Hurlements nocturnes
Le ciel est sombre le souffle est court
la lumière rétrécit le ventre se contracte
un nuage rouge recouvre l'horizon
et s'étend jusqu'au dessus de l’œil injecté
reflet de l'espace qui se rétracte
cet aveuglement vient coucher aussi
l'horizon qui s'endort dans une inspiration
décousue désuète bruyante et assourdissante
les bras au ciel les mains tendues
commencent à gratter et se raccrocher
à l'emprise de cette immédiateté
l'immensité tonne s'effondre en poussière
le jour impossible d'un étourdissement
une musique muette puis inconstante sort
du fond râblé et raccroché à la gorge
ravage du corps trop absent
cause de l'imperturbable voix
qui tremble en sortant une musique
emplie et vertigineuse depuis l'illusion
y a-t-il encore un ciel l’hologramme
éclos celui d'un enfer psychédélique
le trou le clou l'aspiration spatiale
d'infinis espaces d'une matière illusoire
la beauté tient à reconnaître l'inverse
quand la douleur éteinte s'éveille
pour enclore le doute l'éveiller
vers cette sorte de hurlement
bien en amont du verbe jubilatoire
trop lié au crime d'un désir éruptif
irruption loin d'un lieu de l'illusion
et de la foi firmament de l'esprit
l'esprit de l'espace d'une espèce
proclamée pour jouer à la mémoire
d'un jeu quantique jeté au réel risque
insurmontable d'une évasion hurlée
horizon démonté spectre d'une trinité
que transfigure un risque l'arrachement
risque qu'un corps impensé peut de mourir
quand la parole montre d'un arrêt l'image
l'être résolument rayé radié et irradié
par cette fin dupliquée l'orgie de l'origine
l'animalité vibrante l'animal consommé consumé
dans le temps dénaturé chassant cet enfermement
le corps surexposé reproduction du verbe
sans cesse remis sur le gril nucléaire
un vent sans nom naissant qui laisse le ciel
la nuit livrée aux hurlements
aux risques du peintre qui peint le passé
pour tenter un attentat sur ce corps
d'écriture sans organes et en extraire
la chair exposer la chair du doute
le son futur de la vitrification
phénoménale d'une naissance annoncée.
Thierry Texedre, le 21 août 2020.
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triptyque de Francis Bacon (1909-1992)