Suite Grünevald (1994-1996)
Gérard Titus-Carmel (1942-), acrylique sur toile, 256,6 x 332,6 cm
Plis et contre-plis de la peinture
Plages
inséparables du tremblement révulsé de la peinture qui par la
plaie pulse ces désaccords au sein d’une pluie de couleurs. Parts
égales du tremblement vénale qui s’éteint dans la cadence
inconsidérée du livre qui se dessine ici, au plus près d’une
terreur de la coulée de couleurs intemporelles et divagantes, pour
réécrire la peinture sur ses actes assassins, et pour inventer
cette erreur du temps à malmener la peinture qui se figure sous les
coups de la parole atomisée. On entrerait en possession, de celle
qui parjure la représentation comme indice d’une abstraction en
devenir. Si rien ne tient dans la figure peinte d’un acte
aléatoire, sans l’immersion dans la couleur, alors cette peinture
ourlet, cette inconnue du temps que l’œil dévie, ce sacré
intérieur de l’être tendu pour musiquer la chair, ce drame de
l’immanente résurrection, tout cela se met en mesure alors
d’inventer ce qu’une peinture a de nommer un présent comme
représentation, comme réactivation de la vérité qui se met en
branle quand on prend le peintre en flagrant délit d’immortalité.
Un peintre est né communément quand il referme le dire dans
l’aplomb d’un format configuré dans les arcanes de la puissance
d’y voir ce qui peint un réel contre l’irréalité même du rêve
éveillant la représentation de la figure humaine plongé dans les
abîmes de la matière. Depuis quel mystère la peinture s’épanche
pour induire cette autre parole, infantile et jouissive en surface,
pour plonger alors dans les abîmes de la couleur compromise, de la
peinture qui illumine la croyance en train de se montrer depuis ce
qui la pense, comme lieu De profundis de l’instant du deuil aspiré
de la peinture dans l’histoire, de la peinture qui se meut de
mourir sans cesser d’approcher son sujet, sans montrer ce sujet
autrement que versatile.
Thierry Texedre,
le 12 juin 2019.
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