vendredi 19 décembre 2014

Glissements



Fracture voilà là le rythme insoutenable de la tempête intérieure qui monte soutenue par l'impossible résolution de la raison risquée glissante oppression du temps qui fractionne l'être le délite l'immondice corps qui se vautre par terre où seule la surface vous enfonce dans l'enfer de la matière décomposition de l'être en un temps record juste au moment irréversible de la mort illuminant la douleur d'un éclair qui fulmine au milieu des corps outrepassant leur chair dans l'ossuaire de l'abjection d'une puante naissance de l'intelligible rien du corps ne sort de soi sans y trouver l'ardeur délibérée de laisser courir les sens pour caresser la peau tendre et hypostasiée sourire du divin à sortir de sa condition juste au moment où l'homme s’assoit pour commencer un récit sur la mort de Dieu sur un recul une mise au tombeau et cette tourmente dans laquelle jaillit ce nouveau soi avec son disant aux portes du divan le verbe allongé juste ce qu'il faut pour qu'on entende le récit ricaner à son tour sur la face cachée de la mort là où se tient dressé le temps illégal de l'homme le temps de la parole illimitée qui va rouvrir l'incommensurable évitement de la vie afin d'y voir ce qu'aucune peinture n'a jamais ouvert au monde l'origine incompatible que la pensée n'a de cesse de mettre en extase... Mirage occulte d'une dérive vers l'au-delà juste ce qu'il faut pour ne plus fauter feinte alors du terrifiant orgasme qui tue le corps qui le mutile l'exclus le reclus l'ignoble renflement de la peur d'exister sauf à croire sous quel couvert concassé par les dents de la chair malade de la faim hystérique d'avaler les sons avant qu'ils ne soient entendus en retour par l'intérieur hirsute de la tête livrée aux chants sirupeux de l'opéra menstruel viens voir le corps ficelé le corps aigre le corps calamiteux quand il se regarde dans le miroir de l'ombre portée d'un soubresaut de l'éternité au seuil de la mort pour finir par respirer la vraie manie du cœur à battre par amour depuis quand l'amour s'arrache aux errances de la haine puisée dans ce fond excessif du corps livide et coagulé par le sang dramatique de l'embrasement des cordes vocales en choc chasse chimérique de la recherche du jeu plein de ces microbes atteints par le malaise que la chair procure quand deux corps se frottent avant la pénétration fusion qui fractionne à nouveau le pouvoir d’excitation de la peau sur le non dit de la cérébrale imposture de la parole cours des choses qui enfle et enserre les cavités pour faire ricaner les zones urticantes de la polémique qui a lieu au milieu de la peinture à l'huile comme chair de la chair le temps aurait été tarabiscoté si la chair n'avait jamais connu la peinture parole énigmatique qui elle est alambiquée illusion du temps qui s'écoule le corps vivant est deux avant d'être un et trois depuis que l'esprit s'en est emparé pour le nuire l’annihiler construction du néant que la chair ouvre à la peinture qui authentifie alors l'éclosion d'un lieu où un lien social s'épuise et accouche au terme d'une longue perversion inondant l'un des deux corps par un doux jaillissement séminal...




Thierry Texedre, le 19 décembre 2014.