mercredi 11 mai 2016

L'intracorps



Extraction de la voix depuis cette folie qui use le corps, pour le rencontrer, l'exporter hors du temps, là ou se mêlent les errances de la chair et l'instrumentalisation de la parole. D'une parole dont le rêve ne saura point régler le désaccord qu'il a avec la certitude de l'insurmontable plaie de l'arbitraire mémoire. Extrapolation sur ce qui sourdement s'insinue, se montre par intermittence, et qui saute depuis la mémoire : l'atermoiement de la lettre, écriture sur le point de restituer cette mémoire qui traque l'inconscient encore trop ténu pour laisser entrer un langage-ourlet de la chair. Frotter la peau, la rougir jusqu'à la douleur-mémoire, pour sortir, respirer cette inconvenance de la jouissance trop incertaine, copropriétaire du rêve, et responsable peut-être de l'indignité de l'âme. Fornication du corps avec l'âme, pour entendre réciter ce qu'une mémoire restitue face à l'antériorité du corps sur la chair expansive elle, à partir d'une induction de la mémoire comme ce qui lui revient d'une reconnaissance de son dépassement ; depuis ce corpus qu'est l'intracorps. On peut encore dire du corps « qu'il s'écoule ».



Thierry Texedre, le 11 mai 2016.