vendredi 23 janvier 2015

Avant la déconstruction du corps né







Avant la déconstruction du corps né

1 Passage

Sur l'essence inaudible du corps imposteur, l'espace semble rivé au risque impuissant de naître. Devant cette cessation de la vie, vient la résurrection, au plus haut point de négation du corps nu. Que la chair soit ainsi nue, pour risquer l'infraction de la vie. Quelle nauséabonde impuissance de la vie face au désir inopiné de ce corps fatidique depuis l'horizontale vérité de la vie, avant cette renversante complexité de la verticalité, du redressement de la pensée, pour sa mise en mémoire de ce grand bouleversement, passage de l'utérin à la surface gangrenée de la respiration, cœur apostolique ultérieur. Combien de gnoses pour faire et défaire cette inappropriée de germination, dans l'implacable conspiration de la chair et de l'os ? Voir en contamination des paroles imputrescibles de la langue, pour en retirer l'impuissance inespérée du désir meurtrier de jouir ; comme si le corps marmonnait dans son intime conviction, l'impossible mort de l'être - tant et tant découpé par les peintres - pour sortir de ce nœud indécent la virile opulence de la chair comme maltraitance infinie de la cogitation illégale du corps. Le corps somme la chair de retourner la peau pour voir, et penser vrai, penser l'origine de ce corps entrai de fuir vers sa propre fin...

2 Conséquences

Consécutivement, l'irruption de la vie et de la pensée vont entériner ce qu'aucune vie n'aura encore créé. Jour inanimé de ce dernier temps de la vie, vie qui n'a de présence, ni dans l'esprit qui se doit d'imaginer un corps faramineux, ni dans l'au-delà créé pour ne pas jouir de la mort ; là est le mystère qu'un corps éteint se voit raviver dans l'appel que cette résurrection a faite tomber sur les vivants comme chair de la chair ; les voix éteintes du corps martyrisé se réveillent dans la chair ressuscitée. Chair dont la présence n'a de sens qu'à être, naissance comme pensée imminente de la mort commémorée. Depuis quel atome, le corps naît-il depuis sa conception, par l'improvisation de la mort d'un autre corps ? Le temps, ourlet déplié de l'aire, de l'espace de l'esprit, se contracte sous l'empressement de l'esprit à croire sa propre inexistence dans l'au-delà : sa somme serait cette compilation des corps dans l'irrésolution de l'éternité. Commémoration de la vie sous quelle impulsion de la fin qui neutraliserait toute dégradation du corps dans son pourrissement. La disparition d'un être cher serait ce sas dans lequel tout corps qui se délite marquerait la fin d'une renversante fusion entre l'âme et la chair comme drame insoutenable de la rencontre entre la naissance et la décomposition, une petite mort cellulaire qui sonne déjà au levant de l'apparition, de la sortie du fœtus du ventre de la mère. Penser serait lié à ce passage comme risque de survie d'une couche exposée au ventre déchiré de l'exhortation de la vie par la chair plongée dans l'inapproprié et l'impossible verbalisation de cette douleur qui enfantera, pour mettre en forme la vie extra-utérine...

3 Connaissance

Temps pressé, temps oppressé, sur la surdité de ce vol téméraire qui vient gloser avec les franchissements du temps en sens, sens de ce corps calamiteux. Chose de l'altérité du corps suspendu au cours des choses, musique que la vie impose au risque d'altérité de la chair. Temps de l'empressement des variations que la chair inocule à cette impossible pensée depuis l'astre d'or qui feinte avec ces couleurs édulcorées dans ce sas terrestre. Injonction de la candeur des voix devant l'appel de la langue inviolée depuis l'origine épique de la vie qui pense. Clac et clameurs de ces ondes inaccoutumées la face cachée et les pieds liés sur la route du corps martyrisé. Sauts dans l'allongement occipital interminable des lettres et de ses lectures, pour peu que l'image subsiste, vers cette imminente caresse de la peau, versatile langue qui teinte aux yeux de la chair impassible ; maîtresse insoupçonnée de ce divin retour de la foi en imprédictibles ostentations de l'exquise vie lancée comme le vitriole sur la peau nue. Quelle reconnaissance ce corps a-t-il devant l'insurrection qui opposent l'art et la vie, sinon celle de l'imputrescible lit de la matière qui s'oppose à l'engendrement du désir meurtrier d'entrer dans l'opposition à la mort par la grande porte du destin foudroyé par la chair, ici, chaloupant d'un mort à une vie, d'une naissance à une connaissance insoumise au risque d'une renaissance. Le temps va vriller et se tordre jusqu'au renflement qui tient lieu de suintement de coulée de ces couleurs qui montent au cœur de la grandeur du corps mourant de ses actes ; l’œil en action se met à générer les couleurs du tempo qui dépasse le temps tuméfié et découpé par les affres de l'ouvert/fermé qui sied au corps livré à cette intériorité qui somme les gênes d'accélérer la mort. Doute et empressement sont bien là pour faire ruisseler le temps sur la peau, dans un seul but : écarter les jambes du corps pour laisser sortir ce qui le pense. Éclatement en bombardements et en ivresse d'ouvrir ce corps pour l'empaler sur la langue sur la surdité de la chair à toute fracturation, le corps est entier et meurt entier malmené par la décapitation que le verbe ose sur sa descendance. Descendre du corps est ce ras de marée qui va prendre en écharpe la vie pour l'annoncer, l'attraper en vol, la tenir comme source de vie que l'imaginaire intrusif vient sculpter et faire jouer depuis la passion, pour faire connaissance avec un autre corps compulsé...




Thierry Texedre, le 23 janvier 2015.