Ernest Breleur - Le Christ rouge
Lettre close du récit
Sur
la surdité du vivant corps dépossédé de sa grandeur d'être soi,
le jeu inaudible de la frayeur d'exister, voilà que naît
l'improvisation insoumise de l'emprise de l'être sous sa pulsion
indifférenciée d'être et de non être, l'exercice illicite qui
convie ce corps à commettre un meurtre. Tuer ce comble obturateur de
calamités et de drames démesurés, toucher à cette mort dont les
affres sont tout près de la reconnaissance d'un attentat. Vie en
pointe vers le lieu d'où sortent les orbites sucés du temps
détaché; serait-ce le succès de l'air irrespirable ? De l'air
atomisé par les sons de la décomposition ? Pourceau que ce corps
immanent de la finitude de la vie, pour créer cette rencontre de la
jouissance avec la mise à mort d'une chair inondée de ses lueurs
qui faussent la parole, parole qui sonne le glas pour dire la
répétition et l'impuissance de ces sens en phrases insensées.
Finitude de la vie qui se montre encore, à parcourir les
lamentations de la lecture, sur le jeu qui se joue de la vie, jouant
à tuer les morts de mots inconcevables, tuer le corps en disgrâce,
trouer depuis sa césure, là où se montre la chair, carnassière,
en coutures et ouvertures du ventre de la terre qui tourne, jusqu'à
la tête, pour risquer la démesure de la mort, se risquer à
commettre le crime de la vie, avoué alors comme étant l'appendice
dévorant le cœur "insondé" de l'étranglement, par la
voie orale, de l'air dépassé par le sens de la lettre. Cloué au
soc indubitablement, le corps encore "entré" par l'être,
se montre en sang, du sang de la souffrance, redressé sur le pieu
palimpseste passé par la voie d'une peinture intraduisible, avant
que ne meurt l'esprit qui demeure (toujours ailleurs depuis la mort
de l'autre/sien), à crier des mots avec verve et en volutes,
trahissant la mort, pour la mettre à mort en "ressuscitant".
Forme recroquevillée de la plaie qui suinte, en vol éclaté de la
déesse mort, voilà, le regard éclairé, que ce corps disparu va
sombrer dans l'illumination de sa rencontre avec l'essence d'un
"corps pensé", ventre à terre - le propre de l'âme se
voit chantant en discorde - quelle dissonance ! Coup de maître de la
vie qui plante là la chair, soulevant les montagnes et les mers,
afin d'embrasser cet embrasement de la chair par l'immortel esprit.
Tremplin sur lequel montent les corps décharnés pour sauter dans le
grand vide qui ne sera plus jamais celui du "grand soir".
Le vide se plaindrait-il d'en arriver au risque d'exister partout,
soumis à ces plaintes dont on se demande si elles n'ont pas à voir
avec ces choses pleines; pleines de l'extraordinaire mensonge de la
parole qui cogite sur le dos de l'esprit !
Thierry
Texedre, le 26 octobre 2016.