Avant
la déconstruction du corps né
1
Passage
… Sur
l'essence inaudible du corps imposteur, l'espace semble rivé au
risque impuissant de naître. Devant cette cessation de la vie, vient
la résurrection, au plus haut point de négation du corps nu. Que la
chair soit ainsi nue, pour risquer l'infraction de la vie. Quelle
nauséabonde impuissance de la vie face au désir inopiné de ce
corps fatidique depuis l'horizontale vérité de la vie, avant cette
renversante complexité de la verticalité, du redressement de la
pensée, pour sa mise en mémoire de ce grand bouleversement, passage
de l'utérin à la surface gangrenée de la respiration, cœur
apostolique ultérieur. Combien de gnoses pour faire et défaire
cette inappropriée de germination, dans l'implacable conspiration de
la chair et de l'os ? Voir en contamination des paroles
imputrescibles de la langue, pour en retirer l'impuissance inespérée
du désir meurtrier de jouir ; comme si le corps marmonnait dans
son intime conviction, l'impossible mort de l'être - tant et tant
découpé par les peintres - pour sortir de ce nœud indécent la
virile opulence de la chair comme maltraitance infinie de la
cogitation illégale du corps. Le corps somme la chair de retourner
la peau pour voir, et penser vrai, penser l'origine de ce corps
entrai de fuir vers sa propre fin...
2 Conséquences
… Consécutivement,
l'irruption de la vie et de la pensée vont entériner ce qu'aucune
vie n'aura encore créé. Jour inanimé de ce dernier temps de la
vie, vie qui n'a de présence, ni dans l'esprit qui se doit
d'imaginer un corps faramineux, ni dans l'au-delà créé pour ne pas
jouir de la mort ; là est le mystère qu'un corps éteint se
voit raviver dans l'appel que cette résurrection a faite tomber sur
les vivants comme chair de la chair ; les voix éteintes du
corps martyrisé se réveillent dans la chair ressuscitée. Chair
dont la présence n'a de sens qu'à être, naissance comme pensée
imminente de la mort commémorée. Depuis quel atome, le corps
naît-il depuis sa conception, par l'improvisation de la mort d'un
autre corps ? Le temps, ourlet déplié de l'aire, de l'espace
de l'esprit, se contracte sous l'empressement de l'esprit à croire
sa propre inexistence dans l'au-delà : sa somme serait cette
compilation des corps dans l'irrésolution de l'éternité.
Commémoration de la vie sous quelle impulsion de la fin qui
neutraliserait toute dégradation du corps dans son pourrissement. La
disparition d'un être cher serait ce sas dans lequel tout corps qui
se délite marquerait la fin d'une renversante fusion entre l'âme et
la chair comme drame insoutenable de la rencontre entre la naissance
et la décomposition, une petite mort cellulaire qui sonne déjà au
levant de l'apparition, de la sortie du fœtus du ventre de la mère.
Penser serait lié à ce passage comme risque de survie d'une couche
exposée au ventre déchiré de l'exhortation de la vie par la chair
plongée dans l'inapproprié et l'impossible verbalisation de cette
douleur qui enfantera, pour mettre en forme la vie extra-utérine...
3
Connaissance
… Temps
pressé, temps oppressé, sur la surdité de ce vol téméraire qui
vient gloser avec les franchissements du temps en sens, sens de ce
corps calamiteux. Chose de l'altérité du corps suspendu au cours
des choses, musique que la vie impose au risque d'altérité de la
chair. Temps de l'empressement des variations que la chair inocule à
cette impossible pensée depuis l'astre d'or qui feinte avec ces
couleurs édulcorées dans ce sas terrestre. Injonction de la candeur
des voix devant l'appel de la langue inviolée depuis l'origine
épique de la vie qui pense. Clac et clameurs de ces ondes
inaccoutumées la face cachée et les pieds liés sur la route du
corps martyrisé. Sauts dans l'allongement occipital interminable des
lettres et de ses lectures, pour peu que l'image subsiste, vers cette
imminente caresse de la peau, versatile langue qui teinte aux yeux de
la chair impassible ; maîtresse insoupçonnée de ce divin
retour de la foi en imprédictibles ostentations de l'exquise vie
lancée comme le vitriole sur la peau nue. Quelle reconnaissance ce
corps a-t-il devant l'insurrection qui opposent l'art et la vie,
sinon celle de l'imputrescible lit de la matière qui s'oppose à
l'engendrement du désir meurtrier d'entrer dans l'opposition à la
mort par la grande porte du destin foudroyé par la chair, ici,
chaloupant d'un mort à une vie, d'une naissance à une connaissance
insoumise au risque d'une renaissance. Le temps va vriller et se
tordre jusqu'au renflement qui tient lieu de suintement de coulée de
ces couleurs qui montent au cœur de la grandeur du corps mourant de
ses actes ; l’œil en action se met à générer les couleurs
du tempo qui dépasse le temps tuméfié et découpé par les affres
de l'ouvert/fermé qui sied au corps livré à cette intériorité
qui somme les gênes d'accélérer la mort. Doute et empressement
sont bien là pour faire ruisseler le temps sur la peau, dans un seul
but : écarter les jambes du corps pour laisser sortir ce qui le
pense. Éclatement en bombardements et en ivresse d'ouvrir ce corps
pour l'empaler sur la langue sur la surdité de la chair à toute
fracturation, le corps est entier et meurt entier malmené par la
décapitation que le verbe ose sur sa descendance. Descendre du corps
est ce ras de marée qui va prendre en écharpe la vie pour
l'annoncer, l'attraper en vol, la tenir comme source de vie que
l'imaginaire intrusif vient sculpter et faire jouer depuis la
passion, pour faire connaissance avec un autre corps compulsé...
Thierry
Texedre, le 23 janvier 2015.
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