mardi 17 juin 2025

Raluca Pilat : d’une peinture structurée

 

































Raluca Pilat : d’une peinture structurée

Artiste peintre originaire de Roumanie, vit et travaille au Québec.



Que penser de la peinture de Raluca Pilat ? Particulièrement de ses signes qui s'intriquent dans la toile, au travers d'aplats et de béances chromatiques qui sous-tendent ces signes graphiques, formels, volumiques qui symbolisent les liens sociaux et inter-subjectifs d'une pensée structurée.


La peinture de Raluca Pilat se distingue par une architecture visuelle profondément riche, où formes graphiques, signes entremêlés, aplats colorés et béances chromatiques s’accordent pour dévoiler une complexité psychique et sociale. Voici un éclairage sur la manière dont ces éléments structurent son propos


Les signes comme vecteurs de liens sociaux


Systèmes graphiques entrelacés :
Les signes (traits, motifs géométriques ou organiques) ne flottent pas isolés : ils s'entrelacent, se superposent, dialoguent. Ces interactions esquissent une trame de relations – entre individus, idées, univers intérieurs –, comme si chaque signe était un « noeud » tissant des connexions.


Symboles de réseau subjectif :
Chaque signe agit comme métaphore d’un lien (amical, familial, émotionnel) : un mouvement, une tension, une résonance. Leur répétition, parfois avec variations, évoque le caractère dynamique et évolutif des relations et de la pensée.


Aplats et béances : géométrie chromatique de l’esprit


Aplats dynamiques :
Ces surfaces planes, souvent colorées avec vigueur, créent des zones de repos visuel, de respiration, où la structure narrative suspend son flux. Ils incarnent des fondations émotionnelles ou réflexives : sol stabilisateur, arène intérieure,
laissant une certaine sécurité, une introspection. Il y va alors de questionnements sur ces zones explorables par des signes. De signes dont la répétition est interrompue parce que l’esprit structuré défie le nœud de toute signifiance en déplaçant tout signe vers sa mise en veille verbale dans un champ indéfini, ici champ de couleur.


Béances chromatiques :
Le contraste marqué (vides sombres, échancrures de couleur brute ou blanche) agit comme de véritables portes d’entrée dans la pensée. Ces vides peuvent être vus comme des silences, des incertitudes, des zones à penser, délimitant le champ d’expression des signes.


Formes graphiques, volumes et structuration d’une pensée 


Construction volumique :
Par un jeu d’aplats, d’ombres et de contours, les signes apparaissent en relief, presque sculpturaux. Cette matérialité visuelle évoque une pensée palpable, construite, un espace mental à la fois concret et intérieur.


Pensée organisée :
Les compositions ne sont ni aléatoires ni abstraites : elles relèvent d’une démarche réfléchie. La pensée se structure comme une architecture interne, ponctuée d’éléments articulés, de hiérarchies signifiantes, d’interactions organisées.



L’œuvre comme lieu de rencontres



Chez Pilat, la toile devient un espace où signes, formes et couleurs dialoguent pour représenter non seulement un univers intérieur, mais aussi les échanges qui le composent : pensées dialoguant avec elles‑mêmes, individus en relation, mémoire, émotion. La structuration visuelle – ses volumes, ses vides, ses signes – reflète une pensée en réseau : structurée, sensible, sociétalement reliée.

Sa démarche rappelle que toute subjectivité est un tissage de signes, d’émotions, de dialogues, parfois pleins, parfois en suspens : une architecture chromatique et graphique du sujet engagé.



Thierry Texedre, le 17 juin 2025.