jeudi 30 novembre 2017

Violence de la syntaxe

Stéphane Lovighi-Bourgogne - La guerre fait l'amour



Violence de la syntaxe

« Sur la plage intentée de ce vice et versa de la place feuille asséchée du vent tiraillé par l'esprit tout pense à croire que l'espace prend forme à partir de rien dans la volupté de la lecture dans la tentation d'étirer les phrases pour les rendre moins sourdes rapprochement du vulgaire sur la place plage blanche de l'image terminant la noirceur de l'après-coup de l'écriture inappropriée tas de mots empilés sur ce plat pays paysage saturé en ratures pour monter le drame en épingle sauter faire sauter les gonds du monstre intérieur la loi de ce corps voué à l'apocalypse parce que la lecture semble insoutenable à occuper tout l'espace de l'esprit invité à pousser la porte dehors sur la plage le sable à perte de vue désert de celle qui s'offre à la reconnaissance à la connaissance avouée du désir d'approcher l'imaginaire au plus près couché sur les pages qui volent déficience d'un trait remonté qu'est-ce qui se risque à faire trembler la syntaxe si rien du corps n'expire.»


Thierry Texedre, le 30 novembre 2017.




 



Bord du temps

Alfred Courmes (1898-1993), La tentation de St Antoine (au bord du canal), Eau-forte, 1986 Numérotée 33/50, datée et signée 1er état 30 x 25 cm







Bord du temps

Au bord sur l'astre
montré commémoré
voilà l'affaire née
en compilations
et superpositions
relique de l'origine
au bord s'étreint
l'irréel l'entrée le lieu
de l'absolu et de l'enfant
intérieur dissolu du futur
fuite en avant forçage
de l'âge agréé par la peau
qui suinte en sursis
encore réfractaire
à l'attentat du verbe
sur un sexe apologique
posé sur la feuille égarée
produisant sans compter
l'usure du temps
l'ultime fraie du sang
qui par flux dépassés
s'adonne au plaisir
de l'inextricable
polémique de la folie
folie de ces airs chantés
pour faire taire le fou
qui croit en musique
pousser un soupire
avant le grand silence
l'oscillation verbale
qui s'en fout du fou
farfadet de l'épuisante
complaisance la peinture
qui vient immiscer
entre le verbe et la peau
pour faire taire ces cris
insupportés par l'oral
ce qui râle de l'abjecte
décision de commémorer
sans cesse l'art d'exister
en raclant cette chair
jusqu'à la somme
du désir en jouir
rayé du commun
pour montrer l'être
dans son ruissellement
qui intente à la mort
qui pleur tout son savoir
dans l'occulte désamour
le linceul promis
dans quel enterrement
dans quelle mémoire
de la désaffection
de la rétention du temps
de la pointe du drame
qui court et ose
passer par l'inexplicable
désert de la parole
de la parole partie
par l'anatomie
pour refaire surface
en surcharge de l'homme
partout depuis l'origine
des temps oppressés
foutaise que le temps
comme si nous n'avions
pas encore décidé
d'en finir avec le sexe.


Thierry Texedre, le 30 novembre 2017.