Opalescence
Livré
à lui-même, le corps sourd et souillé suinte la plaie. Cette peau
ténue qui offre tout un fatras d'exhortations. Dominée par le temps
de l'os, ce corps va se défaire lentement, pour disparaître dans
une parole dont on sait quelle outrance pour ses enfants, quels
risques ; parcours de l'appropriation du corps, par ces
enchantements de l’œil sur la peau, et de ses sens en retour.
L'histoire serait là comme pour élucider un commun dénominateur
avec le frôlement, le frottement intempestif de la peau sur la
mémoire du père. Parcours de l'inséparable, de l'insécable, et de
l'exaltation pour ce grattage de la chair en dessous, jusqu'à
rencontrer ce qui coupe la peur de l'être en une multitude
d'exactitudes, introspection du dedans, frôlement avec ce qui sera
plus tard le sujet de l'inconscient. Illusions dont on retient le
grand déferlement de l'être sur un corps étrange, une
improvisation qui montre le développement de la psyché ;
collage de ces jeux expiatoires d'où naîtront les lieux du fou et
ceux de la croyance, par la loi et la religion. Fracture incessante
qui montre ce corps, pour le réactiver et le rendre factice et
subalterne face à cette intellection qui monte du dedans, et sortir
en recouvrant le corps, cette peau d'un linge comme ultime drame de
l'ouvert/fermé de la chair au milieu de la pensée naissante.
Montrer ce qui pense le corps méconnaissable, c'est travailler sur
son objet à venir, et qui pour le moment n'a pas encore dessiné son
lieu, sauf peut-être à parler cette langue dont on tient les règles
pour qu'un objet impossible à identifier se mêle au risque de ne
jamais apparaître. Vol extatique qui brandit ces plis insipides
rencontrés dans les pires cauchemars, passage vers d'autres
contrées, de celles dont on doute devant leurs extensions en bras
tentaculaires qui collent aux moindres morceaux de peau visibles,
pour sucer le sang qui remonte en taches prêtes à succomber à
l'hémorragie. Le corps se soutient d'une mémoire qui fait taire les
manques opulents d'une douleur de vivre, lente guerre déclarée au
ventre intégral de la terre insoumise, pas encore mise à mort,
l'expiration s'en remet au risque de comprendre la fin dans une
nouvelle inspiration. Peindre l'enterrement de la chair en touchant à
ce qui l'a pensé, unique redressement du sexe qui est coupé de la
vie, lien avec la conscience dépouillée, montée du sang dans les
corps caverneux. L'apothéose serait d'éjaculer entre les dents de
l'indigente sirène qui tombe à pic, entonnant un air irrespirable,
et de mauvaise augure, plaçant le corps de l'intrus sous ses jambes
écartées, elle, au-dessus chantant tant et plus ces abominations,
la bouche pleine de ce suc plasma de l'excitation surannée, passage
vers la folie qui monte, marches infinies qui l'emporte vers la
liberté, excommuniée. Champ brillant et vertigineux de
l'intouchable exubérance du paradis.
Thierry
Texedre, le 1 septembre 2015.