Kirstine Reiner et l’insensé
La peinture,
aujourd’hui, n’a-t-elle pas encore ce qui « résonne »
en elle (Un peu comme l‘âme est quelque chose d’immatériel chez
l’humain.), depuis cette polémique liée au raisonnement ?
Sinon de s’en passer, travaille-t-elle maintenant sur ce qui lui
fait défaut, l’intellection d’une parole à démontrer ? Le
reflet d’une réalité tangible, controverse de l’âme
désincarnée. L’urgence d’une telle peinture serait d’avaliser
ce raisonnement en créant, depuis la peinture qui cherchera la
représentation, un objet de désir, une sortie imaginaire pour
trouer ce faux semblant de réel, par une certaine atomisation
visuelle, pour permettre aux gens qui regardent en passant devant la
toile, comme happés et sonnés, voir « sommés » par le
tableau, d’organiser leur propre récit à défaut de pouvoir
symboliser celui-ci.
L’artiste nous
entraîne donc à soudainement postuler pour une approbation ou un
rejet de cet étrange arrangement qui au premier abord semble insensé
(petit retour d’une mémoire qui passe par Picasso). Kirstine
Reiner Hansen plombe les références artistiques pour laisser le
champ libre aux arrangements musicaux, aux rythmes à gérer de notre
culture « axée sur les médias numériques » et
l’inconditionnalité d’une dépense visuelle qui fragmente notre
acuité visuelle, et par là notre jugement perdu dans une
ressouvenance, une immémoration du réel. L’artiste travaille sa
condition sociale et le conditionnement humain : « Référence
visuelle, association d’éléments historiques de l’art, des
peintures de la Renaissance aux modernistes dans des peintures de
type collage le papier peint de Picasso pourrait servir de fond, un
membre de Bouguereau est attaché à un modèle de Vogue. ». Notre
lien au monde serait alors déformé, irreprésentable aujourd’hui,
sauf à nous livrer en pleine face à un détournement conflictuel
commun, tout en préjugeant d’une subjective association, de la
turbulence d’un sens caché où l’intérêt requis d’un regard
soudainement lié au réel, devant la toile obscurcie et lumineuse à
la fois promet un dur combat des forces forme/couleur.
Kirstine Reiner
Hansen domine son sujet en nous délivrant de ce subterfuge qui
consiste à opposer l’abstraction et la figuration, polémique ici
éteinte dans un champ « confondant », pour un temps
perpétuel de la Reconnaissance l’identité, ici encore, démontrant
l’inconfortable révélation d’une peinture qui détient le
pouvoir insensé de signifier ce qui se dépose en nous
d’insoutenable face au danger de « déviance » de
délire qui nous caractérise et nous entraîne dans une réalité
qui distend le rêve improprement appelé imaginaire !
Thierry Texedre, le
1 octobre 2023.
Kirstine Reiner
Hansen
artiste peintre et
vidéaste
née à Odense au
Danemark
vit et travaille à
Carmel en Californie aux États Unis