lundi 27 septembre 2021

Le déluge étreint de la peinture

 








 























































Le déluge étreint de la peinture


Depuis cette commémoration

attentat sur l'humain répliqué

l’œuvre errante du peint naissant

l'étirement vers ce qui émerge

d'insolence d'exactitude à recommencer

l’ouvrage d'une mauvaise naissance

à quel âge le peintre peut du nom

analogue au dedans rencontrant

ce qui gribouille rature et ausculte

les bruits de la peur les mains

et les pieds déposés au plus près

du repentir de la surface mesurée

choses de la mémoire à rebours

le risque s'étale cherche son sens

jusqu'à la réception d'une peinture

plongée en tous sens le souffle retenu

pour mieux tirer ce trait tremblement

généralisé de l’œil qui ignore encore

qu'il en connaît déjà de trop

sur cette émergence du peint

au milieu de ce point où l'éternité

pousse le sacré vers cette spiritualité

et encore du sublime qu'un corps pousse

la figuration à chuter à chuchoter à sauter

sur les traces d'un nom soudain

petite musique naissante pour déplier

le temps d'en sortir du peint de l'étreinte.


*


Montrer cette belle peinture, celle de Sergio Padovani, celle qui fait avancer, plonger dans les entrailles de ces corps où aucune pourriture ni joie n'ont de prise, sauf peut-être d'avancer vers ce moins d'impossible, et moins d’irréflexion ; l’œil du peintre nous en dit long sur ce qui se pense, d'irréflexion grandissante aux prises avec les jeux lieux de la dépense. Les corps sont pris dans la dépense dès la naissance. La peinture de Padovani est une autre naissance. Où aucun Paradis ni Déluge n'a de prise sur nos consciences. Cette vision de la peinture, vous la présentez comme une entrée en communion. La chute de l'homme n'y suffit plus, on doit s'accorder maintenant à assaillir ces vieux démons. La crise de la Théologie partout, montre qu'à cet instant, est nécessaire l'emprunte de ces peintures du lieu et du non-lieu ; et faire figure de ce qui ne peut pas être montré de l'espace d'un pensant plongé dans une communauté discourant à tout-va sans cesser d'inonder le temps d'informations informatiques. Padovani a fait une trouée dans le ciel méconnaissable du réel, au plus près de cette humanité assoiffée du « bitume », l'or noir du monde qui a inventé la psychanalyse aussi pour mieux masquer l'alchimie de nos déraisons, de nos folies, « les fous vivent dans le sacré ».




Thierry Texedre, le 23 septembre 2021.


peintures de Sergio Padovani (1972-) artiste peintre italien vit et travaille à Modène








mardi 14 septembre 2021

Lumière et entre-temps en peinture

 




Lumière et entre-temps en peinture


Irruption dans l’entre-temps, coagulation d'une parole dépliée

Danse irréelle dans l'immobilité de la mort

Tout corps descendant pose la solution de sa sustentation

Derrière un ciel animé se pose l'alternative animale

Sonde éclat de lumière depuis l'intérieur postulat du désir

Chaque enterrement brûle la flamme de ce désir

Celui de l'incommensurable démesure de la jouissance

L'entre-temps s'étire contaminant toute parole hybride pour l'inventer

L'autre ment sur sa parole impulsion du même en une lecture déplacée

Tout sujet est un potentiel dément démenti par l'autre

Commémoration d'une lumière dont les couleurs ressortent irréelles

Ce qui se montre des couleurs sur l'arc visuel reste à charge pour le sujet

L'autre détient la vérité sur cette lumière dans sa décomposition

Pour imiter ce qu'un sujet voit de cette irréalité

Cette somme des couleurs ce blanc cette réserve n'a de sens qu'à écouter

Ce qu'un sujet soumet de sa réserve de cette charge par l'ensemencement

De ces particules qui sonnent sur la toile tendue de l'histoire

De l’œil ressuscité par son ouverture sa fermeture au bleu primale

Du bleu d'y voir ou non cette lumière atomisée en particules de lumière

L'entre-temps est un songe relique du temps dévisagé

Le visage qu'une peinture transfigure en figure pour y voir l'espace

L'espace montre celui qu'un esprit peut montrer tel qu'une peinture rejette

Cette finitude de la figure sort de ce format peint du temps plein

Le temps plein revisite sans cesse le réel contre une forme finie

Une forme finie du vrai invitant au langage pour comprendre l'infini

L'infini est ce sens qui sort du vrai pour montrer l'impossible temporalité

D'une peinture qui laisse partir l’œil qui ignore son attirance pour le réel.



Thierry Texedre, le 14 septembre 2021.


Giorgione (1477-1510)

Les trois philosophes (1508-1509)

huile sur toile 125,5 x 146,2 cm







jeudi 2 septembre 2021

De la réception au délice

 

























Andréa Belag est une artiste peintre américaine née en 1951 qui vit et travaille à New York. Sa peinture resplendit par ses enchâssements picturaux qui s’effacent, pour laisser des formes colorées se montrer au bord d'un blanc hors du temps.

L'abstraction s'étend et s'étire sur de grands formats, selon que l'artiste utilise le lin ou le bois comme support à la superposition d'aplats de couleurs translucides dans un premier temps, puis opère par ces recouvrements sensuels d’immenses échanges formels jusqu'à une reconnaissance parfois floue et pleine d'indifférence formelle, ou insistant sur des formes usuelles pour tirer la peinture hors d'une intention visuelle fermée. On entre dans ces peintures par une communion intérieure qui sans cesse interroge l'esprit sur sa dispersion entre le visuel et l'inquiétante étrangeté du mouvement d'empressement pour sortir de ces formes gestuelles, par les couleurs d'un « regard intérieur ». De ce que peut scinder l'esprit contre la dispersion visuel, et par là, se risquant à reconnaître un sens dans des formes instables, dans un flou visuel permanent. Il y va d'un équilibre dont la permanence équivaut au risque que l'esprit permet d'étreindre la couleur et la forme en délivrant un temps, sur la toile, cette érotisation qui pousse l’œil dans ses retranchements les plus insatisfaits.

Comme pour balayer d'un revers de la main le souffle divin.[Dieu ne serait-il jamais mort, faut-il montrer Dieu comme la langue nous le donne à voir ? Princeps religieux de l'Unique révélé en trois personnes transcendé dans le fils par l'Esprit Saint. Saut dans la langue, parole de l'incomplétude résolution du déroulement de l'inconnaissable ; l'Histoire serait plus helléniste que monothéiste. Dieu est un lieu, le lien par une parole du voir l'Être de l’existence, la mort serait alors à jamais vidée de sa substance, vouée à l'écart de l'être, intérieure à la peinture.]

Le peint ose se fondre dans les foudres d'un abîme démoniaque. La peinture se rebelle, s'extasie, se tord, annonçant haut et fort ce qui va devenir sa terreur, notre terreur d'exister.

L'immense champ visuel et formel s'écartant, insistant sur l'instant insaisissable d'un néant représenté par le blanc de la toile, s'étale, s'installe, entre forme et couleur, « caressé par un subterfuge, celui d'Eros ». Si l'enfer ici, n'est plus à la hauteur d'une peinture, c'est pour ouvrir à la peur de rester dans l'enfer et d'en sortir, dans la violence du choc des couleurs avec l'esprit de la forme, celle-là même que les hommes ont fait qu'aucun champ n'a plus le plaisir comme libre « dépliement ». L'être-là se dissout dans un discours pour montrer la terreur d'un retournement visuel, à y voir quelque chose qui n'a pas de lieu ni d'être. État du peint damné, d'une démesure du négatif, d'une compromission par un floutage des couleurs. L'artiste s'en sort. Acrobate résolu au dialogue et à la perméabilité avec un public en état de dissolution. On entre dans cette peinture en opposition à toute abstraction, mais on en ressort en biffant, rayant ce qui se figure, ce qui meut en nous toute forme, toute perspective d'en voir l'au-delà, une sorte d'attraction visuelle de la résistance rétinienne. L'artiste pose les bases d'un combat. Le hasard des rencontres dans le vide blanc (le fond est un reliquat, une mémoire perdue de l'infini, montré sur la toile par le peintre pour éclater l'espace en zones où figure et fond entrent en collision, espace théâtral qui supprime les figure donc le fini.) fait remonter cette somme des couleurs, jusqu'au risque d'un signe, celui d'une étreinte, d'un enfer de la jouissance. Faut-il encore qu'un peintre montre l'importante nécessité de peindre pour effacer « l'oubli » que l’œil imprime sur la toile ? La peinture ne tombe pas du ciel. Elle donne à voir ce que l'histoire déforme, à ce qui nous lie au vivant, ou plus exactement ce qui nous délie de nos actes manqués, mais encore ce qui nous encre dans de nouveaux espaces informels ? Nourritures que nos esprits déchirent lentement jusqu'à l'outrageant raisonnement du visuel. Origine quelque part, pas si éloigné d'un Sam Francis qui privilégia l'action painting jusqu'à un point de perversité dont on aura mesuré la limite ici, dépassée par une mise en mémoire tampon du mouvement gestuel du peintre dans l'infini.

Ce qui nous appartient là, chez Andréa Belag, c'est ce qui nous apparaît, dans un moment interminable, c'est de laisser vibrer notre émoi devant le combat qui s'amorce, titanesque : la couleur et la forme ne sont que des morceaux d'infini. Le chaos de ces limbes s'éloigne à mesure qu'un corps de la dépense force la vision jusqu'à cette temporalité de l'esprit vouée à toute réception.




Thierry Texedre, le 2 septembre 2021.