vendredi 27 janvier 2012

Pulsations

Ton trait ténu tourne le long du corps en pression tonitruante. Trace du trait trouvé là comme opéré par les sons en répétition. Ton en traitement oblique obligé juste pour oublier ce léger déplacement des sons. Pulsé du fond de la gorge du temps se répète la voix exposition depuis le fond des âges. On traîne cette informelle gesticulation du fond en cavité capiteuse du corps détouré. Réveil de cette effroi généré par les ondes exclamées. Exposition du corps devant l’œil rétracté en flou. Espace rétréci de l’œil. La musique a lieu. Le lieu est né. Du néant. Battement intérieur des sons en pulsations. Tourniquet de la norme en vie pulsionnelle. La mort du dire est dictée par l'essor de ce gonflement du dedans en danse excavée dans une sortie des sons de la chair. On se risque à résonner dans un bruissement léger de la peau sur la vie aérienne. Unisson du coup donné à la voix comme un déhanchement de loin du corps. Une prière pour entendre ce cœur battre pieusement.




Thierry Texedre, le 27 Janvier 2012.

dimanche 22 janvier 2012

Désirs inassouvis










Du trou béant de
la béatitude du
temps
juste de ce temps
terre de l'enterrement
se jettent d'immortels
élus élégiaques
pour en finir
avec ce pourrissement
de l'éternité
du temps passé
à la postérité
on s'étire en triste
dépassement
de la possession
du désir antique
de jouir de la
découverte par
l'oeil de ce jour
en naissance
quelle reconnaissance
vient se substituer
à ce corps extirpé
de sa chair en voix
vocation à voir cette voix
avant son corps
saut dans ce vertige
du trou futur
en corps possédé
en un martellement
incessant de ces
cordes en vocale
infection du désir
de dire cette parole
détention provisoire
d'une voix en
musique rapprochée
pouvoir de l'immanent
raisonnement pour
intenter à cet
enterrement
du trou inespéré
de la naissance.





sur Dies Irae de Galina Ustvolskaya

Thierry Texedre, le 22 Janvier 2012.


mercredi 18 janvier 2012

L'insensé du sens

Sur Turbulences de Bruno Mantovani



Du traitement du texte le corps s'éclipse. Il s'éternise pourtant dans ce résidu incontournable du sens que le signe désigne, en évoquant la parole ingérée par ce corps inconnaissable. Nous éviterons donc de décrier ce signe, comme résiduel, ou de la chair atomisée. Le corps dans ce cas sera un corps d'élection, un corps sourd à toute parole. Nous éviterons donc ce qui fait sens dans sa parole: la chair. Seul le temps éclipsé, seul le corps dépecé, saura résoudre ce temps de la dépossession du corps. Du pourrissement du temps en mémoire, on retiendra cette hiératique surdité de sa chair, pour la revisiter en musique, trace indéniable d'un corps-cavité qui se remet en marche; qui se heurtera à la vitesse du vieillissement de l'être nommé par un lieu: celui de la peinture. On entendra par là un corps musical impossible à franchir, improprement illisible pour avoir tenté de mettre son objet ( le corps) dans une impression: le plié du vêtement identifié (la peau), impression qui se joue du temps de la vie, en vitesse d'un savoir illimité et dense; parcours du temps dans son escamotage de la peau. Un lieu pourtant, discontinu, semble résister à ce savoir exponentiel au temps: passage résurrectionnel de la musique à la peinture, pour tenter de mettre en forme quelque chose qui a à voir avec la peau. Peau de la problématique que la chair semble opérer via le corps, le corps de la locution (la locomotion du corps s'étend d'un temps qui se divise pour mieux intégrer, parcourir un corps fractionné).




Thierry Texedre, le 18 janvier 2012.

jeudi 12 janvier 2012

Duo






Sur les traces du sacerdoce, coup du sort, le ridicule ne tue plus. On est en pleine réverbération du dire. S'il tourne rond, ne s'use-t-il pas à céder le pas à l'image intemporelle? Une image qui n'est encore image qu'à se relier au dire par on ne sait quelle confirmation du véridique? Pauvre humanité qui touche au plus agressif, le cri ininterrompu de cet être rebondi, rendu à sa chair par la seule intransigeance de ce vrai ininterrompu. On croirait une pièce, théâtralement inventée pour rompre avec ce silence du temps. Le temps n'est pas cette alternative à l'image qui nous dévore, en silence, mais bien ce grand silence impossible à soutenir, l'être ne se supporte que de parler cette absence de déroulement de la reconnaissance vocale comme signes transverbaux de la signifiance linguistique. Toucher le corps dans son temps réel, revient à parler l'absence d'image, la visite du corps dont on reconnaîtra la mesure, la ligne génétique chez un Jackson Pollock. Quel juste retour chez ce peintre pour annoncer l'impossible image chez l'homme, sauf à brouiller les cartes dans une tentative de rencontrer ce corps sourd chez la femme? Femme peintre? La musique ne s'en remettrait pas si ce corps féminin en finissait avec l'accouchement? L'image qui en résulte n'a de pouvoir sur la parole qu'à la mettre en gestation, entre-guillemets de l'image qui s'autorise à dire ce qu'une musicalité seule parvient à rendre ce double corps-musique indéfectible, et le lieu d'une reproduction sans laquelle aucune diction n'aurait à renouveler sa corporéité. Le dire insondable du vrai aurait lieu dans une transmutation de l'immanence du corps, et de cette parole comme hémisphère du corps d'écoute, d'un corps sous l'emprise de le penser. L'origine de ce corps n'est en rien ce corps pensant tant révélé dans les années soixante-dix, mais une charge-addiction interne au corps, qui sous une impulsion externe va penser le corps. Une dynamique qui vaut pour la musique, qui n'est image qu'à la jouer. On touche au mystère de l'écrit qui n'est là qu'à la condition que cette image lui colle à la peau. Pourtant bien des écrivains se sont essayé à divers jeux de la lettre, pour essayer de sortir l'image de ce sas irrespirable dans lequel se risque le corps. Maux, violence, sexe, folie, respiration qui s'offusque de l'impossible dire face à cette fracassante image mise en demeure, tronquée, traversée, sans nom, le meurtre serait donc permanent? La peinture est dans sa ténébreuse vérité pour éjecter ce dire de l'image, rendre au corps ce qui du dire n'est plus audible par la musique.




Thierry Texedre, le 12 janvier 2012.



mercredi 4 janvier 2012

Dire le rêve













Source inconséquente du rêve
immortalité de la veine oculaire
du ras de marée des sons en
voix orbitales irruption du son
sans dessus dessous déportation
du rêve caduc casse de l'air ici
bas en batterie germination de
cet espace indécis et rétrécis
vers l'extérieur enflammé sué
suave distorsion de la bouche
qui tente cet appel alentour de
la voix inondée par son sexe
repus recroquevillé en peau ridée
des plis du divin lieu véhément
événement en rupture avec le clos
le fermé l'enfermement de cet
essai vilain de la parole atténuée
le rêve reprend de la force sous
cette face aux yeux fermés pour
en finir avec l'esprit inquiétant
de l'exposition de sa voix au dos
infranchissable de l'autre raison
de derrière cette divine expression
n'en retient que l'essentiel la
trace effacée du risque pour l'oeil
de garder enfoncé au plus profond
l'image qu'un rêve atomisé fait
ressurgir pour glisser le long de
cette peau ingénue la couper
la morfondre indéfiniment pour
dire le rêve en jouissant du vide.





Thierry Texedre, le 4 janvier 2012.