Les
Nénuphars de Thierry Cauwet
"Le
nénuphar a eu une influence indubitable en Égypte. Ceux qui
l’appelèrent nanoufar « les belles ») virent en lui un «
symbole […] du processus de création et d’élévation
spirituelle. Dans l’Égypte ancienne, il représentait la création,
moment où le premier dieu prit forme sur un tertre sortie de
Nun, l’océan primordial » (1). Exprimant « la naissance du monde
à partir de l’humide », il n’est guère étonnant que cette
fleur sacrée des Égyptiens soit associée à Osiris qu’on
représente souvent juché sur un nénuphar. Figure féminine, le
nénuphar fut surnommé épouse du Nil car lorsque grossissent les
eaux de ce fleuve majestueux, sa surface se couvre de nénuphars.
Cette relation à la féminité ne quittera plus cette plante, où
qu’on se situe." In situ Thierry Cauwet
Les
vibrations lumineuses, la lumière qui s'en dégage provoque un
certain dysfonctionnement de la perception, je crois là qu'on touche
à autre chose que ce qui montre le nénuphar, on sort presque du
milieu aquatique, de l'extériorité, de la nature, pour commencer
une entrée fracassante dans l'intimité de l'humain ; la mise en
abîme de sa "dépense", oui la dépense qui montrait la
voie au sen ! Et là, qu’est-ce qui fait fléchir ce qui pense ?
L’irrémédiable forclusion de la temporalité. Oui les Nénuphars
de Thierry Cauwet montent encore et encore vers cette somme, la
concrétion de toute une peinture qui ferraille avec l’extériorité
des choses, pour faire reconnaître à la peinture ce qui la
distingue du féminin ! Ce grand féminin que tant d’artistes
et écrivains prônent en retirant à la peinture ce que le mal a
longtemps opprimé. Point de noms ici, pour manquer la cible et
tourner en désuétude l’art de cette lumière qui dévisage le
regard du visiteur. Perdu au milieu(cette centralité érudite de
Sollers manque son but en optimisant la perspective qui fuit par-là
ce vrai centre de la peinture. Les formats de Cauwet ici, démontrent
combien il est impropre de tout recentrer à la seule lecture de la
contemplation d’une toile, puis d’une autre, etc. Le temps
présentant l’exposition de telles peintures vaut pour que ce
centre intervienne parce que son sujet (ici, le Nénuphar),
n’intervienne qu’en tant qu’indice, et le moins serait de
deviner ces Nénuphars au même titre que la lumière qui s’en
dégage d’une autre intensité que la réverbération musicale de
l’eau sur la surface de la toile. La beauté, voilà bien là ce
qui caractérise la figure féminine et les Nénuphars au gré de
l’eau (ici, le médium). Mais l’art n’a de cesse d’augmenter
ces beautés à mesure que le peintre opte pour un découpage, une
scission, un acte délibéré de remettre à zéro l’art de
montrer. Montrer ce qui est caché, la féminité et son corollaire
d’impossibles actions quand à la pénétration d’une peinture
dans la pensée moins pour la secouer ou la dupliquer, ou encore
l’influencer au titre d’une avancée sur la reconnaissance, un
îlot de pureté où tout être digne de ce nom veut s’engouffrer !
Non, cette peinture dont la beauté n’a d’égale qu’un certain
Monet aurait trouvé illégale ; non cet acte minimum de la
peinture d’extérieur ne se remarque qu’à la condition sine qua
none qu’une dépense traverse ces formats pour rendre compte de
l’art qui pose cette question : pourquoi la dépense de toute
subjectivité vient opérer une distance avec le centre que la
peinture est ?
Thierry
Texedre, le 19 décembre 2018.
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