1
Soulèvement
du court instant, trépassant, se régénérant
une fois les coups passés. Coup du pendant, de ce temps qui
monte, se met en place, se souvient, s'évertue à vivre.
Quelle grande carcasse peut sonner aux portes du temps, de cette
secousse du temps qui se referme sur la lecture du texte, écriture
sous un autre temps. Tempérée, l'écriture
devient vite exorbitée, rivée sur un corps dépoli,
passé sous silence. L'infection s'empare de quelques feuilles,
couches du temps apostrophé par le bras. Couvert par quelques
irruptions sous la peau, le corps s'évide peu à peu,
pour se découper, se coller se souvenir peut-être.
Peut-il se rétracter à ce point pour que la mémoire
ait lieu? Possible, risque d'altérité du dire à
rebours ou en devenir? Le corps s'évade, s'élance au
dire de sa monstruosité d'être. La musique ne peut
apporter, au vide qui traverse la surface peinte, que ce risque
inexploré d'exister, pour taire un corps plein.
2
De
quelle mémoire parle-t-on? Mémoire qui touche à
l'infini ou celle antérieure qui ondule dans un risque social,
risque d'un enfermement dans la Loi, objet d'improvisation du dire
enfermé dans un fini illisible. Le temps présent, lui,
représente la chose illisible et transparente. Une imposture
de l'image qui se tord, se déforme, se rétrécit
en songes. Qu'il rétrécît en songes, si le temps
du corps n'a pas encore de lieu. Le lieu du corps serait celui d'une
altération de la mémoire. Un sujet soudain, serait pris
dans l'emportement d'autres corps croisés (identification liée
au reflet dans un miroir de son propre corps), pour visiter ce rien,
du dedans d'un corps, pour y rencontrer un nom, puis une identité,
mais découpée (le temps ici passe, pour interpeller le
lieu ouvert d'une succession de présent, vitesse de l'image,
Futurisme?). Virtualité du temps et de son corps mis en
transparence. La mémoire se met à construire des lieux
opérant comme dans la construction d'un lieu-offrande. La
pensée se manifeste alors pour ordonner ces formes, peintures
aux contours découpés dans la couleur (on entend par là
une rencontre avec l'espace déjà représenté
derrière la peinture actée, en vues multiples, pour
inventer une suspension du temps). Cette peinture est une suspension,
poursuite d'une multiplication des errances, pour trouver à un
moment indéterminé, l'hystérie (la parole manque
son objet), rencontre recto-verso d'un même temps, le présent
(ce temps est un temps découpé). Le présent est
une imposture, sa Loi est une mise en demeure de la mémoire
dans un vréel usurpateur. Le réel remonte jusqu'au fond
transparent du corps plein, pour en sortir vraisemblable, et atomisé.
La parole s'évacue, par un dire impuissant à rencontrer
sa vérité, celle de l'écriture spéculaire, acte manqué du temps évacué
par l'apparition de l’œil introspectif qui se relève de la peinture.
Thierry Texedre, le 22 novembre 2011.