dimanche 30 décembre 2018

La vierge et la verge



peinture de Florence Grenot (1954-), "tumulte" 145 x 90 cm

La vierge et la verge

Que le sexe maudit
En cul poussé à jouir
Ressort de l'honneur
Pressenti du pourrissement
Vois ce sacré qui crée
Le sacré au sommet
De la déportation
Cette dérive la risée
Du sexe endolori
Par un soleil sué
Par tous les pores
La peau verge véridique
La queue catatonie
Du mensonge blême
L'analphabète qui bégaie
Bande vers l'urine du sort
Le sort qui montre la fin
Séminale l'onction
La mort en repli
En arrière et reniflant
Tout ce qui pénètre
Par les yeux de la chair
On entend la plainte
Qui jette à terre les Dieux
Nauséeuse et gangrenée
À cause de la vierge
Oui la main dans le sac
La vierge court après
Le nœuds ça coule de soi
Les yeux par ces pleurs
Emportant l'extrême de
L'extrémité extrémiste
La vierge assise sur le jus
Déversé sur sa peau l'autre
tiraillé par la question
Qui finit l'esprit mal placé
Seule la vierge s'entoure
Comme jetée au jeux
Jusqu'à l'enserrement.


Thierry Texedre, le 16 décembre 2018.







vendredi 28 décembre 2018

Danse du double désir

                                                      peintre: Uttaporn Nimmalaikaew




Danse du double désir

Sur cette polémique
la pluie l’offertoire
la plaie du diable étreint
et caché sous les airs
incisés de la lévitation
livrée au travers parole
polémique qui traîne
ces veines hologamie
du dire invisible
par les ailes repliées
contre ce menu corps
tant aimé du pire
la tyrannie du même
l’identique l’envers
irrésolu de ce double
aimé par incidence
je descend par les ans
et regarde par ce sommeil
l’incertitude obscure
dans ces déserts improvisés
l’apprivoiser ce corps nu
et tout ce qui s’invite
au temps présent lieux
de l’illusion et de la crainte
la pluie qui tombe intérieure
qui frôle mes fesses écartées
devant l’invité le diablotin
couché sous mon être et étalé
le sexe rebondi et viril
la tête au sommet brille
des chants me montrent
d’aimer vulgaire la lente vérité
et ce double vient la féminité
qui poursuit sa quête
l’illusion se referme et pousse
la vie qui trempe dans l’esprit
celui du doute en dansant
le redressement vient la vulve
ouverte au renoncement
ce possible jeu amoureux jeté
par le plus grand des hasards.


Thierry Texedre, le 28 décembre 2018.








jeudi 27 décembre 2018

Le Né nu




Le Né nu

Sans fard ni voix
quel nectar en prose
se montre en monstre
de la monstruosité du
tremblement le viol
intérieur en sucreries
sucées avalées le temps
d’un carnage expulsion
en coups du sort sans le
souffle rétréci et déjoué
souffle qui va vite lui
en battements lumineux
voilà le sol qui se défait
sous les éloges de l’Un
quel un du nombre
le seul l’Être qui épuise
le sujet le Satan qui
déchire la peau sous
les sacs déshabillés
de la folie meurtrière
de la parole extatique
nourriture de l’infamie
la fin des temps dédiés
à la mort la grande Mort
dont on n’a pas encore
fait trembler les bases
c’est-à dire la vie
et ses corollaires
la tentation exténuante
de forniquer pour vivre
sans rien voir du Néant
qui souffre de se laisser
tenter par le Vide
le vide et ce plein
qui tressautent par
peur du Mal le mal
des maux qui mentent.


Thierry Texedre, le 27 décembre 2018.






jeudi 20 décembre 2018

Conciliabule



























Anonyme (début du XVIIe siècle) /Rouleau de peinture érotique (shunga). Encre de Chine, couleurs, et poudre d’or et d’argent sur papier, avec application de feuille d’or et d’argent.
Tiré d’une série de douze rencontres érotiques. Un homme d’âge mûr et une jeune femme sont étroitement enlacés. À droite, une autre femme ajuste la couverture qui recouvre en partie le corps des amants.  


Conciliabule

Traduit par l’art poussé
au pire l’exténuer
le regarder l’air nonchalant
le repousser l’éviter
partout où sortent des cris
éradiquer le retour
la ponctualité du désir
l’immortel désert
qui tranche et trousse
la peur d’une peau
qui sort partout
en partance vers
ces insidieuses défaites
de décerner d’envelopper
la caresse du sable
enfoncé dans l’abîme
irrésolu de la chair
en rondeurs des seins
sur l’esprit démesuré
on s’embrase par les cils
léchés de l’œil étreint.


Thierry Texedre, le 20 décembre 2018.












mercredi 19 décembre 2018

Les Nénuphars de Thierry Cauwet




Les Nénuphars de Thierry Cauwet

 "Le nénuphar a eu une influence indubitable en Égypte. Ceux qui l’appelèrent nanoufar « les belles ») virent en lui un « symbole […] du processus de création et d’élévation spirituelle. Dans l’Égypte ancienne, il représentait la création, moment où le premier dieu prit forme sur un tertre sortie de Nun, l’océan primordial » (1). Exprimant « la naissance du monde à partir de l’humide », il n’est guère étonnant que cette fleur sacrée des Égyptiens soit associée à Osiris qu’on représente souvent juché sur un nénuphar. Figure féminine, le nénuphar fut surnommé épouse du Nil car lorsque grossissent les eaux de ce fleuve majestueux, sa surface se couvre de nénuphars. Cette relation à la féminité ne quittera plus cette plante, où qu’on se situe." In situ Thierry Cauwet


Les vibrations lumineuses, la lumière qui s'en dégage provoque un certain dysfonctionnement de la perception, je crois là qu'on touche à autre chose que ce qui montre le nénuphar, on sort presque du milieu aquatique, de l'extériorité, de la nature, pour commencer une entrée fracassante dans l'intimité de l'humain ; la mise en abîme de sa "dépense", oui la dépense qui montrait la voie au sen ! Et là, qu’est-ce qui fait fléchir ce qui pense ? L’irrémédiable forclusion de la temporalité. Oui les Nénuphars de Thierry Cauwet montent encore et encore vers cette somme, la concrétion de toute une peinture qui ferraille avec l’extériorité des choses, pour faire reconnaître à la peinture ce qui la distingue du féminin ! Ce grand féminin que tant d’artistes et écrivains prônent en retirant à la peinture ce que le mal a longtemps opprimé. Point de noms ici, pour manquer la cible et tourner en désuétude l’art de cette lumière qui dévisage le regard du visiteur. Perdu au milieu(cette centralité érudite de Sollers manque son but en optimisant la perspective qui fuit par-là ce vrai centre de la peinture. Les formats de Cauwet ici, démontrent combien il est impropre de tout recentrer à la seule lecture de la contemplation d’une toile, puis d’une autre, etc. Le temps présentant l’exposition de telles peintures vaut pour que ce centre intervienne parce que son sujet (ici, le Nénuphar), n’intervienne qu’en tant qu’indice, et le moins serait de deviner ces Nénuphars au même titre que la lumière qui s’en dégage d’une autre intensité que la réverbération musicale de l’eau sur la surface de la toile. La beauté, voilà bien là ce qui caractérise la figure féminine et les Nénuphars au gré de l’eau (ici, le médium). Mais l’art n’a de cesse d’augmenter ces beautés à mesure que le peintre opte pour un découpage, une scission, un acte délibéré de remettre à zéro l’art de montrer. Montrer ce qui est caché, la féminité et son corollaire d’impossibles actions quand à la pénétration d’une peinture dans la pensée moins pour la secouer ou la dupliquer, ou encore l’influencer au titre d’une avancée sur la reconnaissance, un îlot de pureté où tout être digne de ce nom veut s’engouffrer ! Non, cette peinture dont la beauté n’a d’égale qu’un certain Monet aurait trouvé illégale ; non cet acte minimum de la peinture d’extérieur ne se remarque qu’à la condition sine qua none qu’une dépense traverse ces formats pour rendre compte de l’art qui pose cette question : pourquoi la dépense de toute subjectivité vient opérer une distance avec le centre que la peinture est ?



Thierry Texedre, le 19 décembre 2018.















































mercredi 12 décembre 2018

Un monde

Julien Gorgeart (1979-)
peintre et aquarelliste français



Un monde

Assis sur le bord du lit, l’air indiscret, j’envoie un peu de buée dans la pièce trop froide pour que j’enlève mes vêtements. Pourtant l’envie ne manque pas de m’enfoncer sous la couette. Mon regard éteint, puis-je encore espérer celle qui trop loin n’a pas encore regardé en face, dans ma direction [satisfaire son retard, sa possession de tout mon être], elle est ce que je désire le plus au monde. Elle, assise dans la douche carrelée, comme pétrifiée, pleure de ne pas céder ; le rimmel coule un peu sur ses joues. Loin trop loin, il la parcourt et entre en elle, elle le désire aussi.



Thierry Texedre, le 12 décembre 2018.










dimanche 9 décembre 2018

Portraituré

Sabine Pigalle (1963-)
photographe plasticienne française

















Portraituré

Photographie
plis de la figure
rendue au fil distendu
de la peinture
suspicieuse
incontournable œil
réfractaire de la nuit
osée d’un temps diaphragme
diaphane de l’objectif
ouverture obstruée de l’histoire
qui décide l’objet comme
réfraction de la peinture
sur la profondeur
de son champs peint
par la prise en charge de l’œil
qui regarde se faire une photo
tronquée découpée et imitant
ce qu’une peinture n’a
de cesse d’inviter
sa profondeur
par quels amantes
la photographie
pêle-mêle semble
portraiturer la couleur
d’une peinture future ?
le la peintre en temps
et en heure
du temps de la tentation
hybride
d’une chambre noire
lueur funeste
du mal enfermement.




Thierry Texedre, le 9 décembre 2018.
















jeudi 6 décembre 2018

Visitation

                                                           
             Heidi Bucher (1926-1993)


Visitation

Par quel hasard
la plaie du monde
tremble sous les coups
d’un amour impossible
la vie raturant les ans
lentement l’âme
tremblante s’éteint
languissante et noir
traînant sa plus belle
lumière austère et
cachée sous l’ombre
d’une nuit qui jubile
à mesure que la plaie
s’ouvre troublée
par l’amour infini
qui n’a pas de fin
malgré la mort
qui tombe sur cette
splendide béatitude
la plus célèbre
la plus téméraire
farfadet que ce lieu
de l’intolérable
au serment suspendu
jusqu’au tiraillement
de ses yeux si grands
et plein de pleurs
retenus pour cacher
cette impossible
communion le jeu
s’en est allé
ici bas pour tuer
tous les secrets
les fulgurances
d’un amour étreint
l’étreinte meurt la nuit
sous les coups
d’une histoire
qui se retire
douleur de l'envie
devant la marrée
l’humaine l’avant
devenu plaisir
au coucher au soleil
d’un devenir frappé
d’expiation la lueur
égalée danse maintenant.


Thierry Texedre, le 6 décembre 2018.






lundi 26 novembre 2018

Jazz - Joshua Redman, Brad Mehldau








Ce qui se trame

                                                     Gilberte Girard artiste plasticienne



Ce qui se trame

Tant pis le pire
revient incessant
respirant les dessous
inconscients du vide
trempant dans l’aversion
l’envie de se rétracter
de se dessouder
du monde détissant
sans pousser les cris
qui vendent la chair
sur les marchés
de la compulsion
tant de sourdes étreintes
voient le jour en nu
du toucher au rectal
de la bouche au sexe
diurne et jouit au cul
de la fente agrandie
éclairante rivière
de ces songes interdits
au rien qui parle
sans cesse les sens
retirant ces culottes
émanées en tiraillant
le chat de la souris.



Thierry Texedre, le 26 novembre 2018.










dimanche 25 novembre 2018

La dépêche

Pierre Lamalattie peintre
"Agnès a absolument voulu prendre un bain de minuit"



















La dépêche

Que la plaie interposée
monte sur cette indifférence
ce désir que l’œil étreint
dans l’altercation avec
l’éternelle coupure
la dépossession même
qui couvre la parole
de ses attraits ignorés
le réveil est impropre
la rencontre est épuisée
le lien est un lieu
impossible à recouvrir
de cette ivresse clonée
à trop coucher l’image
sur le lit de la peau
démontée en objet
de la démesure en rêve
un ourlet se referme
sur la peau rendue
au trémolo de la chair
qui fulmine par peur
de se faire renverser
par l’insignifiance
de la comédie résignée
le voyage s’étale
de tout son long
dans ces beaux paysages
d’un corps double
au regard indistinguable
en paroles qui dévissent
sans toucher la réponse
et ça résonne aux oreilles
du scélérat qui longe
les rides du démiurge
possédé par l’info
du moindre éclat
lieu public à l’écoute
de la mémoire du même
il faut publier l’intérêt
pour ces dérives errances
qui encensent la voix
décousue juste à temps
partout où sortent
les dépêches déchirées
la vie prend forme.

Thierry Texedre, le 25 novembre 2018.








jeudi 22 novembre 2018

Jazz - GoGo Penguin















Glissando

            Fabienne Verdier - Glissando, 2018, acrylique et technique mixte sur toile, 106 x 90 cm


Glissando

Sur la surdité du clapet
fermer ce sas
ce sac vidé
de sa contamination
paroles de l’holocauste
gravées grave
dans le cerveau
vertical ça sent bon
la réplique autant le dire
tunnel qui tourne
au jus injustifié
en vrille ça part
non programmé le
reflet de la possession
sur un air de jazz
couche ta peau
sur le cours des choses
tiraillé et railleur l’infidèle
joue à cette libre pointure
qui dure et qui pointe
pour faire ronfler
les moteurs menteurs
à l’arrêt devant les seins
qui pendent pointés
sur le frein retroussé
ça claque c’est le clou
le tumulte tuméfié
de la peau pincée
dans un glissando
qui grommelle en flaque
lueur du pistil poussant
sur ses arrières
le rythme grimaçant
clac et il ressort tige
prête à en découdre
la queue en trompette
qui joue un air
du tonnerre de dieu
lascive pilosité qui fourmille
qui s’étourdit en serrant
les usages dans ses plis.



Thierry Texedre, le 22 novembre 2018.













mercredi 21 novembre 2018

Bach











Ensemble

Achille Devéria (1800-1857)
peintre illustrateur et graveur français
les illustrations des "curiosa"











Ensemble

Plongeant dans cette suave douleur du temps oppressé, voilà le jour qui s’avance, tel un précipice une impossible résurrection amoureuse. Tremblant au plus profond de cet être inanimé, ce cœur meurtri vient suinter, coupant au plus court ce temps, cette satanée saturation de la foi. Non que cette croyance soit celle religieuse, mais plutôt redirigée sur la chair, l’odorante chair de l’autre aimée. D’un risque de passer outre, de dépasser ces impuissantes réactions qui vous paralysent, ou de verbaliser ce léger consentement, n’est-ce pas là une redondance qui fait faillir la parole par la folle certitude du partage. Voilà bien ce qui frôle l’instinct au plus près, pour éviter, évincer ce tremblement devant l’être cher, devant l’autre qui vous fait perdre toute constance, tout atermoiement toute plainte; le risque de comprendre est plus grand devant cette foi qui relève ce corps meurtri. Pulsions du désir, cette vérité du corps qui fait tomber les masques, arrêt sur image, les deux êtres se regardent dans un vide sidéral, l’espace d’un éclair, les yeux humides, l’attente devient alors intolérable. Une blessure qui s’entend comme d’une compromission, et de doux attouchements font face au regard de la pénétration. Le mystère n’en demeure pas moins inviolé.


Thierry Texedre, le 21 novembre 2018.  


Schnittke - Piano Quartet in A Minor






samedi 3 novembre 2018

Avec ou sans

Neal Fox (1981-)











                         Avec ou sans

Atténué vers ces ligatures infâmes
qui pleurent le temps désarticulé
outré ce sursaut du corps trop nu
défigurant la peau jusqu’au risque
de la démesure du sexe concis
courtisant ce derme démoniaque
un peu trop longtemps et jouir
le gland grossi par l’œil convoité
d’une image immaculée et porno
porc insatiable qui fronce les plis
nauséeux puisant le voluptueux
du bas du ventre jusqu’à l’extase
les jambes repliées sous le lit
le lit chargé d’une irrespirable
contention les draps froissés
sous les fesses insidieuses
et rougies par les frottements
aussi l’interdit l’Infini de
l’effroi c’est la chair qui jubile
à mesure que monte la liqueur
la séminale jouissance sortie
ma main Claudine se balance.


Thierry Texedre, le 3 novembre 2018.









jeudi 1 novembre 2018

Contemplation

Karel Appel, danseurs du désert, 1954















Contemplation

Comment défaire le rejet
du tronc commun le sujet
de la perte la peste publique
le rejet voulu du traitement
de la parole comme idée
idée d’un sens commun
livré à l’altérité du corps
encore raturé de la vision
qu’une connaissance lit
en musiquant un corps
contraint à rencontrer
l’illisibilité de la parole
parler dans l’exaltation
d’un désert la faire danser.


Thierry Texedre, le 1 novembre 2018.