mercredi 26 octobre 2016

Lettre close du récit



Ernest Breleur - Le Christ rouge




Lettre close du récit

Sur la surdité du vivant corps dépossédé de sa grandeur d'être soi, le jeu inaudible de la frayeur d'exister, voilà que naît l'improvisation insoumise de l'emprise de l'être sous sa pulsion indifférenciée d'être et de non être, l'exercice illicite qui convie ce corps à commettre un meurtre. Tuer ce comble obturateur de calamités et de drames démesurés, toucher à cette mort dont les affres sont tout près de la reconnaissance d'un attentat. Vie en pointe vers le lieu d'où sortent les orbites sucés du temps détaché; serait-ce le succès de l'air irrespirable ? De l'air atomisé par les sons de la décomposition ? Pourceau que ce corps immanent de la finitude de la vie, pour créer cette rencontre de la jouissance avec la mise à mort d'une chair inondée de ses lueurs qui faussent la parole, parole qui sonne le glas pour dire la répétition et l'impuissance de ces sens en phrases insensées. Finitude de la vie qui se montre encore, à parcourir les lamentations de la lecture, sur le jeu qui se joue de la vie, jouant à tuer les morts de mots inconcevables, tuer le corps en disgrâce, trouer depuis sa césure, là où se montre la chair, carnassière, en coutures et ouvertures du ventre de la terre qui tourne, jusqu'à la tête, pour risquer la démesure de la mort, se risquer à commettre le crime de la vie, avoué alors comme étant l'appendice dévorant le cœur "insondé" de l'étranglement, par la voie orale, de l'air dépassé par le sens de la lettre. Cloué au soc indubitablement, le corps encore "entré" par l'être, se montre en sang, du sang de la souffrance, redressé sur le pieu palimpseste passé par la voie d'une peinture intraduisible, avant que ne meurt l'esprit qui demeure (toujours ailleurs depuis la mort de l'autre/sien), à crier des mots avec verve et en volutes, trahissant la mort, pour la mettre à mort en "ressuscitant". Forme recroquevillée de la plaie qui suinte, en vol éclaté de la déesse mort, voilà, le regard éclairé, que ce corps disparu va sombrer dans l'illumination de sa rencontre avec l'essence d'un "corps pensé", ventre à terre - le propre de l'âme se voit chantant en discorde - quelle dissonance ! Coup de maître de la vie qui plante là la chair, soulevant les montagnes et les mers, afin d'embrasser cet embrasement de la chair par l'immortel esprit. Tremplin sur lequel montent les corps décharnés pour sauter dans le grand vide qui ne sera plus jamais celui du "grand soir". Le vide se plaindrait-il d'en arriver au risque d'exister partout, soumis à ces plaintes dont on se demande si elles n'ont pas à voir avec ces choses pleines; pleines de l'extraordinaire mensonge de la parole qui cogite sur le dos de l'esprit !


Thierry Texedre, le 26 octobre 2016.