mardi 22 novembre 2011

Strates



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Soulèvement du court instant, trépassant, se régénérant une fois les coups passés. Coup du pendant, de ce temps qui monte, se met en place, se souvient, s'évertue à vivre. Quelle grande carcasse peut sonner aux portes du temps, de cette secousse du temps qui se referme sur la lecture du texte, écriture sous un autre temps. Tempérée, l'écriture devient vite exorbitée, rivée sur un corps dépoli, passé sous silence. L'infection s'empare de quelques feuilles, couches du temps apostrophé par le bras. Couvert par quelques irruptions sous la peau, le corps s'évide peu à peu, pour se découper, se coller se souvenir peut-être. Peut-il se rétracter à ce point pour que la mémoire ait lieu? Possible, risque d'altérité du dire à rebours ou en devenir? Le corps s'évade, s'élance au dire de sa monstruosité d'être. La musique ne peut apporter, au vide qui traverse la surface peinte, que ce risque inexploré d'exister, pour taire un corps plein.


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De quelle mémoire parle-t-on? Mémoire qui touche à l'infini ou celle antérieure qui ondule dans un risque social, risque d'un enfermement dans la Loi, objet d'improvisation du dire enfermé dans un fini illisible. Le temps présent, lui, représente la chose illisible et transparente. Une imposture de l'image qui se tord, se déforme, se rétrécit en songes. Qu'il rétrécît en songes, si le temps du corps n'a pas encore de lieu. Le lieu du corps serait celui d'une altération de la mémoire. Un sujet soudain, serait pris dans l'emportement d'autres corps croisés (identification liée au reflet dans un miroir de son propre corps), pour visiter ce rien, du dedans d'un corps, pour y rencontrer un nom, puis une identité, mais découpée (le temps ici passe, pour interpeller le lieu ouvert d'une succession de présent, vitesse de l'image, Futurisme?). Virtualité du temps et de son corps mis en transparence. La mémoire se met à construire des lieux opérant comme dans la construction d'un lieu-offrande. La pensée se manifeste alors pour ordonner ces formes, peintures aux contours découpés dans la couleur (on entend par là une rencontre avec l'espace déjà représenté derrière la peinture actée, en vues multiples, pour inventer une suspension du temps). Cette peinture est une suspension, poursuite d'une multiplication des errances, pour trouver à un moment indéterminé, l'hystérie (la parole manque son objet), rencontre recto-verso d'un même temps, le présent (ce temps est un temps découpé). Le présent est une imposture, sa Loi est une mise en demeure de la mémoire dans un vréel usurpateur. Le réel remonte jusqu'au fond transparent du corps plein, pour en sortir vraisemblable, et atomisé. La parole s'évacue, par un dire impuissant à rencontrer sa vérité, celle de l'écriture spéculaire, acte manqué du temps évacué par l'apparition de l’œil introspectif qui se relève de la peinture.


 

Thierry Texedre, le 22 novembre 2011.