Extraction de la voix depuis cette
folie qui use le corps, pour le rencontrer, l'exporter hors du temps,
là ou se mêlent les errances de la chair et l'instrumentalisation
de la parole. D'une parole dont le rêve ne saura point régler le
désaccord qu'il a avec la certitude de l'insurmontable plaie de
l'arbitraire mémoire. Extrapolation sur ce qui sourdement s'insinue,
se montre par intermittence, et qui saute depuis la mémoire :
l'atermoiement de la lettre, écriture sur le point de restituer
cette mémoire qui traque l'inconscient encore trop ténu pour
laisser entrer un langage-ourlet de la chair. Frotter la peau, la
rougir jusqu'à la douleur-mémoire, pour sortir, respirer cette
inconvenance de la jouissance trop incertaine, copropriétaire du
rêve, et responsable peut-être de l'indignité de l'âme.
Fornication du corps avec l'âme, pour entendre réciter ce qu'une
mémoire restitue face à l'antériorité du corps sur la chair
expansive elle, à partir d'une induction de la mémoire comme ce qui
lui revient d'une reconnaissance de son dépassement ; depuis ce
corpus qu'est l'intracorps. On peut encore dire du corps « qu'il
s'écoule ».
Thierry Texedre, le 11 mai 2016.