mardi 1 septembre 2015

Opalescence















Opalescence

Livré à lui-même, le corps sourd et souillé suinte la plaie. Cette peau ténue qui offre tout un fatras d'exhortations. Dominée par le temps de l'os, ce corps va se défaire lentement, pour disparaître dans une parole dont on sait quelle outrance pour ses enfants, quels risques ; parcours de l'appropriation du corps, par ces enchantements de l’œil sur la peau, et de ses sens en retour. L'histoire serait là comme pour élucider un commun dénominateur avec le frôlement, le frottement intempestif de la peau sur la mémoire du père. Parcours de l'inséparable, de l'insécable, et de l'exaltation pour ce grattage de la chair en dessous, jusqu'à rencontrer ce qui coupe la peur de l'être en une multitude d'exactitudes, introspection du dedans, frôlement avec ce qui sera plus tard le sujet de l'inconscient. Illusions dont on retient le grand déferlement de l'être sur un corps étrange, une improvisation qui montre le développement de la psyché ; collage de ces jeux expiatoires d'où naîtront les lieux du fou et ceux de la croyance, par la loi et la religion. Fracture incessante qui montre ce corps, pour le réactiver et le rendre factice et subalterne face à cette intellection qui monte du dedans, et sortir en recouvrant le corps, cette peau d'un linge comme ultime drame de l'ouvert/fermé de la chair au milieu de la pensée naissante. Montrer ce qui pense le corps méconnaissable, c'est travailler sur son objet à venir, et qui pour le moment n'a pas encore dessiné son lieu, sauf peut-être à parler cette langue dont on tient les règles pour qu'un objet impossible à identifier se mêle au risque de ne jamais apparaître. Vol extatique qui brandit ces plis insipides rencontrés dans les pires cauchemars, passage vers d'autres contrées, de celles dont on doute devant leurs extensions en bras tentaculaires qui collent aux moindres morceaux de peau visibles, pour sucer le sang qui remonte en taches prêtes à succomber à l'hémorragie. Le corps se soutient d'une mémoire qui fait taire les manques opulents d'une douleur de vivre, lente guerre déclarée au ventre intégral de la terre insoumise, pas encore mise à mort, l'expiration s'en remet au risque de comprendre la fin dans une nouvelle inspiration. Peindre l'enterrement de la chair en touchant à ce qui l'a pensé, unique redressement du sexe qui est coupé de la vie, lien avec la conscience dépouillée, montée du sang dans les corps caverneux. L'apothéose serait d'éjaculer entre les dents de l'indigente sirène qui tombe à pic, entonnant un air irrespirable, et de mauvaise augure, plaçant le corps de l'intrus sous ses jambes écartées, elle, au-dessus chantant tant et plus ces abominations, la bouche pleine de ce suc plasma de l'excitation surannée, passage vers la folie qui monte, marches infinies qui l'emporte vers la liberté, excommuniée. Champ brillant et vertigineux de l'intouchable exubérance du paradis.



Thierry Texedre, le 1 septembre 2015.