jeudi 12 janvier 2012

Duo






Sur les traces du sacerdoce, coup du sort, le ridicule ne tue plus. On est en pleine réverbération du dire. S'il tourne rond, ne s'use-t-il pas à céder le pas à l'image intemporelle? Une image qui n'est encore image qu'à se relier au dire par on ne sait quelle confirmation du véridique? Pauvre humanité qui touche au plus agressif, le cri ininterrompu de cet être rebondi, rendu à sa chair par la seule intransigeance de ce vrai ininterrompu. On croirait une pièce, théâtralement inventée pour rompre avec ce silence du temps. Le temps n'est pas cette alternative à l'image qui nous dévore, en silence, mais bien ce grand silence impossible à soutenir, l'être ne se supporte que de parler cette absence de déroulement de la reconnaissance vocale comme signes transverbaux de la signifiance linguistique. Toucher le corps dans son temps réel, revient à parler l'absence d'image, la visite du corps dont on reconnaîtra la mesure, la ligne génétique chez un Jackson Pollock. Quel juste retour chez ce peintre pour annoncer l'impossible image chez l'homme, sauf à brouiller les cartes dans une tentative de rencontrer ce corps sourd chez la femme? Femme peintre? La musique ne s'en remettrait pas si ce corps féminin en finissait avec l'accouchement? L'image qui en résulte n'a de pouvoir sur la parole qu'à la mettre en gestation, entre-guillemets de l'image qui s'autorise à dire ce qu'une musicalité seule parvient à rendre ce double corps-musique indéfectible, et le lieu d'une reproduction sans laquelle aucune diction n'aurait à renouveler sa corporéité. Le dire insondable du vrai aurait lieu dans une transmutation de l'immanence du corps, et de cette parole comme hémisphère du corps d'écoute, d'un corps sous l'emprise de le penser. L'origine de ce corps n'est en rien ce corps pensant tant révélé dans les années soixante-dix, mais une charge-addiction interne au corps, qui sous une impulsion externe va penser le corps. Une dynamique qui vaut pour la musique, qui n'est image qu'à la jouer. On touche au mystère de l'écrit qui n'est là qu'à la condition que cette image lui colle à la peau. Pourtant bien des écrivains se sont essayé à divers jeux de la lettre, pour essayer de sortir l'image de ce sas irrespirable dans lequel se risque le corps. Maux, violence, sexe, folie, respiration qui s'offusque de l'impossible dire face à cette fracassante image mise en demeure, tronquée, traversée, sans nom, le meurtre serait donc permanent? La peinture est dans sa ténébreuse vérité pour éjecter ce dire de l'image, rendre au corps ce qui du dire n'est plus audible par la musique.




Thierry Texedre, le 12 janvier 2012.



Aucun commentaire: