Raluca Pilat : d’une peinture structurée
Artiste peintre originaire de Roumanie, vit et travaille au Québec.
Que penser de la peinture de Raluca Pilat ? Particulièrement de ses signes qui s'intriquent dans la toile, au travers d'aplats et de béances chromatiques qui sous-tendent ces signes graphiques, formels, volumiques qui symbolisent les liens sociaux et inter-subjectifs d'une pensée structurée.
La peinture de Raluca Pilat se distingue par une architecture visuelle profondément riche, où formes graphiques, signes entremêlés, aplats colorés et béances chromatiques s’accordent pour dévoiler une complexité psychique et sociale. Voici un éclairage sur la manière dont ces éléments structurent son propos
Les signes comme vecteurs de liens sociaux
Systèmes
graphiques entrelacés :
Les
signes (traits, motifs géométriques ou organiques) ne flottent pas
isolés : ils s'entrelacent, se superposent, dialoguent. Ces
interactions esquissent une trame de relations – entre individus,
idées, univers intérieurs –, comme si chaque signe était un
« noeud » tissant des connexions.
Symboles
de réseau subjectif :
Chaque
signe agit comme métaphore d’un lien (amical, familial,
émotionnel) : un mouvement, une tension, une résonance. Leur
répétition, parfois avec variations, évoque le caractère
dynamique et évolutif des relations et de la pensée.
Aplats et béances : géométrie chromatique de l’esprit
Aplats
dynamiques :
Ces
surfaces planes, souvent colorées avec vigueur, créent des zones de
repos visuel, de respiration, où la structure narrative suspend son
flux. Ils incarnent des fondations émotionnelles ou réflexives :
sol stabilisateur, arène intérieure, laissant
une certaine sécurité, une introspection. Il y va alors de
questionnements sur ces zones explorables par des signes. De signes
dont la répétition est interrompue parce
que l’esprit structuré défie le nœud de toute signifiance en
déplaçant tout signe vers sa mise en veille verbale dans un champ
indéfini, ici champ de couleur.
Béances
chromatiques :
Le
contraste marqué (vides sombres, échancrures de couleur brute ou
blanche) agit comme de véritables portes d’entrée dans la pensée.
Ces vides peuvent être vus comme des silences, des incertitudes, des
zones à penser, délimitant le champ d’expression des signes.
Formes graphiques, volumes et structuration d’une pensée
Construction
volumique :
Par
un jeu d’aplats, d’ombres et de contours, les signes apparaissent
en relief, presque sculpturaux. Cette matérialité visuelle évoque
une pensée palpable, construite, un espace mental à la fois concret
et intérieur.
Pensée
organisée :
Les
compositions ne sont ni aléatoires ni abstraites : elles relèvent
d’une démarche réfléchie. La pensée se structure comme une
architecture interne, ponctuée d’éléments articulés, de
hiérarchies signifiantes, d’interactions organisées.
L’œuvre comme lieu de rencontres
Chez Pilat, la toile devient un espace où signes, formes et couleurs dialoguent pour représenter non seulement un univers intérieur, mais aussi les échanges qui le composent : pensées dialoguant avec elles‑mêmes, individus en relation, mémoire, émotion. La structuration visuelle – ses volumes, ses vides, ses signes – reflète une pensée en réseau : structurée, sensible, sociétalement reliée.
Sa démarche rappelle que toute subjectivité est un tissage de signes, d’émotions, de dialogues, parfois pleins, parfois en suspens : une architecture chromatique et graphique du sujet engagé.