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Faut-il que le temps diffuse sa torpeur, sa hardiesse, sa
concomitance avec le corps secoué de la puanteur que ce délire
d'existence va tarauder ; mémoire inhumaine de l'extraction de
la vie. Folle exactitude de la durée qui manque sa mémoire, pour
permettre à ce grand délire du vrai d'en finir avec l'exactitude de
l'esprit spécieux. Risque de voir son sujet prendre part à cette
folie qui semble ne plus tenir le haut indistinct des corps.
Vicissitude du pouvoir d'exterminer la distinction des corps, drame
de l’œil qui frôle l'outrance et l'aveuglement devant sa peur
d'inonder la mémoire d'un ersatz de chair, morceau de dire qui
rencontre la chair, chair du pouvoir qu'exerce le délicieux désir
qui monte dans ces sens occultés par la mémoire. Vocifération de
la voix qui s'ouvre au cri, pour marteler ce que la foi n'a pas
encore emmené au Paradis. Rencontre
avec l'aléatoire, pour plier ce ciel, ce Paradis, et l'emporter dans
les enfers de l'Imminence. Tout corps qui se délite n'a pas encore
étreint le risque d'éternité, seul celui qui rend à sa chair la
parole, et qu'il lui a alors été donné de rencontrer le désir,
peut craindre d'en passer par la jouissance, comme si « l'immaculé »
de l'apparition de la peinture risquait sa disparition dans la voix,
et ce, en amont de la parole. La lutte serait celle du souffle qui
sempiternellement ronge les pores de la peau, pour la déliter,
l'infirmité aidant, parole qui suffoque, et manque sa tellurique
densité dans l'assourdissante phrase inassouvie de la chair
meurtrie. Compte à rebours du temps désaxé par l'appel au risque
d'emmener la mémoire loin du présent, trop près du cloaque
vertigineux de la dérive des corps. Inondation de l'instinct mouvant
qui traverse ce dedans du corps, jusqu'à chier ce gramme qui pète
aux yeux du corps malotru. Foutaise que ce vidage incessant du
registre musical, vers une grande désertification. La grande
peinture doit prendre le large pour ne pas entendre les pleurs qui
frôlent l'expiration. La peinture inspire, voilà le nœud de la
musique qui nous emporte vers ce Paradis de l'au-delà de la mémoire.
Hantise d'exister par l'impressionnante exactitude du corps mis en
extase pour avoir manqué de souffle au moment où la vie et la mort
semblaient se lier pour créer la naissance. Finitude de l'expiration
du corps pensant son souffle incessamment ôté du lieu d'où la
peinture serait née. Au commencement était ce risque d'une
collision entre la mort pas née et la vie trop pensée pour être.
État du corps dansé par l'astre incarné, pour se risquer à
descendre du lieu de la matière jusqu'à ce seuil d'où la matière
pense. Voilà bien là ce risque d'entendre la parole qui croit
contre celle qui pense, au risque d'écouter la voix sur les ondes
musicales qui s'offusquent du souffle martelé en syncope. La musique
et la parole se ruent l'une contre l'autre, flanqué d'objets
flottant dans l'air, comme notre planète est accompagnée de son
satellite. Raser les ondulations qui courent sur la peau pour la
faire dépenser, la faire réagir, la reproduire jusqu'au risque
d'entendre parler du plaisir. Le choc du souffle en a assez, par son
éternelle explosion de la douleur; d'exister entre les mains du
néant....
Thierry
Texedre, le 20 mars 2015.
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