la peinture et, par là-même de la loi; et encore
pour y aller dans le sens, il y va ensuite du social,
mais toujours parce qu'il y a du manque, manquement
à la règle, quelle règle! Sinon de l'impossible dire qui
comme il convient n'en finit pas de courir après son
vide, son blanc, son aveuglement, son futur, sa
langue; sans jamais y parvenir (que par le délire),
ni par l'écriture, ni par l'image... A suivre dans un
autre monde!
[Un raclement de gorge, de la sueur, des gouttes qui
coulent sur les tempes, laissent présager une impa-
tience, même comme une indisposition dans ce face
à face impossible, improbable, impossibilité du dire
qui traverse sans jamais faire face.]
T- Bien, qu'en est-il de cette hétérogénéité qui livre
le corps à sa textualité, à sa partition, pour que du
dire puisse avoir lieu, et en retour un travail du
pensant sur l'écriture et peut-être de la loi?
S- Ici, tout passe par le son.
c'est une histoire de musique qui depuis plusieurs
décennies lance la langue dans un espace que seule la
psychanalyse peut tenter d'amorcer, de compromettre
peut-être! Ce qui est radical à ce stade, c'est le com-
portement social de tout être pensant, être parce que
lié au social, être s'y reconnaissant; c'est le début de
toute pesanteur, de toute chute, de la verticalité, du
vide, du blanc au noir d'y voir le blanc de la peinture
comme échange, interaction de la trace à la matière
colorée via le mouvement du pensant sur une autre
corporéité, celle-ci hétérogène! Nous ne le répéterons
jamais assez, que c'est par un travail du corps pictural
que va se faire la "lecture" pour que saute le soc littéral
de toute emprise sur l'image; mais d'une image qui n'
est pas une fuite de la littérature, de sa complémentarité
ou encore d'une lutte entre abstraction et figuration.
Car alors tout travail pictural serait encore et toujours
dans un ordre de la servilité. Toujours un double
venant conforter dans le social, faire le jeu de l'air du
temps! Donc il faut encore et toujours marteler que
cette picturalité va fondre toute la peinture passée et
avenir pour en sortir la finitude du monde socialisé et
nous libérer l'esprit de toute overdose surdéterminante
et parasite, quand au vivre de l'état de la subjectivité
que la loi publique anesthésie chaque jour un peu plus.
[N'est-ce pas le moment de se poser, la cigarette est
déjà éteinte depuis un moment, au bout du porte
cigarette vidé de son contenu et ayant comme un air
comique au bout des lèvres de S. Il se lève pour
chercher une autre cigarette dans un paquet logé
dans la poche intérieure de son veston. T semble
agacé par ce temps passé à vouloir encore tirer sur
la cigarette. Tous les deux reprennent place après un
léger flottement dans l'air, comme si le dialogue n'en
était qu'à son début.]

dimanche 5 août 2007

matière du pensant et matière verbale



















cliché de Pierre Touboul

"...Icônes...d'un suaire de matière...pour composer
une dégénérescence baroque..." Judith Pourpré



Ici, un texte qui lit, donc sans ponctuation, sa lecture est
celle qu'un corps ne peut s'empêcher de saisir quand l'image
vient à manquer.

matière du pensant et matière verbale

sur une terre où des possédés aux humeurs
vagabondes vont et viennent imperturbables
attendant on ne sait quel raisonnement
qui leur serait attribué en retour de leurs
croyances ne vont-ils pas se livrer à la chasse
aux dires marquant de ces marques qui font
loi à nouveau comme leurs postures valent
de se mettre en accord avec des déchirures
des incisions dans la matière verbale dans
l'attente d'autres lois qui leur donneraient
raison et attribution calme et liberté de faire
débarrassés qu'ils seraient de la faute de ne
pouvoir manquer de dire leur reproduction entre
deux morts enfin dans l'incessation de ce bruit
sonnant la fin du dire d'être possédé
n'entend plus que de livrer au corps ce qui l'a
promu au rang de pensant sur cette terre où
sont encore quelques raisonnements de voir apparaître
à leur insu quelque chose d'insondable
peut-être ou que cela provienne d'une idée
qu'à une autre temporalité on aurait pu se faire
sur l'indistinguable matière là où tout reste
à faire de ce faire qui rappelle que la terre rêve
hé oui encore une fois cela vient à temps cela relève
d'une terreur du plein de ce qu'il est bourré
d'impossibles trous où sortir et entrer pour trouver
l'être percé mais placé et livré à sa parole à son
dire architectoniquement celle-là même qui
peut dire et avancer dans son réel dans son vrai
pour que le corps pensant respire au lieu de quoi
ce corps est enfermé et clos malade de symptômes
d'actes manqués que la terre ne cesse de porter
en son chemin de croix immuable certitude
que la ressource vient à manquer à un moment
où à un autre contre toute humeur laissée
à son irrecevable raisonnement voilà donc ce
qu'il en est de ce terrain fertile matière doit-on
le répéter qui n'a jamais cessé d'apparaître à
ne pas pouvoir en finir avec la débauche de cette
langue qui passe d'une rive à l'autre d'une
temporalité à une autre impromptu et encore
d'une autre langue à venir se faisant en en
divinisant une autre en deçà à n'y plus tenir
sa langue et de fermer la terre à cause de
la vue vision tellurienne des télécommunications
telle est la fornication en commun le partage
inaudible du raisonnement en deux
que la vue permet aussi loin que la matière
le peut aussi près que la communion s'étale
ces décryptages traversent la terre pour donner
des signes à l'audition de la signifiance
qui en retour va compromettre le sens de lisibilité
du langage d'un temps stratifié d'une temporalité
où le vrai n'est pas encore la réalité le présent
terre où vont faire abstraction les sujets à cause de
leur socialisation à outrance de n'y plus voir grand
chose de la pensée vidée de toute symbolique à un
moment où le terrain est favorable au pensant
mais à l'être pensant qui n'est pas l'être car l'être
se lève pour pouvoir en sang le non être étant la
phase asphyxiante le sursaut d'une terre où
entendre n'est pas une histoire de lieu isolé
comme l'a été la terre à un moment le sujet en
est venu à prendre en écharpe la signifiance du
vivant mais surtout physiquement retour de la
matière et travail sur la picturalité pour ainsi
dire comme terrain du pensant pris au plus près
de la physique et au plus court en ce qui concerne
l'oeil via la couleur c'est là que va éclater avant
le réel le vrai dans une vraisemblabilisation
qui permet à la terre à la temporalité de faire surface
jusqu'à une représentation à déterminer à écrire
si ce n'est par un rapport à l'architectonique de ne
pouvoir le résoudre au présent de le nommer de le
nombrer de lui faire son volume socialement l'être
n'a pas son dire à cause d'aucun mot sonnant d'aucune
lisibilité textuelle impossible à encadrer le symbolique
est après il a sauté de l'autre côté du pan du pli où la
matière pense les couleurs la chair du sujet parlant
c'est peut-être la dernière fois que la terre permet une
traçabilité de la matière pensante à un niveau
jamais atteint à la saturation même qui donne
aux couleurs la chance d'aller au plus près du site
phrastique de sa tenue au niveau de la loi socialement
à produire subjectivement à procréer pour penser l'être
pris dans le sens commun du raisonnement attendu
dirigé mais en investissant en sens inverse le nombrant
sa saturation là est le noeud de la divination de la
matière et de l'animalité producteurs d'identité et
d'hétérogénéité de ce mammifère vestige de la
pesanteur terrestre ce qu'il lui faut c'est voir l'
entendement c'est à dire le signifiant l'éclatement
du dire va entraîner une implosion du signifiant
à un niveau où l'errance est le soulèvement de la
subjectivité et du commun du nombrant et de l'
unique la seule sortie possible d'un social emmuré
dans sa culture de déconstruction-reconstruction
structuration d'une matière organique privée d'
identité puisque prise dans l'objectivation à ce stade
ça n'est plus humainement mais historiquement que le
corps perd sa langue celle-ci devient polylogique il
lui faut entendre celle du commun avant que ce
mammifère ne fasse mémoire que la corporéité agite
son pensant de celui de la matière de côté à côté du
langage c'est la seule vérité qu'un sujet va ouvrir
pour travailler la langue mais la langue à travers l'image
picturale la transcendance passant à côté puisqu'elle est
centrale de face donc à côtoyer la mémoire à remonter
jusqu'à la naissance de l'écriture productrice de
temporalité donc de terre c'est une reconnaissance du
rythme que la subjectivité n'invalidera jamais puisque
celle-ci a pour mémoire le commun le nombre ce vers
quoi tend la conscience c'est une affaire à suivre au plus
près du délire double de la communauté des êtres
parlants rien à voir avec le pensant s'entend le noeud
reprend du service avec l'ouïe matière à dire à en tendre
les
vibrations auditives pour en sortir du corps toute
expulsion toute jouissance que la mémoire va stopper
au passage pour tenter une subjectivité le désir pour
ouvrir le corps aux organes au toucher aux délices de
la chair déliée de ses débordements ardents l'érotique
en est à l'origine
le rire
vient subordonner l'intellect et ouvrir au visage sa
corporéité sa conscience une descente lente et livrée aux
caresses des gestes de l'autre sur soi sur les différentes
zones érectiles surfaces où affleurent les sensations et le
sang comme s'il montait à la tête en passant par toutes
les extrémités du corps du toucher le pensant est en état
de veille permanente sur quoi les attouchements vont
rendre au corps une disposition à envelopper l'autre à le
rendre possédé et jouisseur de le pousser à mémoriser à
rire à cause d'une demande d'y retourner de s'en nourrir
peut-être est-ce une petite mort
faire corps avec la matière qui pense.

Thierry Texedre, août 2007

vendredi 3 août 2007

le sexe noir abandonné















Tajemnice Rozkoszy 2006, 70 x 95 cm


le sexe noir abandonné

Elle traverse à toute vitesse la rue qui
longe les vitrines, toutes éteintes, la nuit
s'empressant de réserver sa noirceur aux
indécis aventureux dehors. N'est-ce pas
la peur qui la fait aller bon train ou de
savoir qu'elle est belle, et qu'elle risque
l'agression, vêtue telle une femme des
quartiers chics. Mais aussi de sa démarche
élancée, campée sus des talons hauts au
dessus desquels se dressent de grandes
jambes bien faites, où les cuisses se devinent,
se fondant à même avec une jupe très courte et
moulante. Peut-être a-t-elle des bas qui laissent
visible le haut des cuisses, la chair plus pâle,
plus intrigante? Un blouson foncé recouvre en
partie un chemisier très clair ouvert sur une poitrine
avantageuse. Sa chevelure est longue et sombre,
peut-être est-elle brune? Son regard est plutôt
difficile à voir, comment décrire la précision
des traits d'un visage dans la noirceur de la nuit?
Sinon de rendre l'invention possible, de faire
exister ce qu'une vérité a de prise sur l'image.
Pas d'image vraie sans invention, sans l'impossible
contraste ici possible donc vrai. L'image n'en est
que plus plausible à la lecture de la marge
érotique, et trop peu pornographique.
Elle semble essoufflée, pourtant elle s'arrête
un moment et s'appuie sur le bord d'un mur,
pas assez éclairé pour qu'on y distingue son
expression. Elle se dégage de l'ombre pour
avancer un peu, cette fois elle est visible, sous
une enseigne qui clignote d'un hôtel de quartier,
isolé dans cette grande rue qui n'en finit pas de
s'allonger à mesure qu'on avance. Elle prend
appui sur le mur vétuste et sali par le passage
véhicules. Le trottoir est très étroit. Elle se
penche en avant comme pour provoquer quelque
action illicite. Dans le même instant elle écarte
les jambes. Son regard se pose d'un côté et de
l'autre du bout de la rue pour y détecter la
présence de quelqu'un, ou une voiture peut-être?
Elle se passe une main, la droite sur le bas du
ventre, ayant remonté son corsage, et le plaçant
froissé juste sous sa poitrine visible en partie.
Elle se frotte contre le mur le bas du dos, et
en vient à remonter sa jupe un peu plus de la
même main. De l'autre elle se positionne, se
colle, se cale, se met en situation. Elle n'a pas
de culotte, sa main sombre maintenant dans
l'antre jambe, se pénétrant plusieurs doigts dans
la chatte, le pubis rasé. son sexe est douloureux,
comme le corps de la femme se déplace
maladroitement. Elle se branle vigoureusement
enfonçant les doigts plus loin encore. Elle
aime cet exercice de masturbation en plein air.
Elle se sent libre, au moment où les gens dorment.
Elle se sent bien se sachant sous leurs fenêtres,
ou tout n'est que passage, vide, et irréalité dans
la nuit profonde d'une rue anonyme. L'éclairage
de l'hôtel vacille et s'éteint pour quelque temps.
Le risque d'être vue s'éclipse, c'est plus facile de
jouir pour elle. Elle le sait, et continue de se
caresser l'intérieur, elle semble en trembler, et
pousse de petits cris étouffés qui ne peuvent
attirer l'attention du gardien de l'hôtel. Elle ne
veut pas se faire surprendre. Son sexe est humide,
et elle jouit maintenant, tombant sur le sol, à
cheval entre le trottoir et le caniveau. Ses bas
sont descendus et en mauvaise posture. les genoux
sont entrain de prier le ciel pour que ça ne s'arrête
pas. Elle se redresse brusquement comme si
rien ne s'était passé. Elle se reprend, se ressaisit,
elle se ravise très vite, se revêt, enfonçant
maladroitement son corsage dans la jupe replacée.
Elle passe la main d'un geste élégant sur celle-ci,
pour la défroisser, machinalement. Comme par
habitude. Maintenant elle guette pour voir si
rien ne la dérange autour d'elle. Peut-être a-t-elle
encore peur d'une inconscience passée? Tout va
trop vite, elle n'est pas en état de décider quoi que
ce soit de cohérent, peut-être plus tard? Elle marche
et repart dans le sens où elle est venue. Reprenant
un rituel, traverse un carrefour, une avenue plus
loin. Elle marche encore et s'arrête près d'une
voiture sortant de la poche du blouson une clé de
la voiture. Elle appuie, les portières se débarrent.
Ouvre la portière côté conducteur et s'assied au volant.
Referme la porte et démarre aussitôt. Déboîte sans
mettre un clignotant et disparaît dans la ville à
toute vitesse. C'est qu'une nuit dans Paris elle a prit
son pied dans l'immensité du désir.
Inconnue, peut-être brune, qui ne reviendra jamais
sur ces lieux qu'elle choisit au gré de ses envies
et de ses rêveries nocturnes...

Thierry Texedre, juillet 2007.